JDN.
Vous venez d'officialiser le rachat de Gandi. Comment s'est finalisée l'opération
? Stéphan Ramoin. C'est une idée
qui a germé dans mon esprit il y a quelques années déjà.
Entre temps, j'ai fait partie de l'équipe qui a créé le département
hébergement et enregistrement de noms de domaines chez Lycos, que nous
avons réussi à porter au quatrième rang européen.
Gandi a toujours été, pour moi, un modèle, éthique
et visionnaire. Aussi, quand j'ai su que les actionnaires de Gandi cherchaient
un repreneur, j'ai foncé. J'ai quitté mes fonctions chez Lycos et
monté un projet de rachat. Eirik Petterson et Joe White, qui ont créé
Moonfruit, un outil de création automatique de sites, m'ont rejoint dans
ce projet. Puis un investisseur américain, Warren Stephens, a trouvé
notre projet génial. Ce projet, c'est celui de créer un grand groupe
indépendant et alternatif dans l'enregistrement et tout ce qui peut graviter
autour. Le respect et la confiance des anciens dirigeants de Gandi nous ont permis
d'empocher la décision. L'opération se monte à 13,35 millions
d'euros. C'est un investissement important, certes, mais pas irraisonné
quand on sait que Gandi fait 5,5 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 1,2
million d'euros de bénéfice net, et a 5 millions d'euros de trésorerie.
Quel est votre plan pour redynamiser
Gandi ? L'objectif est d'abord de garantir l'indépendance
et les principes de Gandi. Pour constituer ce grand groupe alternatif dont nous
rêvons, il faut bien sûr développer les activités. Dans
le domaine de l'enregistrement, cela passera notamment par une activité
de registrar
du ".fr" et du ".eu". Ensuite, rien ne nous empêche
de développer les services associés. Et dans ce domaine, le spectre
est large. Nous réfléchissons à l'éventualité
de faire de l'hébergement. On peut aussi creuser l'idée de services
supplémentaires pour nos clients professionnels. Enfin, nous ne proposons
pas, pour l'instant, de vraie solution d'e-mail. Il n'est pas impossible que nous
nous penchions sur la question. Mais, dans tous les cas, si nous ne sommes pas
en mesure d'apporter une vraie valeur ajoutée ou si l'activité n'est
pas en adéquation avec les valeurs de Gandi, nous n'irons pas. Toutefois,
nous pouvons d'ores et déjà annoncer une grosse surprise, qui sera
une première mondiale et qui devrait arriver avant la fin de l'année.
Sans oublier que nous avons déjà augmenté la taille des effectifs,
qui sont passés de 7 à 12 personnes et que le site devrait être
refait d'ici quelques semaines. Et que répondez-vous
à ceux qui craignent de voir mourir le projet Gandi ?
Pour nous, Gandi est une icône, un exemple. Cela fait dix jours que
je suis arrivé et tous les jours je redécouvre le dévouement
et le professionnalisme du personnel de Gandi. Nous allons faire en sorte que
cette icône retrouve tout son éclat. Bien sûr, nous sommes
des managers, nous nous rémunérons sur les marges dégagées,
donc le but est aussi de développer l'activité, mais nous ferons
en sorte que cela se fasse en harmonie avec les valeurs historiques de Gandi.
Et puis nous continuerons à explorer l'open source. Pourquoi pas aussi
faire ensuite du caritatif ? Et le jour où Laurent Chemla ou Valentin
Lacambre [anciens dirigeants associés de Gandi] se lancent dans
un projet agitateur d'idées, dans l'édition ou dans le journalisme,
par exemple, nous les accompagnerons volontiers. |