Alors que le surf à haut débit a explosé
cette année, la vague du "très haut débit"
débarque en France, sous le nom générique
d'ADSL 2+. Cette nouvelle génération de l'ADSL,
qui dope les débits jusqu'à 25 Mbits/s, est présentée
comme l'enjeu de l'année 2005 pour les FAI. Elle est
en tout cas déjà l'objet d'un duel entre Free
et France Télécom. Pourtant, rien n'est moins
sûr que le succès immédiat de l'ADSL 2+.
Comme à son habitude, c'est Free qui a dégainé
le premier. Chez le FAI du groupe Iliad, l'ADSL 2+ est activé
depuis hier, mercredi 20 octobre, quelques jours à peine
après que le comité d'experts de l'Autorité
de régulation des télécommunications (ART)
a donné son accord au lancement commercial de cette technologie.
Free évoque un accès Internet de 15 Mbits/s en
réception et de 1Mbit/s en émission, et ce au
même prix que l'offre haut débit de 8 Mbits/s,
soit 29,90 euros par mois.
Le basculement de l'ADSL classique à l'ADSL
2+ implique la mise à jour des équipements et la mise à
niveau des noeuds de raccordement DSLAM. C'est pourquoi Free
se concentre dans l'immédiat sur certaines agglomérations
(Paris et Ile de France, Strasbourg, Mulhouse, Colmar, Lyon
et sa région, Nice, Marseille, Reims, Metz, Orléans et Nantes).
Le FAI espère étendre la couverture du réseau ADSL 2+ à l'ensemble
de ses zones dégroupées, soit plus de 1.000 communes, d'ici
trois à six semaines.
Pour le coup d'envoi de sa nouvelle offre, Free a bénéficié
d'un parrain de renom : Patrick Devedjian, le ministre
délégué à l'Industrie, en visite
dans les locaux de l'opérateur. Par peur de se faire
voler la vedette, France Télécom a aussitôt répliqué
en annonçant l'introduction prochaine du très haut débit pour
ses abonnés jusqu'à un débit de 18 Mbit/s en réception et de
1Mbit/s en émission. Pour l'instant, l'opérateur historique
garde confidentiel le prix de vente de cette nouvelle offre.
Une réponse au tac au tac à son rival, même
si l'opérateur historique affirme que "le lancement
de l'ADSL 2+ est un événement parfaitement planifié depuis le
3 septembre dernier". Mais contrairement à Free,
l'offre ADSL 2+ de France Télécom ne sera disponible
qu'à partir du 1er décembre, et uniquement sur la ville
de Paris. "Nous nous engageons à offrir le très haut débit
à tous les Français avant la fin du premier trimestre 2005",
a rassuré Didier Lombard, directeur exécutif de France
Télécom, lors d'une conférence de presse.
La
Freebox V4 et la Livebox, indispensables à l'ADSL
2+ |
A tous les Français ? Rien n'est moins sûr.
L'accès à cet ADSL débridé est soumis
à conditions : il faut être à moins
de deux kilomètres du répartiteur pour bénéficier
du débit maximal promis, que ce soit du 15 ou du 18 Mbits/s.
Dans la pratique, le signal ADSL 2+ subit, comme son précédesseur,
un affaiblissement proportionnel à la distance parcourue
depuis le commutateur téléphonique équipé.
D'autre part, le nombre d'abonnés potentiels à
l'ADSL 2+, que ce soit auprès de Free ou de France Télécom,
reste limité. Car l'utilisateur devra disposer d'un modem
compatible avec cette technologie. C'est le cas de la Livebox
de France Télécom, commercialisée seulement
depuis juillet dernier. Même si l'opérateur historique
affirme que son modem connaît un énorme succès,
de l'ordre de 2.000 ventes par jour, les anciens modems USB
et Ethernet constituent encore la majorité des équipements
des clients de France Télécom. Et ces modems ne
sont pas compatibles avec la norme ADSL 2+.
Même scénario pour les abonnés de Free,
qui doivent nécessairement disposer de la Freebox version
4, distribuée depuis à peine deux mois, pour bénéficier
du très haut débit. "Nous allons proposer
une offre d'échange des Freebox anciennes générations
et des modems Sagem vers le tout dernier modèle d'ici le printemps
2005", rassure Mickaël Boukobza, directeur général
de Free. Il est probable que la stratégie du FAI soit
identique à celle utilisée dans le cadre de l'échange Sagem-Freebox,
à savoir que Free exigerait des abonnés une contribution financière.
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