RETOUR D'EXPERIENCE 
Comment Expedia a engrangé plus de 500 000 abonnés en un mois
Pour assurer le lancement de son site français en juin, le voyagiste a organisé un jeu dont la promotion était essentiellement assurée par un dispositif de marketing viral. Un million d'internautes ont participé.   (07/01/2005)
  En savoir plus
 Erik-Marie Bion
 MilleMercis
Dossier Marketing viral
  Le site
Expedia.fr
Fin juin 2004, l'agence de voyages en ligne d'origine américaine Expedia s'apprête à lancer en France un site sous son propre nom. Un pari risqué puisqu'en dehors des professionnels du tourisme, cette marque n'évoque pas grand chose pour le grand public français : en novembre 2003, son taux de notoriété assistée auprès d'un échantillon représentatif d'internautes s'élèvait tout juste à 4 %. Un capital bien mince que l'équipe marketing de l'agence doit pourtant très vite étoffer pour pouvoir s'imposer sur un secteur déjà très concurrentiel.

Le principe d'une campagne de communication online mettant en avant le positionnement de l'agence, à savoir "le voyage sur mesure", s'impose très vite. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi pouvoir créer rapidement du trafic sur le site, inciter les internautes à découvrir l'univers d'Expedia, constituer une base de prospects qui puissent être recontactés par e-mail et, au final, amener ces derniers à acheter. Autant d'exigences auxquelles le voyagiste décide de répondre en lançant le 25 juin 2004, en même temps que son site, un jeu en ligne reposant sur un mécanisme de marketing viral.

Il est vrai qu'un mois plus tôt, le jeu créé pour accompagner le repositionnement et le lancement de la nouvelle charte d'AnyWay, une des filiales d'Expedia en France, avait plutôt bien fonctionné. Conduite par l'agence d'e-CRM MilleMercis entre mai et juin 2004, cette opération avait généré, en un peu moins d'un mois, plus de 560.000 visiteurs uniques sur le site, impliqué 231.000 participants et permis de recruter 132.400 prospects. Surtout, cette opération, qui visait essentiellement à requalifier la base d'abonnés à la newsletter d'AnyWay, avait été un succès en terme de marketing viral, puisque 30 % des inscrits étaient issus du bouche-à-oreille.

Avec Expedia.fr, les données sont différentes : la marque n'est pas connue en France, le positionnement "voyage sur mesure", n'est pas facile à expliquer, le site et la charte graphique sont en cours de construction et il s'agit de recruter des prospects.

Principe numéro un : faire simple
Pour mettre tous les atouts de son côté, l'équipe marketing d'Expedia.fr, alors constituée de quatre personnes et pilotée par Erik-Marie Bion, directeur marketing du voyagiste, décide de miser sur la cohérence entre le contenu du site, la communication faite autour du lancement de celui-ci et le jeu lui même. "Il fallait que le jeu s'inscrive parfaitement dans le marketing mix du lancement d'Expedia afin de renforcer le message sur le positionnement de la marque, explique Erik-Marie Bion. Aussi, pour que tout le monde avance dans le même sens, nous organisions, tous les lundi, des réunions avec tous nos prestataires, à savoir MilleMercis pour le CRM, MRM Partners (Ndlr : groupe McCann-Erickson) pour la création publicitaire, Hopscotch pour les relations presse et Carat Interactive pour l'achat d'espaces. Notre responsable ergonomie était également convié."

V1 du jeu Expedia
 Agrandir
Un jeu en flash pour expliquer le sur-mesure
Mais la coordination des équipes ne fait pas tout. Pour maximiser les effets du marketing viral, Expedia décide de baser son jeu sur l'interactivité et surtout, veille à la simplicité de l'ensemble. "Notre principal objectif était de créer de l'affinité avec la marque afin que les internautes n'hésitent pas à recommander le jeu à leurs amis, explique Erik-Marie Bion. Mais, il fallait également que l'interactivité du jeu contribue à leur expliquer de manière simple et ludique le concept du voyage sur mesure."

