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Télévision interactive : Bruxelles pose les premières règles
La Commission européenne souhaite étendre le cadre législatif des contenus audiovisuels aux réseaux électroniques. Le début des grandes manœuvres.   (20/07/2005)

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Les conclusions préliminaires de la Commission sur la révision de la directive TVSF
Parmi les multiples révolutions engendrées par l'Internet haut débit, celle de l'image est l'une des plus prometteuses. A peine sur les rails, les offres de contenus audiovisuels sur IP ou sur mobiles suscitent déjà de grands espoirs de revenus financiers du côté des diffuseurs. Mais également des inquiétudes du côté des autorités publiques. S'il n'existe aujourd'hui que peu de programmes audiovisuels dédiés exclusivement aux nouveaux canaux de diffusion que sont les lignes ADSL ou les réseaux mobiles de troisième génération, et tout aussi peu d'utilisateurs, Bruxelles pour sa part ne doute pas de l'essor de ce phénomène à terme. Décidée à prendre le taureau par les cornes, la Commission a publié le 12 juillet dernier cinq propositions visant à élargir le cadre de la législation communautaire sur le contenu audiovisuel aux réseaux électroniques.

Ces conclusions sont tirées des travaux de quatre groupes de réflexion composés d'experts et de parties prenantes, dans le cadre de la révision de la directive "Télévision sans frontières" (TVSF) de 1989, qui établit le cadre réglementaire des activités de radiodiffusion télévisuelle dans l'Union européenne. Selon le bulletin publié par Bruxelles, le constat est sans appel : "le secteur audiovisuel européen connaît actuellement des changements considérables. Les opérateurs de télécommunications seront bientôt en mesure de fournir des services de radiodiffusion d'une qualité égale à celle de la télévision classique, et les fournisseurs traditionnels de contenus feront leur entrée sur le marché des télécommunications. Les consommateurs regarderont de plus en plus des contenus audiovisuels n'importe quand, n'importe où et sur n'importe quelle plate-forme technique (téléviseur, ordinateur, téléphone portable, assistant numérique personnel, etc.). Pour tenir compte de cette évolution, les dispositions actuelles de "Télévision sans frontières" devront être remplacés pas des règles modernes plus souples."

La première décision consisterait donc étendre la définition de "service de contenu audiovisuel" à la fourniture d'images par des réseaux électroniques. La commission propose de retenir deux niveaux de réglementation : l'un pour les services audiovisuels dits "linéaires", qui seraient soumis à des règles dérivées de celles de la directive TVSF mais "allégées et modernisées", et l'un pour les services audiovisuels "non linéaires", faisant l'objet d'une réglementation à étudier au cas par cas. Par services audiovisuels non linéaires, Bruxelles entend tous les services à la demande (vidéo à la demande, services d'information basés sur le Web, etc.). La notion de services audiovisuels linéaires couvre à l'opposé les services programmés sur lesquels le téléspectateur n'exerce aucun contrôle sur le temps de transmission, ce qui inclut non seulement la télévision traditionnelle, mais également la diffusion sur le Web en streaming.

Certaines propositions recueillent d'ores et déjà l'unanimité parmi les acteurs concernés, comme le respect d'obligations fondamentales portant sur la protection des mineurs et de la dignité humaine, la garantie d'un droit de réponse ou encore l'identification des communications commerciales. D'autres, plus contestées, pourraient bien influencer de manière significative le futur paysage audiovisuel des nouvelles technologies de la communication.

Obligation de diffuser des oeuvres européennes
L'une des pistes de réflexion de la Commission porte notamment sur la promotion des productions audiovisuelles européennes et indépendantes. Selon les articles 4 et 5 de la directive TVSF, les organismes de radiodiffusion télévisuelle doivent réserver de leurs temps de d'émission une part minimale de 10  % aux productions indépendantes et une part majoritaire aux œuvres européennes. La question est de savoir si la logique des articles 4 et 5 de la directive doit couvrir les services non linéaires, comme la vidéo à la demande.

"Les services non linéaires offrent de plus en plus de contenus audiovisuels présentant un potentiel élevé du point de vue des parts de marché et des bénéfices. Par conséquent, des entreprises de taille moyenne (radiodiffuseurs) dont l'activité se déroule dans un environnement très réglementé en ce qui concerne les contenus qu'elles distribuent, doivent de plus en plus faire face à la concurrence d'entreprises généralement plus grandes (fournisseurs de services et opérateurs de télécommunications). Une possibilité de créer des conditions de concurrence plus équitables entre toutes les plates-formes de distribution consiste au moins à adresser, à l'échelon européen, un signal politique pour montrer qu'on attend des nouveaux services non linéaires qu'ils contribuent à la promotion des œuvres européennes. Une telle contribution est techniquement faisable, elle pourrait prendre la forme d'exigences relatives aux investissements ou au catalogue", estime pour sa part la Commission. Des voix s'élèvent cependant du côté des opérateurs de services IP qui qualifient cette contrainte de "fardeau pour une industrie naissante".

Aucune limite quantitative à la publicité
L'autre grand volet de révision concerne la publicité. La directive TSVF comporte actuellement des interdictions sur des domaines de santé publique (alcool, tabac et médicaments). La question est de savoir si de telles règles doivent faire partie du socle commun de normes applicables à tous les espaces publicitaires audiovisuels. Les organisations représentant les annonceurs et agences de publicité, les radiodiffuseurs privés ainsi que les opérateurs de télécommunications estiment pour leur part que les communications commerciales audiovisuelles à la demande requièrent une protection moindre du consommateur. Les organisations de consommateurs et les radiodiffuseurs de service public sont favorables quant à eux à l'application des mêmes règles aux services non linéaires, compte tenu du temps passé par les jeunes devant Internet.

Au stade actuel du dossier, la Commission penche en faveur d'une application uniforme des règles actuelles sur les produits du tabac et l'alcool. En revanche, s'agissant des publicités relatives aux produits pharmaceutiques, une option pour les services de vidéo à la demande pourrait consister à autoriser une information objective, "suivant des normes établies par des organismes nationaux d'autorégulation de la publicité". Autre bonne nouvelle pour les annonceurs du Web : aucune limite quantitative ne semble se profiler pour les services non linéaires - contrairement aux services linéaires qui sont limités à 12 minutes de plages publicitaires par heure -, car "pour des services à la demande, de telles limites quantitatives font peu de sens", précise le rapport de la Commission.

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Cette consultation publique est ouverte à toutes les parties intéressées jusqu'au 5 septembre. Dans ce cadre, Viviane Reding, commissaire européen en charge de la Société de l'information et des médias, a reçu hier, mardi, une délégation de l'ACT (Association de la télévision commerciale en Europe). Présidée par Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, l'ACT regroupe vingt-cinq chaînes et opérateurs européens dont Canal Plus, M6 et RTL. Suite à cette consultation publique, la Commission présentera une proposition pour la nouvelle législation communautaire, d'ici la fin de l'année 2005.

 
 
Emilie LEVEQUE, JDN Sommaire Le Net
 
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