Place aux services mobiles. Sonneries, portails
multimedia, 3G, personnalisation : le marché est estimé
à 26 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année
pour l'Europe de l'Ouest, en hausse de 30 %. Après les couacs du Wap, de plus
en plus d'utilisateurs adoptent désormais ces nouvelles fonctions. Plus
de 20 % des abonnés mobiles français sont
ainsi des adeptes des portails Orange World, Vodafone Live ou iMode.
La France se classerait même au troisième rang
mondial des utilisateurs de services multimedia sur mobile.
De bon augure au moment où sont lancées les
premières offres commerciales 3G, l'événement
de l'année dans le secteur du mobile.
"Le lancement officiel de la 3G, d'abord pour les professionnels
puis pour le grand public, a constitué le principal
temps fort de 2004, affirme Frédéric Pujol,
responsable du pôle services mobiles à l'Idate
(Institut de l'Audiovisuel et des Télécommunications
en Europe). Ces services ont un fort potentiel, et on peut s'attendre
à un petit pic des abonnements 3G fin 2005." Etienne
Costes, directeur associé chez Greenwich Consulting,
confirme : "2004 est l'année où la 3G est
devenue réalité, pour les consommateurs et pour
les opérateurs, avec de vrais lancements. Les offres
sont intéressantes, ce ne sont pas des offres par défaut
comme on l'avait envisagé un temps."
Aprsè une longue période de maturation, les opérateurs
se sont donc lancés dans la bataille pour la 3G. A coups
de spots publicitaires grand spectacle, SFR et Orange s'arrachent
les premiers clients. Bouygues Telecom n'est pas en reste :
alors que l'on disait le troisième opérateur passif
sur ce marché, il a franchi le pas et annoncé
qu'il se joindrait à la lutte, fin 2005 ou plus probablement
début 2006, avec la mise au point de la technologie HSDPA,
qui permettra des débits plus importants. En attendant,
Bouygues mise sur Edge, sur lequel s'est aussi positionné
Orange.
Ces nouveaux services, plus ou moins longs à mettre
en place, participent à la nouvelle vitalité
des mobiles. On croyait le marché saturé, il
n'en est rien, la France disposant même de l'un des
taux de pénétration les plus faibles en Europe,
avec 70 % d'utilisateurs, la moyenne étant autour
de 80 %. Des perspectives intéressantes pour les constructeurs de téléphones mobiles,
qui ont revu leurs prévisions à la hausse et
continuent de sortir de nouveaux modèles de terminaux.
"Les
opérateurs ont pris le pouvoir" |
Reste un bémol sur ce point : les constructeurs deviennent
de plus en plus dépendants des opérateurs. "Les
opérateurs ont pris le pouvoir, analyse Etienne Costes.
L'année a montré que les parts de marché
des constructeurs étaient très volatiles. Ceux
qui s'en sortent le mieux sont ceux qui se sont montrés
les plus innovants, comme Samsung, ou ceux qui sont proches
des opérateurs et peuvent répondre à
leurs attentes, comme Sagem. D'autant que les clients sont
de plus en plus mûrs et prêts à changer
de marque en fonction du prix, du design et des diverses fonctionnalités."
Autre conséquence de l'apparition des nouveaux services
: l'émergence d'acteurs incontournables, les fournisseurs
de contenus. Musiwave
(lire l'article
du 26/11/04), Freever,
123
Multimedia, coté en Bourse cette année (lire
l'article
du 07/12/04), sont autant de sociétés en plein
développement. Mais il faudra confirmer. "Les
fournisseurs de contenus ont profité du non-positionnement
des gros acteurs sur ce secteur, affirme Etienne Costes. Compte tenu
du potentiel du marché, les géants de la musique
et des médias devraient venir les concurrencer."
Les MVNO, un thème récurrent dans l'actualité |
Et pendant que le marché de la 3G se compose, le front réglementaire est revenu sur le devant de la scène,
avec, en entrée, la renégociation en douceur des licences GSM.
Mais le plat principal était nettement moins digeste pour les opérateurs avec, cette fois, une remise en cause de leur position. Accusés de pratiquer
des tarifs trop élevés sur les SMS et les appels,
ils ont été invités à faire
de la place à de nouveaux venus. Le ministre
délégué à l'Industrie Patrick
Devedjian et l'ART y sont allés de leur appel à
l'arrivée des MVNO, les opérateurs mobiles virtuels.
Les MVNO,
un thème récurrent dans l'actualité de
l'année 2004. Le débat a été relancé
en décembre, alors que l'on commençait à
oublier que de nouveaux opérateurs ont vu le jour cette
année : Debitel et Breizh Mobile. "Les MVNO se
traduisent pour l'instant en France par des offres sur des niches, analyse
Frédéric Pujol, alors qu'au Royaume-Uni, au
Danemark, l'entrée de ces acteurs a eu une conséquence
durable sur la baisse des tarifs. Il y a toutefois de fortes
chances pour que Tele 2 se lance en MVNO en 2005."
Une arrivée qui pourrait bien modifier la donne, d'autant plus que sur le plan tarifaire, les opérateurs français restent encore sous surveillance. "Le débat sur les tarifs est très révélateur de la situation,
note Etienne Costes. Le fait que le Premier ministre s'exprime
sur le coût des SMS montre que le mobile est entré
dans l'usage courant, comme s'il s'agissait d'un bien de première
nécessité." Prochaine étape : faire
entrer dans les moeurs la visio ou la vidéo à
la demande, les principaux services fournis par la 3G.
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