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Les infrastructures haut débit sont en plein déploiement,
l'équipement informatique en milieu scolaire progresse,
et les contenus se diffusent grâce aux Espaces Numériques
des Savoirs. Restait le chaînon manquant, celui des
services. C'est sur ce créneau que s'installe le projet des
Espaces Numériques de Travail (ENT) lancé en 2003 par l'Education Nationale. Les ENT, ou bureaux
virtuels, sont des portails Web offrant un point d'accès
unifié à un ensemble d'outils et de ressources dédiées
aux enseignants et aux élèves, mais aussi aux parents
et aux autres intervenants du monde de l'éducation.
"Les ENT sont l'extension de l'établissement scolaire
sur les réseaux, explique Nicolas Chung, chef de projet
sur les ENT au ministère de l'Education Nationale, à
la sous-direction des TIC pour l'éducation. Il fédèrent
l'accès à des services de communication et de collaboration
: agenda, signets, espaces de stockage, ressources numériques
produites par les enseignants et des éditeurs publics
ou privés, informations sur la scolarité comme les notes
et les absences, carnet de correspondance virtuel, etc."
A terme, ces portails doivent permettre aux enseignants et aux élèves, qui
travaillent beaucoup à domicile, de garder le contact avec
leur établissement. L'usage devrait être favorisé par le
taux d'équipement de la cible. "Les enseignants forment
une des CSP les mieux équipées, et les familles comportant
des enfants en âge d'aller au collège sont deux fois plus
équipées que la moyenne en Aquitaine, par exemple."
Depuis le premier appel à projets en 2003, doté d'un budget initial de 30 millions d'euros, seize académies
ont mené des expérimentations pilotes de mise en place
des ENT. Parmi elles figurent notamment l'établissement
scolaire virtuel de l'académie de Strasbourg, le
cartable
électronique de Savoie, et le projet
Argos à Bordeaux.
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ENT : le calendrier
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2001 : Premier projet de "cartable
électronique" |
2003 :
Le gouvernement annonce un train de mesures consacrées au
développement des TIC appliquées à l'enseignement. L'appel à projets sur les ENT est lancé.
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2004
: Seize académies disposent d'opérations pilotes sur les ENT. |
Rentrée 2005 :
Toutes les académies doivent être prêtes à
lancer la phase d'étude sur les ENT. |
2007-2008 :
Phase de généralisation des ENT et fin des opérations
pilotes. L'objectif est de déployer les ENT dans
80 % des établissements, 50 % au minimum. |
2010-2011 :
L'objectif est de déployer les ENT dans 100
% des établissements. |
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ENT : les budgets |
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Appel à projet volet
1 : 30 M sur trois ans (50 % Etat et 50 %
collectivités), valorisation des RH comprise.
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Appel à projet volet
2 : Financement de 30 à 50 % des études
amont. |
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"Les premiers retours sont plutôt positifs sur les
aspects vie scolaire et collaboration, indique Nicolas
Chung. Les parents et les professeurs ont accepté l'outil,
ils en sont contents. 40 % des parents se sont connectés,
et nous avons constaté une baisse assez importante de l'absentéisme
léger, ce qui permet au conseiller principal d'éducation
de dégager du temps pour les cas les plus difficiles.
L'absentéisme des parents dans les réunions parents-professeurs
a lui aussi reculé de 20 %. L'impact pédagogique est
le moins évident à mesurer, car il faut beaucoup plus de temps
pour obtenir des résultats."
Compte tenu de ces premières opérations pilotes, les principaux
défis à relever pour réussir à déployer les ENT sur
tout le territoire sont, selon Nicolas Chung, l'interopérabilité
et les aspects organisationnels. Concernant l'interopérabilité,
le ministère a planché sur un cahier des charges type
de "socle ENT". Ce cahier des charges technique est à l'usage
des porteurs de projet dans les établissements. Il est destiné
à homogénéiser les solutions. "Ce besoin d'interopérabilité
est d'autant plus important que nous ne voulons pas
dépendre d'un seul fournisseur", insiste Nicolas Chung.
Concernant les aspects organisationnels, l'objectif est
de trouver les moyens de généraliser les ENT sans que
le coût humain ne devienne exorbitant. Pour ce faire, l'organisation retenue s'apparente au millefeuille. Au niveau du rectorat, le
correspondant ENT est le conseiller TIC. Au niveau des régions
et des départements, ce sont les chargés de mission
TIC qui prennent le relais. La maintenance et les appels d'offres sont centralisés
au niveau des rectorats, des régions et des académies.
Le chef d'établissement gère quant à lui le projet, choisit les
services qu'il souhaite intégrer à l'ENT, et personnalise
son portail avec une grande autonomie.
Au niveau du ministère, la cellule de coordination,
dirigée par Nicolas Chung et composée de trois collaborateurs
permanents, dispose d'un rôle de cadrage. Elle s'assure de la
présence de certains services de base dans les ENT déployés, vérifie le niveau
d'interopérabilité, et met en commun les bonnes idées.
Cette cellule nationale réunit tous les deux mois les porteurs de projet
pour qu'ils échangent des informations et mutualisent
les études. En engageant le dialogue, elle tente également
de désamorcer les inquiétudes, qui sont souvent celles
des professeurs : peur d'être "fliqués" par les parents,
les collègues ou le chef d'établissement, peur de devoir
répondre aux mails le week-end, craintes relatives à
la sécurité des échanges, etc.
Une fois désamorcées les réticences humaines, restent
les inquiétudes financières. Comment rentabiliser un
tel investissement, pour des résultats pédagogiques
qui restent à démontrer ? Nicolas Chung se montre tout
à la fois lucide et pragmatique sur la question. "Il
est vrai que les ENT coûtent cher. En même temps, faciliter
la communication et la collaboration est une demande
de plus en plus forte, à laquelle on doit répondre car
le travail en équipe prend de l'ampleur. Par ailleurs,
d'ici à cinq ans, 85 % des emplois vont demander une maîtrise
des TIC. Nous avons le devoir d'apprendre aux élèves
à se servir de ces outils. On pense que les ENT vont
coûter entre 10 et 20 euros par élève et par an. Il
faut mettre cela en rapport avec les 30 à 140 euros
par élève et par an dépensés par les régions pour les
manuels, et les 3.000 à 4.000 euros que coûtent un élève
au total chaque année."
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Nicolas Chung ajoute à la démonstration les économies
attendues au travers de l'usage des ENT, en termes de
papier, de timbres, de photocopies et de temps de travail,
même s'il souligne que le ministère "n'est pas dans une
logique stricte d'économies". "On doit pouvoir récupérer
une partie de l'investissement grâce à une circulation
moins coûteuse de l'information, des gains de temps et
la rentabilisation des investissements informatiques.
Le reste correspondra à une progression de la qualité
de service." Pour s'en rendre compte, il faudra attendre
2007, date à laquelle les ENT seront généralisés sur tout le territoire. |