ANALYSE 
Accès alternatifs : les initiatives territoriales, second souffle des infrastructures télécoms
Les technologies d'accès alternatifs au haut débit se développent sous l'impulsion des collectivités territoriales. Sur fond de réduction de la fracture numérique, la fibre optique creuse l'écart.   (07/09/2004)
  En savoir plus
Annuaire  Haut débit en régions
Dossier Collectivités locales
  Le site
Tactis.fr
Ortel.fr
La fracture numérique française est en bonne voie de guérison. Au chevet du malade, l'Ortel (Observatoire Régional des Télécommunications) indique fin août que le taux de couverture de la population éligible à un service de connexion permanente à Internet (DSL, BLR ou câble, haut ou bas débit) est passé de 62 % fin 2002 à 75 % fin 2003 sur près des trois-quarts du territoire bâti, soit 8,1 millions de Français raccordés en un an. Même avis favorable du côté de l'ART. En six mois, le nombre d'abonnés ADSL a grimpé, selon l'autorité de régulation, de 1,3 million fin 2002 à 3,9 millions en juillet 2004. Une ombre au tableau subsiste toutefois puisque six départements présentent encore une couverture ADSL inférieure à 40 %.

Répartition des taux de couverture de la population en ADSL par France Télécom
Taux de couverture
(en % du territoire)
Nombre de départements
90 % et plus
10
De 75 % à 89 %
22
De 60 % à 74 %
33
De 40 % à 59 %
29
Moins de 40 %
6
(Creuse, Cantal, Lozère, Lot, Alpes de Haute Provence, Guyane)
Source : ORTEL, août 2003

Certes, le retard se rattrape vite, puisqu'ils étaient encore 28 départements dans ce cas fin 2002. Cependant, pour les élus, les entreprises et les habitants, une année sans haut débit représente désormais une trop longue durée. Ce d'autant plus que le temps de se raccorder à l'offre de base, de nouveaux services très haut débit se développent dans les grands centres urbains. Aussi, afin de combler leur retard, certaines collectivités locales n'hésitent pas à développer leurs propres réseaux haut débit en utilisant des technologies alternatives.

Résultat, à l'heure actuelle, seuls dix départements ne mènent aucun programme d'infrastructure haut débit. Quant à l'ORTEL, il dénombre une centaine d'initiatives publiques locales concernant des infrastructures haut débit, quel que soit le stade d'avancement des projets.

"Les opérateurs privés ont une capacité d'investissement qui s'est énormément réduite, avec des modèles de rentabilité à cinq ans, observe Stéphane Lelux, directeur du cabinet de conseil Tactis, spécialisé dans les télécommunications et les TIC appliquées au développement des territoires. . Dans ces conditions, soit ils vivent de leurs rentes et misent sur le dégroupage, soit ils investissent parce qu'ils ont détecté un marché de niche très rentable, soit ils mutualisent leurs investissements."

L'engagement financier des opérateurs et leur rôle prend alors différentes formes. Ils peuvent intervenir dans le financement de nouveaux réseaux, mais aussi investir dans le cadre de délégations de service public sous forme de concession avec une part majoritaire d'investissement privé, ou sous forme d'affermage avec une part majoritaire d'investissement public. Enfin, ils peuvent également n'être qu'exploitant pour le compte d'une collectivité.

"In fine, ce sont les investissements publics qui constituent le relais de croissance face au ralentissement des investissement privés depuis trois-quatre ans, explique Stéphane Lelux. Entre 1996 et 2001, 45.000 à 50.000 kilomètres de réseau filaire ont été déployés par des opérateurs privés. Depuis, moins de 2.000 kilomètres ont été déployés. Quant à France Télécom, il affirme avoir déployé autant que ses concurrents entre 1996 et 2003. Pour les trois à cinq prochaines années, l'investissement public pourrait égaler l'investissement privé réalisé entre 1996 et 2001."

"La fibre optique va remplacer le cuivre"
De nouveaux déploiements qui selon Stéphane Lelux favorisent la fibre optique. "Les grandes masses sont sur la fibre optique, déclare-t-il. C'est la technologie la plus pérenne, la plus structurante et la plus compatible avec la volonté d'ouverture à la concurrence. La fibre est le moyen de transport universel des trente années à venir, et va progressivement remplacer le cuivre." L'étude ORTEL 2003 estime d'ailleurs le cumul des projets d'infrastructures en fibre optique d'initiatives publiques à environ 4.000 km de câbles fin 2003, soit près de 10 % des réseaux déployés par les nouveaux opérateurs depuis 1996.

Une technologie qui a également la faveur des municipalités puisque les collectivités qui optent pour la construction d'un nouveau réseau de desserte ont majoritairement recours à la fibre optique. Toutefois, lorsque les infrastructures filaires ne suffisent pas ou que le déploiement de la fibre optique n'est pas envisageable pour des questions de rentabilité, les collectivités territoriales n'ont souvent plus d'autres choix que de recourir à d'autres technologies alternatives.

Si celles-ci utilisent des réseaux existants, hors cuivre et câble, elles peuvent se tourner vers le CPL. Moins chère que la fibre, cette technologie ne nécessite en effet que quelques adaptations du réseau électrique. "La technologie CPL est relativement mûre, analyse Stéphane Lelux. Elle pourrait être un outsider, tant que les répartiteurs de France Télécom ne sont pas ouverts à la fibre optique." Prudent, il enchaîne toutefois aussitôt. "Mais pour l'instant, le prix de revient du modem est encore trop élevé pour une demande incertaine. Tant qu'EDF ne se décidera pas à amorcer la pompe, le CPL se fera grignoter par le DSL sur la boucle locale, et par le Wi-FI sur les réseaux privés. Par ailleurs, avec l'arrivée du Wimax, le CPL risque de prendre du retard."

  En savoir plus
Annuaire  Haut débit en régions
Dossier Collectivités locales
  Le site
Tactis.fr
Ortel.fr
Quant aux autres solutions d'accès haut débit, satellite, Wi-Fi, Wimax, BLR, ce sont toutes des technologies de type radio. Mais alors que le Wimax relance les fréquences ouvertes par la BLR et semble promis à un bel avenir, appuyé par des équipementiers comme Intel, le Wi-Fi se heurte à des problèmes de limitation de puissance et de qualité de réception. Quant au satellite, il est utilisé en combinaison avec le Wi-Fi ou le CPL, mais uniquement pour raccorder des entreprises, étant donné un coût élevé.

Les autres volets de l'enquête
Les expérimentations Wi-Fi et satellite se multiplient (31/08/2004)
Castres-Mazamet, précurseur de la fibre optique (01/09/2004)
La Vallée d'Aspe expérimente le CPL (02/09/2004)
Le Pays des Vals de Saintonge mise sur le WiMAX (03/09/2004)
Essai non transformé pour la BLR à Felletin (06/09/2004)
Raphaële KARAYAN, JDN
 
Accueil | Haut de page
 
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International