PORTRAIT 
Cyril Poidatz, l'homme modem
Aux antipodes de l'impertinence cultivée par Free, le président d'Iliad œuvre depuis six ans, dans l'ombre et dans les chiffres, à l'ascension du groupe.   (17/11/2004)
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ans une salle de réunion anonyme, au septième étage d'un immeuble moderne du huitième arrondissement de Paris, rien ne rappelle au visiteur qu'il se trouve dans
l'antre de Free. Rien, si ce n'est le polo de son président, Cyril Poidatz, marqué aux couleurs du FAI. Récemment nommé à la tête du conseil d'administration du groupe Iliad, suite aux mésaventures judiciaires de Xavier Niel, Cyril Poidatz affiche une décontraction polie, matinée d'une réserve toute présidentielle.

Aux manettes du groupe depuis six ans, Cyril Poidatz est l'homme de l'ombre. Entré en 1998 au poste de directeur général d'Iliad, il s'exprime peu et confie à Michaël Boukobza, avec lequel il partage son bureau, le rôle de grand communiquant. "Il est plus simple pour tout le monde qu'il n'y ait qu'un seul interlocuteur, un référent. En plus, Michaël a un certain talent pour cela et ça lui plaît", précise-t-il.

Même s'il concède que sa nouvelle fonction l'expose davantage au monde extérieur, la discrétion de l'homme est révélatrice de son rôle au sein de l'équipe de direction. Au jeu des tiroirs, il se laisse de bonne grâce ranger dans la case "gestionnaire", accordant volontiers à Xavier Niel celle du "visionnaire". "J'ai été recruté pour cela, dit-il. Xavier est une boîte à idées à lui tout seul, mais il n'aime guère gérer le quotidien et ne le fait pas du tout."

Au regard de cette analyse, la présentation en photos de l'équipe dirigeante, sur le site Web du groupe, est assez éloquente : on y voit Cyril Poidatz, en chemise bleue, le nœud de cravate étudié, offrant l'image traditionnelle et rassurante du chef d'entreprise. Une autre photo se détache, la seule en noir et blanc, celle d'un Xavier Niel au regard mystérieux. Michaël Boukobza, sans cravate, renvoie lui l'image jeune et dynamique de Free. Quant à Rani Assaf, le directeur technique qui ne s'exprime jamais publiquement, hormis ses annonces sur les newsgroups, sa photo est désespérément absente.

Les dates clefs
de Cyril Poidatz

8 mai 1961: naissance à Paris

1984 : diplômé de l'ESC Rouen
1985 : auditeur chez Coopers&Lybrand
1988 : auditeur interne chez Cap gemini
1991 : Chief financial officer de Cap Gemini Italie
Juillet 1998 : retour en France
Novembre 1998 : directeur général d'Iliad
Juillet 2004 : président du groupe Iliad

Né le 8 mai 1961, l'homme à la cravate affiche un parcours classique, bien loin de l'image nerveuse de Free. Diplômé de l'ESC Rouen, où il choisit de se spécialiser dans la finance, Cyril Poidatz débute sa carrière en 1985 chez Coopers&Lybrand, comme auditeur. En 1988, il intègre la société de conseil en technologie Cap Gemini, où il occupe tout d'abord la fonction d'auditeur interne, ce qui l'amène à se déplacer très souvent en Europe et aux Etats-Unis, et à prendre en charge plusieurs dossiers d'acquisition. Il s'expatrie ensuite à Rome où il devient Chief Financial Officer, position qu'il conserve pendant sept ans. Durant ces années, il avoue qu'il n'imaginait pas diriger un jour une entreprise comme Iliad.

Rien ne l'y prédestinait, il est vrai, et son entrée dans le groupe est avant tout le fruit d'une rencontre. Contacté par un chasseur de têtes pour le poste de directeur général d'Iliad, il s'entretient avec Xavier Niel, qui le convainc de le rejoindre. "J'ai beaucoup d'admiration pour Xavier. C'est un homme qui a une vraie vision stratégique du marché et des évolutions technologiques. Il est rare de trouver quelqu'un qui puisse vous l'expliquer d'une façon aussi claire que ça".

