L'aménagement du territoire numérique par les collectivités
locales n'est plus un doux rêve, mais une réalité. Depuis le
vote de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN),
ces acteurs sont habilités à devenir opérateurs de réseau. Depuis, aux
quatre coins de France se multiplient les initiatives
publiques en matière de construction d'infrastructures et de
réseaux de télécommunications haut débit, sous forme de délégation
de service publique (DSP) à un prestataire privé - mode
d'intervention désormais permis par l'article L. 1425-1 du code
général des collectivités territoriales (CGCT).
Pionnier dans ce domaine, le projet Irisé, initié par le Sipperec
(Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les réseaux
d'électricité et de communication) en 2001, affiche une belle
réussite, tant financièrement qu'en termes de couverture
haut débit du territoire.
En s'imposant
comme une réponse au "constat de carence" établi en 1999 (article
L1511-6 du CGCT ), qui mettait en avant les disparités d'accès
aux infrastructures de télécommunications sur les 86 communes
entrant dans le champ du Sipperec, Irisé est historiquement investi d'une mission
d'aménagement du territoire. Créée le 6 avril 2001, la société
est détenue à 50,1 % par LDCollectivités (groupe Neuf Telecom),
à 34 % par la Caisse des dépôts et Consignations, à 10 %
par Telcité et à 5,9 % par Dexia. Irisé est le concessionnaire
du Sipperec jusqu'en 2019. Un contrat de prêt de 19,8 millions
d'euros a été signé le 12 mars 2002, entièrement financé par
les actionnaires de la société.
En 2004, pour la première fois depuis sa création, Irisé a enregistré
un résultat d'exploitation positif à 2,22 millions d'euros et
un résultat net positif à 1,15 million d'euros (contre une perte
nette de 2,4 millions d'euros en 2003). L'équilibre financier
ainsi affiché est en avance d'un an sur les prévisions de la
société. De fait, la filiale de LDCollectivités a multiplié
par 4,5 son chiffre d'affaires pour atteindre près de 7 millions
d'euros sur la période. "Ce résultat est le fruit d'un déploiement
rapide et rigoureux, relayé par un marché des télécommunications
dont les besoins en infrastructure se sont maintenus en 2004,
tirés par le développement de l'ADSL", indique Antoine Veyrat,
PDG de LDCollectivités et d'Irisé.
95 %
des offres ADSL alternatives utilisent Irisé |
Trois types d'acteurs sont concernés par cette croissance : les
clients opérateurs, les collectivités et les entreprises. Irisé
a ainsi tiré profit l'an passé de la montée en puissance des communautés
d'agglomérations, ou encore de nouveaux acteurs publics tels
que des réseaux universitaires ou des hôpitaux, qui se sont
appuyés sur le réseau concédé par le Sipperec pour équiper leurs
infrastructures internes en haut débit tout en réalisant des
économies substantielles par rapport aux tarfifs de France Télécom.
Les ZAC et ZAE (zones d'activités commerciales ou économiques)
sont également un maillon essentiel de l'activité d'Irisé. L'ensemble
de ces acteurs représente près de 40 % de la clientèle
du concessionnaire du Sipperec.
Le cur de l'activité d'Irisé demeure, à plus de 60 %,
les clients opérateurs et fournisseurs d'accès Internet (FAI),
qui branchent leurs équipements sur le réseau déployé par
LDCollectivités pour proposer leurs offres ADSL dégroupées à
leurs clients finaux. De Free à Neuf télécom, en passant par
de nouveaux entrants dans la dynamique du dégroupage tels que
Telecom Italia, Cegetel ou Club Internet, près de 95 %
des offres alternatives haut débit à destination des particuliers
ou des entreprises de la zone de la petite couronne parisienne
utilisent la fibre optique du réseau Irisé. "Le principal moteur
de la croissance d'Irisé est le décollage du dégroupage, confirme
Jacques Veyrat. Le déploiement d'Irisé en direction des répartiteurs
France Télécom constitue un axe stratégique et commercial fort,
tant la demande de fibre optique vers ces sites est importante
et urgente."
Prochaine étape : le dégroupage des sous-répartiteurs |
Au 31 décembre 2004, 64 répartiteurs de France Télécom ont été
raccordés en fibre optique sur le réseau Irisé, soit près de
1.240 points de raccordement. Le réseau Irisé s'étend sur un
total de 470 kilomètres de fibre optique, soit une couverture
de quatre millions d'habitants, de 270.000 entreprises et de
128 communes, dont les 86 adhérentes du Sipperec. "Irisé est
un bel outil d'aménagement du territoire. Nos habitants bénéficient
des meilleures offres d'accès ADSL dégroupées grâce au jeu de
la concurrence, se réjouit Catherine Dumas, directrice de la
communication du Sipperec. Reste l'épineuse question des débits
théoriques et réels, qui dépendent de l'architecture du réseau
de France Télécom."
Sur ce point, après avoir obtenu un avis favorable du
Conseil de la concurrence en décembre 2004, le Sipperec
et LDCollectivités font pression auprès de l'Autorité de régulation
des communications électroniques et des postes (Arcep) pour
obtenir le droit de dégrouper les sous-répartiteurs de l'opérateur
historique, afin de limiter la perte de débits liés à la longueur
des fibres entre le domicile du client final et le central téléphonique.
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