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Dégroupage total : la Grande-Bretagne parée au décollage
BT a consenti à prendre des mesures pour favoriser l'accès à son réseau et a baissé les tarifs de son offre de dégroupage. Wanadoo est déjà à l'affût.   (27/06/2005)

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Dossier Dégroupage total
BT Group a finalement cédé à la pression concurrentielle après une année de conflit avec l'Office of Communications (Ofcom), l'autorité de régulation des télécommunications outre-Manche. Afin d'échapper à la menace d'un démantèlement, l'opérateur historique britannique a accepté de prendre des mesures exigées par le régulateur pour faciliter l'accès de ses concurrents à son réseau et de baisser le prix du dégroupage, autrement dit le coût de location de la boucle locale permettant aux FAI alternatifs de toucher directement le consommateur.

En avril 2004, l'Ofcom avait initié une enquête approfondie auprès des principaux acteurs du secteur de l'Internet, via une série de cinq questions clé parmi lesquelles celle de l'intérêt éventuel d'une scission entre les activités de vente au détail et celles de revente de gros sur le marché de l'ADSL de BT. Ses rivaux se plaignent, en effet, depuis longtemps du fait que BT Retail, la division grand public de l'opérateur historique, reçoive un traitement de faveur de la part de la division propriétaire du réseau. En février dernier, l'Ofcom avait donc menacé BT de renvoyer le dossier devant la Commission de la concurrence, qui aurait été amenée à statuer sur une demande de démantèlement.

Après avoir éludé les demandes d'action concrète du régulateur pendant plusieurs mois, BT a annoncé officiellement, jeudi 23 juin, la création d'une nouvelle division dont le mission est de garantir un accès transparent et égalitaire à la boucle locale de son réseau, également appelé pair de cuivre, dont dépendent les FAI alternatifs pour avoir la maîtrise de leurs offres de services haut débit. Baptisée Access Services, cette entité disposera de ses propres locaux et siège social, ainsi d'une marque distincte. Elle sera présidée par Carl Simon, déjà administrateur indépendant du groupe, et ses résultats seront placés sous la surveillance d'un "comité de l'égalité d'accès" composé lui aussi de membres indépendants. Si BT ne respecte pas ses engagements, ses administrateurs seront responsables sur le plan pénal et pourront être condamnés par la justice.

Autre concession, mais non des moindres, accordée par BT : la baisse du prix de revente de l'abonnement de 105 à 80 livres sterling (120,60 euros) ainsi que celui de la location mensuelle d'une ligne dégroupée de 8,75 à 6,70 livres (de 13,20 à 10,10 euros). Une mesure qui pourrait bien bouleverser le marché de l'ADSL britannique grand public.

Le prix du dégroupage au Royaume-Uni est 20 % supérieur à la France
Selon un benchmarking récent réalisé par l'Idate, le centre d'études et d'analyse des industries des technologies de l'information et de la communication, le coût technique du dégroupage par ligne et par mois au Royaume-Uni est de 15 à 20 % supérieur à celui pratiqué en France. En conséquence, le dégroupage tarde à décoller outre-Manche. Alors que la France totalise 152.000 lignes dégroupées totalement et plus de 1,8 millions de lignes dégroupées partiellement au 4 avril 2005 (source : Tableau de bord du dégroupage, Arcep), le Royaume-Uni ne compte pour sa part que 10.900 lignes en dégroupage total et à peine 6.000 de plus en dégroupage partiel (source : European Competitive Telecommunications Association, décembre 2004). Aujourd'hui, plus de 95 % des accès ADSL fournis par des opérateurs alternatifs outre-Manche sont établis à partir des offres de revente de gros en option 3 ou 5 de BT (lire l'article du JDN ADSL : options 5, 3, 1, kézaco ?).

"Comme tous les opérateurs historiques, BT a longtemps favorisé la baisse des prix de ses offres de référence sur le marché de la revente de gros plutôt que d'encourager le développement du dégroupage, explique Loïc Le Floch, en charge du marché du haut débit à l'Idate. De cette façon, les FAI alternatifs sont contraints de s'aligner sur les prix et les tarifs de BT pour leurs offres d'accès Internet. C'est un frein évident au dynamisme du secteur."

Wanadoo UK bientôt dégroupeur ?
Or le marché de l'ADSL britannique connaît un très fort développement depuis maintenant deux ans. Auparavant minoritaire face au câble, l'accès au haut débit via la ligne téléphonique est aujourd'hui deux fois plus important. Le Royaume-Uni compte un peu plus de cinq millions de lignes ADSL à mars 2005, contre 2,7 millions en juin 2004. Le nombre d'abonnés reliés à un DSLAM atteint donc une taille suffisamment importante pour que les FAI alternatifs envisagent d'investir dans le dégroupage total. D'autant que BT s'est également vu imposer, en début d'année par l'Ofcom, un prix des offres de gros, lui interdisant par là même de baisser ses tarifs, et ce jusqu'à ce que le nombre de lignes dégroupées atteigne 1,5 million.

A l'heure actuelle, seuls deux opérateurs ont commencé à investir dans la construction de leur propre réseau pour le dégroupage total : Cable & Wireless via sa division Internet Bulldog et Easynet. Tous deux commercialisent déjà des offres en dégroupage total, mais uniquement à destination des professionnels. Les nouvelles conditions tarifaires du dégroupage pourraient bien relancer le phénomène, notamment sur le secteur grand public.

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Dossier Dégroupage total
Tous les regards se tournent désormais vers Wanadoo, deuxième FAI outre-Manche avec près de 720.000 abonnés ADSL, et Tiscali, quatrième après AOL avec environ 500.000 clients haut débit. D'autant que la semaine dernière, une rumeur courait dans la presse britannique que France Télécom, la maison-mère de Wanadoo, envisageait de racheter Cable & Wireless. Une hypothèse immédiatement démentie par l'opérateur historique français. Mais quels que soient les projets de Wanadoo ou Tiscali, tous deux ont déjà une solide expérience du dégroupage, en France notamment.
 
 
Emilie LEVEQUE, JDN Sommaire Télécom-Fai
 
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