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Google News : les points de vue divergent selon les agences de presse |
L'AFP reproche à Google de référencer, sans son aval, les dépêches publiées en ligne par les sites abonnés à ses fils d'actualité. AP et Reuters n'ont pas le même point de vue.
(25/03/2005) |
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Un procès peut en cacher un autre. Après les condamnations
pour contrefaçon de marque dans le cadre de son système
de liens promotionnels, Google est poursuivi en justice aux
Etats-Unis par l'Agence France Presse (AFP). Cette fois-ci c'est
Google News, son service de recherche restreint à l'actualité,
qui est en ligne de mire. L'agence reproche à Google
de violer la loi sur le Copyright en référençant
dans son agrégateur d'articles les dépêches
et images AFP publiées sur les sites d'information qui
paient un abonnement pour cela. Elle réclame pas moins
de 17,5 millions de dollars de dommages et intérêts.
Le moteur de recherche a immédiatement réagi en
annonçant, le 21 mars dernier qu'il allait retirer de
l'index de Google News tous les articles reprennant les dépêches
de l'AFP et apporter des modifications à son système
afin qu'il ne référence plus aucune page de ce
type à l'avenir. Il a ainsi répondu à la
principale revendication de l'agence de presse dont les démarches
amiables, préalables au dépôt de plainte,
n'avaient jamais abouti. Malgré cet effort de Google,
l'AFP n'a pas retiré sa plainte.
Avant de
se décider à engager des poursuites contre Google,
l'Agence France Presse a pris soin de sonder ses principaux
clients. Le déréférencement des dépêches
AFP de Google News pourrait en effet avoir un fort impact d'audience
sur certains sites d'informations qui voient une partie de leur
trafic arriver sur leur site via l'agrégateur. L'agence a
notamment consulté le Groupement des Editeurs de Services
en Ligne (Geste), qui défend entre autres les intérêts des sites
d'information. "Il est tout à fait naturel que l'AFP
cherche à défendre ses droits, estime Philippe
Jannet, président du Geste et directeur des éditions
électroniques du journal Les Echos. Sa démarche
devrait aider les éditeurs à prendre conscience
de la valeur du contenu qu'ils publient. Je trouve catastrophique
de voir certaines grandes marques de presse cautionner ce type
d'outils dont le modèle est empoisonné."
Contactées par le JDN, les deux autres principales agences
de presse, Associated Press (AP) et Reuters, réagissent
de manière différente à cette plainte.
Dans un communiqué, l'agence américaine AP s'est
positionnée en faveur de l'AFP mais n'envisage pas, pour
autant, d'intenter un recours en justice contre Google. L'agence
britannique Reuters défend, quant à elle, le moteur
de recherche, son partenaire depuis plusieurs années.
"Google News apporte un trafic important à notre
site sur lequel les internautes peuvent consulter gratuitement
nos dépêches, indique-t-on chez Reuters France.
Ce service profite donc aux deux parties."
Des
relations à géométrie variable |
Plus largement, les éditeurs de contenu n'entretiennent
pas systématiquement des relations conflictuelles avec
tous les acteurs proposant des services d'agrégation
de l'actualité. Le quotidien Les Echos, par exemple,
refuse d'être référencé sur Google
News, qui a pû faire parfois la confusion entre les articles
payants et les articles gratuits diffusés en ligne par
le journal. En revanche, le quotidien économique se positionne
sur Yahoo News avec lequel il a signé des accords qui
définissent clairement le cadre de leur collaboration.
Yahoo compte, par ailleurs, parmi les clients de l'AFP. A ce
titre, il diffuse les dépêches de l'agence, directement
dans sa rubrique "Actualité", moyennant une
rémunération au forfait. Yahoo News indexe d'autre
part des articles parus sur certains sites d'information, dont
le contenu est fourni par l'agence de presse. Mais l'AFP n'envisage
pas pourtant, à ce jour, d'attaquer Yahoo pour ce type
de reprises.
Autre attitude, celle du Monde. Le quotidien a exigé
peu de temps après le lancement de Google News en 2003
de ne plus y être référencé, jugeant
l'agrégateur trop indicret vis-à-vis de ses archives.
Depuis fin 2004, le journal est revenu sur sa position et s'est
entendu avec Google pour intégrer proprement le contenu
en accès libre du site du quotidien. Aujourd'hui, Google
News apporte au Monde Interactif un peu moins de 10 %
de son audience (lire l'article
du 26/01/05), en partie grâce aux dépêches AFP publiées sur le site d'information.
En poursuivant Google en justice, l'AFP prend donc le risque
de perdre certains de ses abonnés qui ne peuvent se passer
de Google News en raison de l'audience générée
par le service. Ceux-ci pourraient être amenés
à choisir une autre agence de presse, moins regardante
sur le copyright. A noter que du côté de Google,
la plainte a eu un impact sur le cours de Bourse de la société
américaine. L'action Google à chuté de
plus de 9,5 % entre le 16 mars, date de dépôt
de la plainte, et hier au soir, jeudi 24 mars. |
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