MilleMercis est alors chargé de créer un jeu en flash en cohérence avec la charte de communication élaborée pas à pas par MRM Partners et validée par des focus group. Principe du jeu : permettre aux internautes de choisir les vacances de leurs rêves en sélectionnant, grâce à des curseurs se déplaçant sur un axe "plus - moins", leur lieu de vacances et leur mode d'hébergement. Enfin, pour augmenter leurs chances de gagner, chacun d'entre eux pouvait recommander le jeu à des amis en inscrivant leur adresse e-mail sur un formulaire. Cette étape n'était toutefois pas obligatoire.

1 million de participants et 542.000 inscrits à la newsletter
"Les internautes ne devaient pas se sentir piégés, insiste Yseulys Costes, présidente de MilleMercis. Donc l'envoi d'invitation à des amis n'était pas obligatoire pour participer au jeu. De même, en accord avec Expedia, nous avons volontairement limité à 10 contacts la liste des invitations et sur cette première phase, nous leur avons conseillé de ne collecter que le nom et le prénom des internautes, leur date de naissance, leur adresse e-mail ainsi que leur adresse postale, car la surenchère ne sert à rien."

Enfin, pour pouvoir tenir la montée en charge et obtenir des données en temps réel, Expedia confie également à MilleMercis la mise en place des bases de données ainsi que toute la dimension technique de l'opération. L'architecture technique devait en effet pouvoir supporter 100.000 inscrits par jour.

En revanche, Expedia décide de ne pas s'appuyer sur la campagne de publicité online lancée le même jour pour communiquer sur son jeu. Seule une opération spécifique auprès de ses affiliés et une campagne d'e-mailing auprès des quelques 150.000 participants aux jeux d'AnyWay ayant accepté de recevoir des propositions d'Expedia, et l'effet viral doivent y pourvoir.

Le dispositif porte ses fruits. L'opération sera même prolongée de dix jours et s'arrêtera le 30 juillet au lieu 20 initialement prévu. En un peu plus d'un mois, le jeu a généré 2,5 millions de visiteurs uniques sur expedia.fr et impliqué 1,037 million de participants, soit deux fois plus que les objectifs de départ. 70 % ont été apportés par le marketing viral. Au final, Expedia a collecté 991.000 adresses e-mails valides qui, une fois éliminées les personnes n'habitant pas en France métropolitaine ou dans les Dom-Tom ainsi que les joueurs n'ayant pas donné leur accord pour recevoir des informations de la part d'Expedia, représente 542 000 inscrits à la newsletter.

Les internautes seniors eux aussi sensibles au "viral"
"C'est de loin, la plus grosse opération de marketing online que nous ayons faite, indique Yseulys Costes qui gère pourtant de très nombreuses opérations de ce type. Ce qui prouve qu'Internet est vraiment devenu un média de masse. Même sur une marque en cours de lancement, nous sommes arrivés à avoir un effet très important de marketing viral."

Au delà, cette opération apporte également quelques enseignements intéressants. Si 90 % des 18-25 ans sont très réceptifs au marketing viral, les internautes de 50 ans le sont également, puisque 55 % d'entre eux sont venus sur le site par le bouche-à-oreille. Par ailleurs, le taux de transformation (inscription au jeu) des personnes venues sur le site de cette façon est largement supérieur à celui de l'affiliation, puisqu'il atteint 69,2 % dans le premier cas, contre 21 % dans le second.

  En savoir plus
 Erik-Marie Bion
 MilleMercis
Dossier Marketing viral
  Le site
Expedia.fr
Encouragés par ces résultats, Expedia a décidé de lancer un second jeu du même type du 17 novembre au 15 décembre derniers, avec quelques questions de qualification supplémentaires. Une fois de plus, les résultats sont au rendez-vous, puisque, de 542.000 inscrits totalement opt-in à sa newsletter, Expedia est passé 925.000. Un volume qui permet désormais à l'agence de voyages d'envisager une première forme de segmentation de sa newsletter. Celle-ci s'effectuera sur trois critères principaux : le profil socio-démographique, l'achat sur le site et le comportement vis-à-vis de la newsletter.
Anne-Laure BERANGER, JDN
 
Accueil | Haut de page
 
 

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International