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Wikipedia s'interroge sur son mode de financement
L'encyclopédie s'est développée grâce aux articles et aux dons de ses lecteurs. Des innovations sont à l'étude pour faire évoluer ce modèle.   (12/01/2005)

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Wikipedia

Wikipedia n'a a que quatre ans, mais déjà l'encyclopédie libre et gratuite dispose d'une forte notoriété. Elle est classée parmi les 200 sites les plus consultés dans le monde par Alexa.com, a été récompensée l'an passé par le prix Arts Electronica et par le Webby Award dans la catégorie communautés. Surtout, le site a dépassé le million d'articles déposés dans plus de 50 langues, de l'anglais au roumain, en passant par le zoulou, le corse ou le nahuatl. La partie francophone, développée depuis un peu plus de deux ans, est l'une des plus actives, derrière l'encyclopédie an anglais, l'allemand et le japonais.

A l'origine de Wikipedia, un homme : Jimmy Wales, à la tête d'un portail de recherche Bomis.com. C'est cette société qui finance un premier projet d'encyclopédie, Nupedia, avec une publication fermée. C'est un échec. Jimmy Wales lance alors Wikipedia, un système de contribution libre, sans trop y croire. Pourtant, le succès prend assez rapidement. Si bien que l'encyclopédie doit se développer dans d'autres langues et draine de plus en plus de contributeurs.

Le projet est l'un des précurseurs des "Wiki", mis au point en 1995 par Ward Cunningham et qui permettent à chaque lecteur de modifier le contenu du site, avec n'importe quel navigateur (lire l'article du 11/08/03). Au départ, Wikipedia fonctionne avec un serveur, puis quatre, connaissant des problèmes techniques croissants. Le projet s'organise alors en fondation en 2003, ce qui lui permet de faire appel aux donations et de solliciter les autres grandes fondations américaines. Un conseil d'administration est élu, avec à sa tête Jimmy Wales, la Britannique Angela Beasley et la Française Florence Devouard représentant les contributeurs.

A l'automne 2003, 40.000 dollars sont obtenus pour l'achat de nouveaux serveurs. La dernière collecte de dons auprès des internautes, en septembre dernier, a permis de récolter 60.000 dollars en ligne, alors que l'obejctif initial était de 50.000. Trois levées sont ainsi organisées chaque année. La prochaine aura lieu entre février et mars 2005. Aujourd'hui, une quarantaine de serveurs supportent des centaines de milliers de connexions quotidiennes. Les sommes sont allouées à 90 % à la technique (serveurs, bande passante), le reste couvrant les frais de déplacement des dirigeants ou encore la réservation des noms de domaines.

Le projet vit grâce aux dons de ses utilisateurs

En France, Wikipedia a généré une association, signe du dynamisme de la partie francophone. Mis à part les Etats-Unis, seule l'Allemagne dispose d'une telle structure. "Notre succès n'est dû qu'au bouche-à-oreille, affirme Yann Forget, secrétaire de l'association. Nous sommes également bien référencés sur Google grâce à la richesse de notre contenu et donnons quelques conférences qui aident à nous faire connaître."

Un succès qui pourrait se transformer en défi pour ce projet communautaire. L'audience croissante nécessite plus de maintenance et attise les convoitises. Florence Devouard, vice-présidente de la Wikimedia Foundation, affirme pourant que le concept n'est pas remis en cause. "Le contenu est libre, il continuera de l'être."

"Pour l'avenir, je vois trois gros changements possibles, trois questions qui sont à l'étude, affirme-t-elle. Tout d'abord, sur le financement, comment assurer la pérennité du projet ? Faut-il continuer de faire appel aux dons et aux fondations ou y a-t-il la possibilité d'introduire de la publicité ? Ensuite, le projet a-t-il besoin de salariés ? Enfin, la question du copyright. Nous recevons des pressions pour que l'on s'implique dans ce combat, or notre position est celle d'une stricte neutralité."

Sur ce sujet, le site se heurte à différents problèmes. "Ce qui nous sauve, c'est que beaucoup de travaux du gouvernement américain sont dans le domaine public, explique Yann Forget. C'est plus compliqué en Europe : par exemple, nous n'avons pas le droit de copier des documents de l'Insee ou de l'IGN à moins de payer très cher. Et pour reproduire une photo de Jacques Chirac, nous devons passer par un site américain."

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Ces difficultés n'empêchent pas Wikipedia de mener de front plusieurs nouveaux projets. "Nous souhaitons publier l'encyclopédie sur DVD. Le projet en anglais est déjà bien avancé et devrait aboutir dans les mois qui viennent, précise le secrétaire de l'association française. Notre but est d'être copié le plus possible et de diffuser le plus de savoir, notamment en touchant le monde de l'éducation, pour que les professeurs utilisent notre base de données pour leur cours, les élèves pour leurs exposés." Enfin, les derniers-nés de la communauté, tels que le service d'informations Wikinews ou Wiktionary, le dictionnaire multilingue, devraient continuer de grandir.

 
 
Nicolas RAULINE, JDN
 
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