Plus d'un quart des Français ont déjà effectué des démarches
administratives en ligne, soit 7 points de mieux qu'en décembre
2003. C'est ce que dévoile la troisième édition du baromètre
ADELE de l'administration en ligne, conduit par BVA pour l'ADAE
(Agence pour le développement de l'administration électronique).
Une progression rendue possible grâce à l'accélération du développement
des services administratifs en ligne, accélération dont témoigne
le premier bilan du programme ADELE : fin avril, un tiers des
140 projets de ce programme de modernisation prévu sur quatre
ans seront opérationnels, a annoncé Renaud Dutreil dans une
conférence de presse le 4 avril. Le gouvernement chiffre les
gains de productivité à 490 millions d'euros.
Le programme gouvernemental pour l'administration électronique,
ADELE, a été lancé il y a 14 mois et doit prendre fin en 2007.
43 % des mesures du plan qui ont été déployées en 2004 touchent
directement les usagers, dans tous les domaines de leur relation
avec l'administration (prestations sociales, déclaration et
paiement de l'impôt, formalités administratives, vie des entreprises
).
Selon le sondage de BVA, effectué en mars, les Français sont
conscients de cette évolution, puisque 61 % estiment que les
services administratifs sur Internet se sont développés durant
les 12 derniers mois.
Selon cette même enquête, 27 % des Français ont
déjà utilisé un site public : 93 % d'entre eux en ont été satisfaits,
et 85 % jugent ces services faciles d'emploi. Seul bémol à cette évolution : la persistance de la fracture numérique, générationnelle
et économique. Parmi les plus de 65 ans, seuls 2 % des personnes
interrogées ont déjà effectué une démarche administrative en
ligne. Et, alors que parmi les professions intermédiaires ce
chiffre atteint 54 %, il n'est que de 23 % chez les ouvriers.
Le premier frein à l'utilisation des services publics en ligne
reste l'absence d'équipement informatique (53 %) et de connexion
Internet (54 %). Une proportion équivalente de sondés ne se
déclare pas encore prête à utiliser les services en ligne, ce
qui signifie que le recours à des équipements publics d'accès
ne vient pas à l'esprit. La préférence pour le contact humain
n'est citée que par 24 % des sondés, ce qui prouve que les trois-quarts
des Français sont prêts à ce nouveau mode de relation avec l'administration.
Même si pour les démarches compliquées, 64 % privilégient encore
le passage au guichet. Par ailleurs, 19 % des personnes qui
n'utilisent pas encore les services publics en ligne se déclarent
prêtes à le faire dans les douze prochains mois.
Le
premier frein : l'équipement des ménages |
Dans les faits, ces intentions se traduisent par une progression
des visites et des téléprocédures enregistrées sur les sites
publics. Alors qu'en 2004, 1,25 million de déclarations des
revenus ont été effectuées en ligne, 1,5 million ont déjà été
comptabilisées à date. Le chiffre de 2 millions devrait être
atteint, sinon dépassé. Autre indicateur : sur 8 millions de
certificats de non-gage délivrés pour la vente d'un véhicule
en 2004, 5,4 millions l'ont été via le service Télécartegrise.
Afin de développer encore l'utilisation de tels services, un
guide des services en ligne pour les particuliers, déjà disponible
en ligne, va être diffusé sur papier dès la fin avril. L'enjeu
est de taille pour le gouvernement, qui est parvenu à mettre
au point une méthode d'évaluation précise des gains de productivité
issus de la modernisation des services publics. Cette méthode,
nommée MAREVA, se base sur des critères de mesure tels que les
gains en nombre de photocopies, de boîtes archives, d'appels
téléphoniques, et à terme, bien sûr, d'économies de postes.
Renaud Dutreil a toutefois rappelé prudemment que "la réduction
des effectifs de fonctionnaires n'est pas l'objectif principal
de la réforme de l'Etat."
Le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
a chiffré l'investissement dans les 40 projets les plus importants
du programme ADELE à 188 millions d'euros, dont 148 millions
portés par le budget de l'ADAE. En rapport, il attend 490 millions
de gains de productivité directs. Sur 2006, le budget s'élève
à 73 millions d'euros, pour des économies attendues de 153 millions.
Au total, l'ensemble du programme devrait générer plus d'un
milliard d'économies. Rien qu'avec le service unique de changement
d'adresse (lire l'article
du JDN du 14/02/05), le gouvernement espère économiser 2,8
millions d'euros.
Avec la systématisation du Baromètre ADELE, la méthode MAREVA
et des audits annuels comme celui du programme COPERNIC, le
gouvernement systématise visiblement les mesures de contrôle
et de rentabilité de ses investissements. Eric Woerth, secrétaire
d'Etat à la réforme de l'Etat, l'a érigé en principe : "On doit
mesurer pour bien réformer". |