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Chantiers Internet public : les Espaces numériques de travail s'installent à l'école
Les ENT sont des bureaux virtuels qui proposent de multiples services en ligne aux élèves, parents et enseignants. Seize académies testent le concept dont la généralisation nationale démarrera en 2007.   (21/10/2004)
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Espaces numériques des savoirs

Les infrastructures haut débit sont en plein déploiement, l'équipement informatique en milieu scolaire progresse, et les contenus se diffusent grâce aux Espaces Numériques des Savoirs. Restait le chaînon manquant, celui des services. C'est sur ce créneau que s'installe le projet des Espaces Numériques de Travail (ENT) lancé en 2003 par l'Education Nationale. Les ENT, ou bureaux virtuels, sont des portails Web offrant un point d'accès unifié à un ensemble d'outils et de ressources dédiées aux enseignants et aux élèves, mais aussi aux parents et aux autres intervenants du monde de l'éducation.

"Les ENT sont l'extension de l'établissement scolaire sur les réseaux, explique Nicolas Chung, chef de projet sur les ENT au ministère de l'Education Nationale, à la sous-direction des TIC pour l'éducation. Il fédèrent l'accès à des services de communication et de collaboration : agenda, signets, espaces de stockage, ressources numériques produites par les enseignants et des éditeurs publics ou privés, informations sur la scolarité comme les notes et les absences, carnet de correspondance virtuel, etc."

A terme, ces portails doivent permettre aux enseignants et aux élèves, qui travaillent beaucoup à domicile, de garder le contact avec leur établissement. L'usage devrait être favorisé par le taux d'équipement de la cible. "Les enseignants forment une des CSP les mieux équipées, et les familles comportant des enfants en âge d'aller au collège sont deux fois plus équipées que la moyenne en Aquitaine, par exemple."

Depuis le premier appel à projets en 2003, doté d'un budget initial de 30 millions d'euros, seize académies ont mené des expérimentations pilotes de mise en place des ENT. Parmi elles figurent notamment l'établissement scolaire virtuel de l'académie de Strasbourg, le cartable électronique de Savoie, et le projet Argos à Bordeaux.

  ENT : le calendrier
2001 : Premier projet de "cartable électronique"
2003 : Le gouvernement annonce un train de mesures consacrées au développement des TIC appliquées à l'enseignement. L'appel à projets sur les ENT est lancé.
2004 : Seize académies disposent d'opérations pilotes sur les ENT.
Rentrée 2005 : Toutes les académies doivent être prêtes à lancer la phase d'étude sur les ENT.
2007-2008 : Phase de généralisation des ENT et fin des opérations pilotes. L'objectif est de déployer les ENT dans 80 % des établissements, 50 % au minimum.
2010-2011 : L'objectif est de déployer les ENT dans 100 % des établissements.
 
  ENT : les budgets
Appel à projet volet 1 : 30 M€ sur trois ans (50 % Etat et 50 % collectivités), valorisation des RH comprise.
Appel à projet volet 2 : Financement de 30 à 50 % des études amont.
 

"Les premiers retours sont plutôt positifs sur les aspects vie scolaire et collaboration, indique Nicolas Chung. Les parents et les professeurs ont accepté l'outil, ils en sont contents. 40 % des parents se sont connectés, et nous avons constaté une baisse assez importante de l'absentéisme léger, ce qui permet au conseiller principal d'éducation de dégager du temps pour les cas les plus difficiles. L'absentéisme des parents dans les réunions parents-professeurs a lui aussi reculé de 20 %. L'impact pédagogique est le moins évident à mesurer, car il faut beaucoup plus de temps pour obtenir des résultats."

Compte tenu de ces premières opérations pilotes, les principaux défis à relever pour réussir à déployer les ENT sur tout le territoire sont, selon Nicolas Chung, l'interopérabilité et les aspects organisationnels. Concernant l'interopérabilité, le ministère a planché sur un cahier des charges type de "socle ENT". Ce cahier des charges technique est à l'usage des porteurs de projet dans les établissements. Il est destiné à homogénéiser les solutions. "Ce besoin d'interopérabilité est d'autant plus important que nous ne voulons pas dépendre d'un seul fournisseur", insiste Nicolas Chung.

Concernant les aspects organisationnels, l'objectif est de trouver les moyens de généraliser les ENT sans que le coût humain ne devienne exorbitant. Pour ce faire, l'organisation retenue s'apparente au millefeuille. Au niveau du rectorat, le correspondant ENT est le conseiller TIC. Au niveau des régions et des départements, ce sont les chargés de mission TIC qui prennent le relais. La maintenance et les appels d'offres sont centralisés au niveau des rectorats, des régions et des académies. Le chef d'établissement gère quant à lui le projet, choisit les services qu'il souhaite intégrer à l'ENT, et personnalise son portail avec une grande autonomie.

Au niveau du ministère, la cellule de coordination, dirigée par Nicolas Chung et composée de trois collaborateurs permanents, dispose d'un rôle de cadrage. Elle s'assure de la présence de certains services de base dans les ENT déployés, vérifie le niveau d'interopérabilité, et met en commun les bonnes idées. Cette cellule nationale réunit tous les deux mois les porteurs de projet pour qu'ils échangent des informations et mutualisent les études. En engageant le dialogue, elle tente également de désamorcer les inquiétudes, qui sont souvent celles des professeurs : peur d'être "fliqués" par les parents, les collègues ou le chef d'établissement, peur de devoir répondre aux mails le week-end, craintes relatives à la sécurité des échanges, etc.

Une fois désamorcées les réticences humaines, restent les inquiétudes financières. Comment rentabiliser un tel investissement, pour des résultats pédagogiques qui restent à démontrer ? Nicolas Chung se montre tout à la fois lucide et pragmatique sur la question. "Il est vrai que les ENT coûtent cher. En même temps, faciliter la communication et la collaboration est une demande de plus en plus forte, à laquelle on doit répondre car le travail en équipe prend de l'ampleur. Par ailleurs, d'ici à cinq ans, 85 % des emplois vont demander une maîtrise des TIC. Nous avons le devoir d'apprendre aux élèves à se servir de ces outils. On pense que les ENT vont coûter entre 10 et 20 euros par élève et par an. Il faut mettre cela en rapport avec les 30 à 140 euros par élève et par an dépensés par les régions pour les manuels, et les 3.000 à 4.000 euros que coûtent un élève au total chaque année."

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Nicolas Chung ajoute à la démonstration les économies attendues au travers de l'usage des ENT, en termes de papier, de timbres, de photocopies et de temps de travail, même s'il souligne que le ministère "n'est pas dans une logique stricte d'économies". "On doit pouvoir récupérer une partie de l'investissement grâce à une circulation moins coûteuse de l'information, des gains de temps et la rentabilisation des investissements informatiques. Le reste correspondra à une progression de la qualité de service." Pour s'en rendre compte, il faudra attendre 2007, date à laquelle les ENT seront généralisés sur tout le territoire.
Raphaële KARAYAN, JDN
 
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