TOURISME 
Le début des grandes manoeuvres dans l'e-tourisme
Le rythme de croissance des agences de voyages en ligne s'est maintenu en 2004, oscillant entre 30 et 70 %. Le secteur, traversé par plusieurs évolutions majeures, s'apprête à entrer dans une phase de consolidation.   (23/12/2004)
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L'année 2004 restera sans nul doute comme un bon cru pour les professionnels de l'e-tourisme. La légère reprise constatée sur l'activité globale des agences de voyages aux Etats-Unis (+8 % sur les neuf premiers mois selon Airlines Reporting) comme en France (+3,7 % de chiffre d'affaires sur les dix premiers mois de l'année selon le Syndicat national des agences de voyages et le Centre d'observation économique) a été particulièrement bénéfique aux acteurs du Web. Loin de s'essouffler, le rythme de croissance des agences de voyages en ligne est resté très soutenu en 2004.

Aux Etats-Unis, PhoCusWright estime que la croissance des dépenses de voyages en ligne effectuées par des particuliers devrait s'élever à 34 % en 2004, pour atteindre un chiffre d'affaires annuel de 53 milliards de dollars. En France, si l'on considère l'évolution du chiffre d'affaires des principaux acteurs sur ce marché, la progression apparaît même légèrement supérieure.

Sans surprise, ce sont les acteurs les plus récents, tels qu'Expedia.fr ou Vivacances.fr, qui devraient s'offrir les plus fortes progressions annuelles. Expedia, la filiale de l'Américain InterActiveCorp qui a lancé son propre site français en juin dernier, ne communique pas sur ses revenus spécifiques au marché hexagonal. Mais le voyagiste a annoncé une croissance de 78 % de son chiffre d'affaires sur le troisième trimestre 2004 à l'international, soit essentiellement en Europe. Vivacances, lancé en novembre 2002 par Amadeus et les Galeries Lafayette, indique de son côté avoir multiplié par trois son volume d'affaires sur un an.

Les acteurs plus "anciens" du secteur ne sont pas en reste et s'arrogent également de belles progressions. A commencer par la locomotive du secteur, Voyages-sncf.com. La première agence de voyages en ligne en France estime qu'en 2004 son volume d'affaires devrait avoir atteint 800 millions d'euros, en croissance de 71 %, contre 72 % en 2003. Même constat chez Opodo France dont le taux de croissance devrait flirter avec les 70 % sur l'année 2004.

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 Vivacances
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Karavel
Le groupe Karavel-Promovacances estime, quant à lui, que son chiffre d'affaires devrait avoir augmenté de 40 % en 2004 pour atteindre un total de 150 millions d'euros. Le voyagiste devrait même dégager au passage ses premiers bénéfices. Enfin Lastminute France, pour qui 2003 avait été une année blanche en raison d'une croissance proche de zéro, annonce un volume d'affaires de 222 millions d'euros entre le 1er octobre 2003 et le 1er septembre 2004, en croissance de 27 %.

Au delà de ces chiffres, qui confirment la progression de la part de marché des acteurs de l'e-tourisme dans ce secteur, l'année 2004 se caractérise par la montée en puissance de plusieurs tendances de fond. Face à des internautes de plus en plus expérimentés qui ne considérent plus uniquement le Web comme un outil à chasser les promotions, et face au développement du Yield Management (Ndlr : système qui fait varier le prix en fonction de la demande et de la date à laquelle est effectuée la réservation), les commandes de voyages en ligne tendent à être de moins en moins tardives.

Des réservations moins tardives
"Alors qu'en 2002, 37 % des commandes s'effectuaient la dernière semaine, ce n'est plus le cas aujourd'hui que de 20 % des réservations," explique Mathias Emmerich, directeur général de Voyages-sncf.com. Même constat chez Vivacances ou Opodo. "A mesure que l'expérience des internautes augmente, ils deviennent plus prudents s'ils veulent une destination très précise et s'y prennent à l'avance, souligne Luc Boucey, président du directoire de Vivacances.fr. Les réservations à trente jours du départ ont représenté en 2004 environ 50 % des transactions. Cette part était bien plus faible en 2003."

Pour autant, le marché de la dernière minute ne s'étiole pas. Ce type d'offre correspond à un segment de clientèle qui continue d'être très présent sur le Net. "La dernière minute attire davantage les 18-35 ans, parce qu'ils n'ont ni contrainte de destination, ni contrainte de date très forte. Ce qui n'est pas forcément le cas des 35-45 ans qui sont plus nombreux à avoir des enfants et qui veulent une destination spécifique," analyse Pierre Paperon, directeur général de Lastminute France.

La percée des packages dynamiques

Autre tendance forte de cette année : le décollage des packages dynamiques et à travers ce dispositif, la possibilité d'organiser son propre voyage de A à Z. En moins d'un an, la plupart des agences de voyages en ligne ont adopté cette technologie pour proposer des séjours sur mesure (lire l'article du JDN du 11/10/04) où l'internaute construit à la carte ses vacances : transport, hébergement, location de voiture... Expedia a même décidé de construire entièrement le positionnement de son nouveau site français dans cette stratégie du sur mesure. Tous les acteurs, ou presque, ayant emboîté le pas, la logique du package dynamique s'est retrouvée en quelques mois vulgarisée par un effet de masse. Un an et demi après son lancement, Lastminute France estime par exemple que cette catégorie de produits représente 7 % de son chiffre d'affaires, contre à peine 3 % en 2003. Voyages-sncf.com estime, quant à lui, que cette offre représente sur 2004 près de 3,1 % de ses revenus.

Dernière tendance lourde de l'année : l'accélération de la dématérialisation de la billetterie (lire l'article du JDN du 13/05/04). Initié dans l'aérien et encouragé par l'Association internationale du transport aérien (Iata), l'e-ticketing déteint désormais sur le secteur ferroviaire. Perçu comme un excellent moyen pour réduire les coûts de distribution des billets, il est même devenu l'une des composantes essentielles des dernières innovations produit de la SNCF, à l'image de l'offre IdTGV.

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Autant de nouvelles tendances dont le poids devrait, à n'en pas douter, continuer à croître en 2005. Mais ces mêmes innovations ne peuvent garantir à elles seules une croissance similaire et, surtout, une stabilité du marché. Entre la baisse des commissions aériennes (décidée par Air France au cours de l'été 2004), l'arrivée de nouveaux entrants (le dernier en date étant Travelocity), et la course technologique initiée par les packages dynamiques, la pression concurrentielle s'annonce d'ores et déjà élevée et complexe. Et comme le confie un professionnel du secteur, "2005 sera sûrement l'année qui marquera le début de la consolidation pour l'e-tourisme. Le ticket d'entrée sera de plus en plus élevé, les investissements en communication seront de plus en plus forts. A ce petit jeu, tous les acteurs ne résisteront pas."

Anne-Laure BERANGER, JDN
 
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