Le terme trublion nous correspond mieux"

Fin 1998, Cyril Poidatz se retrouve plongé dans la nouvelle économie. Un coup de coeur. "Free est une entreprise dynamique, une boîte à idées, c'est l'agitateur de l'Internet. Nous essayons d'offrir le bouquet de services les plus innovants et tenons beaucoup à cet aspect pionnier. C'est ce qui nous motive tous." C'est dans cette volonté d'aller de l'avant et cette remise en question permanente qu'il se reconnaît, plus que dans le côté "techno" ou encore le caractère impertinent de Free. Une image qu'il comprend, mais qu'il tient à pondérer. "Impertinent ne veut pas dire sûr de soi ou arrogant. Le terme trublion nous correspond mieux, dans le sens malicieux et qui ne se prend pas au sérieux."

Diriger Free ne s'apparente pas, pour l'homme, à la simple gestion d'une infrastructure technique. Chez Iliad, il trouve de nouveaux défis à relever, détecte de nouveaux talents et profite du bonheur d'une réelle indépendance. Lui qui, après plusieurs années passées en Italie, avait "l'impression d'avoir fait le tour", confesse ne pas avoir vu le temps passer au bout de six ans de bons et loyaux services au sein du groupe Internet.

Parmi les projets qui l'ont particulièrement intéressé figure, évidemment, l'introduction en Bourse. Une étape qu'il vécut à sa manière, loin de l'effervescence des observateurs et du marché. Le qualificatif qui lui vient à l'esprit, à l'évocation de cette période, est celui de "chronophage". "L'entrée en Bourse est une étape dans la vie d'une société. C'est un moment où l'on s'étudie vraiment, où l'on s'arrête un moment pour analyser la façon dont on est organisé. Cela permet de rendre les choses un peu plus carrées, de remettre les pendules à l'heure, ce qui prend beaucoup de temps."

Le cours de l'action n'est pas une obsession"

Le succès de l'IPO, le président du conseil d'administration ne s'en fait pas une montagne. Le cours de l'action "n'est pas une obsession, je ne le vérifie pas tous les jours". Sursouscription, prix d'introduction maximum, gains de la première cotation n'ont même pas donné lieu à de quelconques festivités en interne. La dernière fois que Cyril Poidatz a sabré le champagne dans ses bureaux, c'était pour les fêtes de fin d'année. Cyril Poidatz préfère travailler consciencieusement.

Et quand il ne travaille pas, il part en voyages, sa grande passion. Ses escapades l'ont surtout mené en Asie, continent qu'il affectionne particulièrement. Mais ceux qui l'imaginent déjà au Japon en train de dégoter les derniers gadgets multimédias se trompent encore. Cyril Poidatz n'est pas ce qu'on appelle un "early adopter". Ce n'est pas la dictature de la nouveauté ou de la technologie qui orientent ses choix. Il aime les voyages, un point c'est tout.

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Sur Internet, l'homme affiche le même recul. Le président de Free, qui a la chance de disposer de l'ADSL 2+ dans son logement parisien, n'exploite pas le soir venu et à domicile les innovations qu'il lance dans la journée. Sa connexion, il s'en sert surtout pour consulter l'actualité, la météo, ou pour surfer sur des sites de golf, son autre passion. "Il y a énormément de sites sur le golf. Certains proposent les photos des pars, c'est génial." Le haut-débit lui sert malgré tout, de temps en temps, à télécharger -légalement bien entendu- de la variété sur son PC. Et, bien sûr, à organiser et réserver ses voyages. Quinze jours de break à chaque fois, pas plus, histoire de bien gérer son temps. Le mois prochain, ce sera l'Inde du Sud.

Raphaële KARAYAN, JDN
 
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