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Mobiles : la guerre des normes
Derrière l'évolution technologique de la téléphonie mobile, se cache une lutte sans merci pour imposer ses standards. Un match à trois entre Asie, Etats-Unis et Europe, qui profite à quelques acteurs bien positionnés.   (15/04/2005)

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Union internationale des télécommunications
Derrière les lancements commerciaux de la 3G et les offres concurrentes d'Orange et SFR, a lieu une autre bataille, qui elle est passée plus inaperçue. Celle des normes, avec cette fois un match à trois entre l'Europe, les Etats-Unis et l'Asie. Car si le U de UMTS signifie bien "universal", la norme adoptée en Europe pour la téléphonie mobile de troisième génération n'a pas grand chose d'universel. Au mieux, certains terminaux assureront l'interopérabilité entre les différentes normes mondiales, au pire cette 3G ne dépassera pas les frontières européennes.

Un exemple de cette bataille des normes se trouve en Irak, où les Etats-Unis, dans leur tentative de reconstruction du pays, tentent d'imposer leur norme, le CDMA2000 dans une région du monde où la norme européenne, l'UMTS (ou W-CDMA) est majoritaire.

D'un côté, donc, l'UMTS, pour Universal Mobile Telecommunications System, autrement appelée W-CDMA (Wide-Code Division Multiple Access), qui succède au GSM. La norme a été adoptée pour l'ensemble de l'Europe par l'Etsi, un institut indépendant chargé d'établir les standards en matière de télécommunications et basé à Sophia-Antipolis. Elle a été établie par un consortium d'acteurs de l'industrie européenne du mobile. De l'autre, le CDMA2000, développé aux Etats-Unis par la société Qualcomm. Celle-ci, basée à San Diego en Californie, a largement profité de sa position de force sur le marché. Son chiffre d'affaires connaît une croissance de 30 % par an, atteignant près de 5 milliards de dollars en 2004. Quant à ses bénéfices, ils avoisinent les 700 millions de dollars par an depuis 2000, dont une partie provient des royalties sur les ventes de ses licences. De l'argent de poche qui pèse tout de même pour un quart de ses revenus. La société réinvestirait même dans des normes concurrentes.

L'Asie, marché le plus dynamique pour la téléphonie mobile, a majoritairement adopté la norme d'origine américaine en matière de 3G. Seule exception, la Chine dont la croissance exponentielle nourrit les ambitions. L'empire du milieu a en effet décidé depuis peu de rentrer dans le jeu des normes, en développant sa propre technologie. Le TD-SCDMA est donc appelé à régner dans un premier temps en Chine, mais peut-être également au-delà. En 2009, l'IDC prévoit en effet que la Chine sera le premier marché 3G de la planète avec près de 98 millions d'abonnés. Toutes ces normes ont été reconnues par l'UIT (Union Internationale des Télécommunications), l'organisme international qui gère les réseaux mobiles.

Les normes de téléphonie mobile dans le monde
Génération de téléphonie Norme (ou technologie) et principaux pays où elle s'applique Norme (ou technologie) et principaux pays où elle s'applique Autres normes
2G
GSM
Europe, Afrique, Moyen-Orient, Asie, Etats-Unis (minoritaire)
CDMA
Etats-Unis (majoritaire)

PDC (NTT DoCoMo), TDMA (Etats-Unis, Amérique latine)

2,5G
GPRS, Edge
Europe, Etats-Unis
- - -
3G
UMTS (ou W-CDMA)
Europe, Japon, Australie
CDMA2000
Etats-Unis, Amérique latine, Corée du Sud, Thaïlande, Inde, Russie...
-
3,5G
HSDPA
Europe
EV-DV
Etats-Unis, Asie
Flash-OFDM (Etats-Unis)
TV sur mobile
DVB-H
Europe
MediaFLO (Qualcomm)
Etats-Unis
S-DMB (Corée, satellitaire), ISDB-T (Japon)
Source : Journal du Net, avril 2005

Pour l'instant, le CDMA2000 a pris une longueur d'avance dans la téléphonie mobile de troisième génération, du fait notamment de ses accords passés avec les opérateurs des marchés-clés, comme la Corée du Sud et les Etats-Unis. De plus, le passage de la 2G à la 3G avec cette norme s'avère plus facile techniquement que celui du GSM à l'UMTS. A la fin de l'année 2004, une majorité écrasante d'abonnés 3G dans le monde l'étaient via la norme CDMA2000. Mais le développement annoncé sur les pays européens devrait faire remonter la part de marché de l'UMTS.

Quoi qu'il en soit, l'Europe cherche à ne pas se faire distancer sur la prochaine génération. C'est pour cette raison que les sociétés européennes ont commencé à investir massivement sur la 3,5G, le HSDPA, qui permet d'augmenter sensiblement les débits, et surtout sur les techniques de diffusion de la télévision sur mobile.

Le broadcasting, attendu par les experts comme le principal levier de croissance de ces prochaines années, est ainsi l'objet d'une lutte acharnée, en coulisse, entre Européens, Américains et Asiatiques. Mais, là, l'Asie pourrait prendre sa revanche, profitant de marchés déjà beaucoup plus matures et développés. La Corée du Sud, par exemple, doit lancer ses premières offres commerciales dans les prochaines semaines. Principaux bénéficiaires : le Japonais Toshiba et le premier opérateur coréen SK Telecom, qui ont formé une joint-venture pour développer leur norme en Asie. Mais l'Europe ne serait pas définitivement distancée. L'Etsi a adopté le DVB-H, dérivé de la télévision numérique terrestre, comme norme européenne en novembre dernier, ouvrant la voie à des investissements massifs sur cette technologie.

En revanche, les Etats-Unis apparaissent un peu en retrait sur ce sujet : la société Qualcomm, déjà détentrice des licences sur les normes CDMA et CDMA2000, lancera cette année sa propre norme MediaFLO aux Etats-Unis et attend encore le feu vert pour l'exporter à l'échelle mondiale. Lancée dans une course contre-la-montre, elle compte mener une politique de prix agressive afin de séduire les opérateurs. Avec un gros avantage : cette technologie n'utiliserait que les réseaux cellulaires, ceux des opérateurs, contrairement au DVB-H qui implique également les télédiffuseurs. D'où des revenus plus alléchants pour les opérateurs mobiles. Mais, en France en tout cas, ceux-ci sont déjà dans les starting-blocks pour expérimenter le DVB-H (lire l'article du 08/03/2005).

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Les différents acteurs ne semblent donc pas prêts à opter pour un marché mobile mondial standardisé. Les négociations autour de la 3G avaient pourtant failli aboutir, les industriels japonais acceptant de collaborer avec l'Etsi pour imposer une norme commune. Mais, sous l'impulsion de Qualcomm, l'UIT avait finalement décidé de promouvoir une famille de normes. Pour la future télévision sur mobile, c'est de nouveau la loi du plus fort qui semble s'imposer.
 
 
Nicolas RAULINE, JDN Sommaire Mobile
 
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