Va-t-on bientôt assister au décollage de la technologie des
courants
porteurs en ligne (CPL) ? C'est un scénario plus que probable,
selon le cabinet Scholè Marketing qui vient de publier une
étude sur les perspectives des nouveaux services sur le réseau
électrique. A partir d'une analyse d'éléments observables (expérimentations
locales menées à l'étranger, progrès techniques
) et de tendances
(libéralisation du marché de l'électricité, évolution de la
législation applicable aux télécoms
), le cabinet prédit au
CPL un destin complémentaire à celui de l'ADSL, sans toutefois
se hasarder à des prévisions chiffrées.
La question des opportunités de croissance du CPL a également
été abordée par l'Idate, qui a publié une
étude sur ce thème au deuxième trimestre. Le sujet a
de quoi attirer l'attention. La technologie, auréolée de
mystère par EDF, qui distille ses expérimentations sans communiquer,
se développe lentement mais sûrement sur le marché du réseau
local (indoor), mais brille par son absence parmi les offres
commerciales d'accès Internet (outdoor). "Le CPL a nourri bien
des espoirs, qui ont été déçus par les premières expérimentations",
explique Nicolas Amestoy, directeur et fondateur de Scholè.
La situation a toutefois toutes les raisons de changer,
d'après lui. "Le CPL outdoor a échoué car la capacité des puces
que l'on place au niveau des transformateurs basse tension,
était insuffisante. Aujourd'hui, les équipementiers lancent
de nouvelles puces, comme celle de DS2 qui permet un débit théorique
de 200 Mb/s."
Pour comprendre l'importance de la capacité des
puces, il faut savoir que le CPL présente l'avantage d'offrir
un débit symétrique, mais l'inconvénient d'un débit partagé
entre les usagers reliés au même transformateur. Sachant qu'en
Europe, le nombre moyen d'usagers desservis par un transformateur
se situe entre 150 et 300 (contre 7 aux Etats-Unis), et qu'il
faut diviser le débit théorique par deux environ pour obtenir
le débit réel, la compétitivité du CPL pour une utilisation
de services haut débit dépend largement de sa marge de progression
technique.
226
euros par ligne pour le CPL, 150 euros pour l'ADSL |
Si le CPL relève le challenge technique, il possède de nombreux
arguments pour se hisser au rang de technologie alternative
sérieuse. "La technologie arrive à maturité, le prix des équipements
va baisser, et le dynamisme de l'Asie et des Etats-Unis en matière
d'expérimentations CPL va accélérer son déploiement", annonce
Nicolas Amestoy. D'après l'expérience de la ville de Manassas,
près de Washington, le coût de raccordement à un réseau CPL
s'élèverait à 226 euros par ligne, contre 150 euros par ligne
pour l'ADSL. Pour le client, le coût de l'abonnement est comparable
à celui de l'ADSL. En revanche, en termes de services, il n'existe
pas encore d'offre CPL "triple play" (Internet / télévision / téléphonie), mais uniquement des forfaits
combinant Internet et téléphonie.
Le potentiel du CPL, en termes d'opportunités de marché, a également
de quoi séduire. Outre les zones rurales non couvertes par l'ADSL
qui représenteraient un marché de 14,4 millions de personnes
en France, plusieurs marchés de niche sont identifiés. Notamment,
entre 10 et 15 % de la population résidant en zone urbaine, en l'occurrence les usagers situés loin des répartiteurs, serait
une cible potentielle du CPL .
Derniers éléments favorables au déploiement du CPL, dans l'Hexagone,
la politique actuelle d'aménagement du territoire et le fait
que les collectivités sont propriétaires du réseau basse et
moyenne tension (dont la maintenance est cependant assurée par
EDF). Pour résumer, le marché n'attend que le signal d'EDF pour
se développer. "EDF ne bouge pas parce que son principe de spécialité
lui interdit de proposer des services de télécommunications,
commente Nicolas Amestoy. Mais ce principe devrait sauter au
plus tard en 2007, avec la généralisation de la concurrence."
La grande inconnue reste la résolution du dilemme qui consisterait
à opposer frontalement EDF et France Télécom.
Pour Nicolas Amestoy, l'étude montre que le CPL est bien positionné
pour compléter l'ADSL ou la fibre optique dans les prochaines
années. "A mon sens, le démarrage de la visibilité du CPL est
pour 2005", conclue-t-il. |