(Article modifié le 10/11/2004 à 17h10) Egalité entre Voyages-sncf.com et Lasminute France. Le Conseil de la concurrence, premier arbitre de la bataille juridique qui oppose ces deux acteurs de l'e-tourisme, a rejeté jeudi dernier, le 4 novembre, la demande de mesures conservatoires à l'encontre de la filiale Internet de la SNCF. La haute autorité estime néanmoins que les accusations portées par Lastminute méritent de poursuivre la procédure sur le fond.
Depuis quelques mois déjà, le torchon brûle entre Voyages-sncf.com et Lastminute. Le 21 juin dernier, la filiale du voyagiste en ligne britannique a déposé plainte auprès du Conseil de la concurrence contre le numéro un français de l'e-tourisme. Son principal grief : Voyages-sncf abuse de la position dominante de l'opérateur public sur le secteur ferroviaire et en fait profiter Expedia, son partenaire commercial et financier.
Lastminute affirme par ailleurs que la SNCF utilise des "pratiques anticoncurrentielles discriminatoires" pour favoriser sa filiale Internet, en lui reversant des commissions sur vente supérieures à celles des autres agences en ligne ou en empêchant ces dernières d'inclure les prix les plus intéressants du train dans des prestations complètes. La liste des griefs ne s'arrête pas là : le dossier déposé par Lastminute auprès du Conseil de la concurrence fait plus d'une centaine de pages.
Depuis les premiers coups - médiatiques - portés par Lastminute France, Voyages-sncf.com est resté silencieux sur l'affaire, sans doute pour mieux préparer sa contre-attaque. Au lendemain de la décision du Conseil de la concurrence, l'agence en ligne de la SNCF a finalement réuni son son état-major afin d'arrêter une position sur les allégations portées par Lastminute, qualifiées de "diffamatoires". Marc Ruff, le président d'Expedia France, et Mathias Emmerich, le DG de Voyages-sncf.com, sont sortis de leur mutisme pour rejeter, point par point, les accusations du voyagiste en ligne britannique.
"Nous sommes conscients que Voyages-sncf.com jouit d'un positionnement atypique du fait de sa relation intrinsèque avec la SNCF, admet Mathias Emmerich.
Mais nous avons toujours essayer de faire en sorte que les offres soient équivalentes pour tous les acteurs du tourisme en ligne." Une volonté qui, selon Voyages-sncf.com, passe notamment par de gros investissements dans le développement de la plate-forme technologique Ravel, le système de réservation de la SNCF accessible à tous les voyagistes.
Le directeur général de Voyages-sncf.com affirme par ailleurs que Voyages-sncf.com perçoit des commissions sur les ventes de billets de train inférieures à celles reversées aux autres agences en ligne. Enfin, Marc Ruff et Mathias Emmerich nient toute "entente" entre les deux sociétés et les autres filiales d'Expedia, à savoir Expedia.fr et Anyway.com. "Nous sommes dans une situation claire de concurrence sur le secteur", indique le président d'Expedia.fr. Dans la foulée, les deux dirigeants démentent le fait qu'Expedia bénéficie des bases de données clients de Voyages-sncf.com.
Au final, Mathias Emmerich s'estime "très heureux" de la décision de rejet des mesures conservatoires rendue par le Conseil constitutionnel. "Lastminute n'a pas réussi à convaincre, malgré sa stratégie de communication agressive." Le directeur général de Voyages-sncf.com estime que la décision du conseil "va dans le sens" attendu.
Mais la guerre est loin d'être finie.
Contacté par le JDN, Pierre Paperon, le directeur général de Lastminute France, estime lui aussi que "l'analyse du Conseil est plutôt favorable" à sa société.
"Voyages-sncf.com crie victoire alors qu'il est sous le coup d'une mise en examen. Je me réjouis de cette décision et de l'attention que le Conseil de la concurrence porte à cette affaire." Les deux sociétés n'en n'ont pas fini de débattre. De fait, l'examen de fond du dossier peut durer jusqu'à un an.
Précision de Voyages-Sncf.com
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"Voyages-sncf.com entend rétablir la vérité après les propos tenus par le dirigeant de Lastminute, M. Pierre Paperon, dans le Journal du Net du 8 Novembre. La société Voyages-sncf .com n'est bien évidemment pas mise en examen. Le conseil de la concurrence a décidé le 4 novembre de rejeter l'ensemble des mesures conservatoires réclamées par la société Lastminute tout en décidant d'étudier au fond le dossier présenté par cette dernière dans le cadre de sa procédure habituelle.
Cette étude du dossier par le Conseil n'a en aucune manière un caractère de procédure pénale, qui seule aurait pu déboucher sur la mise en examen de Voyages-sncf.com par un juge d'instruction. Les propos de M. Paperon constituent une atteinte d'autant plus grave à l'image de Voyages-sncf.com que celui-ci cherche manifestement à établir une confusion dans l'esprit des lecteurs du Journal du Net entre une procédure administrative dont il est à l'origine et une décision de nature pénale."
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