Le secteur du Wi-Fi
se structure. Sous la pression des usages grandissants, plusieurs
pure players commencent à rentabiliser leurs investissements.
Parmi eux, Airmedis, à la fois opérateur et fournisseur
de services Wi-Fi, qui s'est spécialisé dès
sa création en mars 2002 sur le secteur de la santé.
Son fondateur Arnault Thouret avait senti que cette technologie
pouvait intéresser les établissements hospitaliers,
que ce soit pour leurs patients ou pour leurs besoins professionnels.
L'exploitation commerciale a débuté un an plus
tard, en 2003. Mais le vrai boom, Airmedis le ressent depuis
le début de cette année. "Sur les huit derniers
mois, nous avons enregistré une hausse de 50 %
du nombre de nos clients", indique Arnault Thouret. La
société compte aujourd'hui 35 établissements
clients. Elle a réalisé un chiffre d'affaires
de 495.000 euros sur le dernier exercice, clos en avril 2005,
soit une croissance annuelle supérieure à 100 %.
"Nous avons réussi à stabiliser
nos pertes, à 100.000 euros sur le dernier exercice,
explique le PDG d'Airmedis. Désormais, l'objectif est
de les ramener à une fourchette comprise entre 0 et 50.000
euros pour cet exercice, avec une nouvelle fois un chiffre d'affaires
doublé, à 900.000 euros fin avril 2006."
Si la rentabilité peut être atteinte dès
cette année, les dirigeants d'Airmedis la situent plus
sûrement pour l'exercice 2006 - 2007, où
le chiffre d'affaires tournerait autour de 1,7 million d'euros.
A moins qu'entre temps la société ne bénéficie
de la manne des appels d'offres dans le secteur public, qui
ne représente aujourd'hui qu'une part marginale de son
activité.
Jusqu'ici peu concernés par les NTIC, les hôpitaux
publics semblent en effet prendre aujourd'hui la mesure de leurs
besoins en connexion à l'Internet haut débit.
Airmedis annonce d'ores et déjà la signature de
plusieurs marchés publics dans les prochains mois. Toutefois,
la position dominante de l'opérateur et fournisseur de
services Wi-Fi lyonnais sur le secteur de la santé pourrait
bien être contestée.
"Un contrat portant sur un établissement public
de 4.500 lits permet de réaliser un chiffre d'affaires
équivalent à 30 cliniques", affirme Arnault
Thouret. Pas étonnant, donc, que les applications multimédia
en milieu hospitalier attirent aujourd'hui des acteurs venus
d'horizons très différents. Parmi les nouveaux
concurrents d'Airmedis, on distingue notamment des prestataires
audiovisuels, qui fournissent déjà aux hôpitaux
des services de télévision (Codiam, Locatel),
des spécialistes VDSL, ou encore des opérateurs
Wi-Fi généralistes tels que Walan ou Swisscom-Eurospot.
D'une position dominatrice - sa part de marché est évaluée
à 90 % sur le secteur de la santé - Airmedis
devra donc partager le gâteau. L'objectif est de conserver
une part de marché de 50 % cette année, puis
de se stabiliser autour de 25 à 30 % à moyen
terme. Malgré tout, l'optimisme est de rigueur. "Les
concurrents se mettent en ordre de bataille : c'est
à la fois une bonne et mauvaise nouvelle, indique Arnault
Thouret. Cela démontre que le marché est bel et
bien existant."
Pour remplir ses objectifs, Airmedis compte sur une gamme de
services étendue. La société a en effet
la particularité de combiner son rôle d'opérateur
Wi-Fi classique avec des fonctions de fournisseurs de services
et de conseils dans l'installation du réseau. Elle propose
ainsi une offre pour enfants, gratuite et financée notamment
par des associations et une offre seniors, à l'ergonomie
adaptée, avec du matériel tactile et un service
d'accompagnement.
Mais l'essentiel de ses activités se fait sur l'offre
Airmedis Patients, qui permet à la personne hospitalisée
d'accéder au réseau Wi-Fi à partir de son
lit d'hôpital, à l'aide d'une carte louée
à l'établissement, et sur les services aux professionnels,
qui déploient et uniformisent le réseau dans l'ensemble
de l'hôpital. Le personnel soignant peut alors accéder,
par exemple, aux dossiers médicaux sur le réseau
sécurisé. L'interlocuteur unique de l'opérateur
reste l'établissement, qui lui cède en général
une concession de cinq ans, puis lui redistribue une partie
des ventes de cartes réseau (dans le cas d'Airmedis,
environ 80 %).
Autre axe de la stratégie de la société : ouvrir
des antennes dans les grandes régions, afin de se rapprocher
au maximum des clients. Initialement basée à Lyon,
Airmedis a depuis ouvert une antenne à Paris puis à
Pau. Une autre devrait voir le jour dans l'Est de la France,
à Nancy ou à Strasbourg, puis dans la région
nantaise pour couvrir l'Ouest du pays. Enfin, signe du regain
d'activité, les effectifs de la société
ont doublé en l'espace d'un an, passant de quatre personnes
mi-2004 à huit salariés aujourd'hui.
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