| En
savoir plus | |
Dossier VoIP |
Ni Yahoo, ni Microsoft, ni même News Corp... C'est eBay qui emporte
l'enchère sur le logiciel de téléphonie sur IP Skype. Une
victoire qui va se payer... très chère. eBay pourrait être
amenée à débourser quelque 4,1 milliards de dollars, soit
3,3 milliards d'euros, pour prendre possession du fameux logiciel de VoIP.
Les deux sociétés affirment vouloir bénéficier de synergies, mais semblent également
compter sur le potentiel de développement que présente l'activité de Skype Technologies.
Depuis le début d'année, eBay a déjà annoncé plusieurs
acquisitions majeures, telles Gumtree.com, un site britannique de petites annonces,
Opusforum en Allemagne, et Shopping.com, le comparateur de prix, témoignant de
sa volonté de privilégier une croissance externe. Cependant, l'acquisition de
Skype est sans commune mesure. eBay déboursera dans un premier temps 2,6 milliards
de dollars, soit 2,1 milliards d'euros, pour racheter l'ensemble des actions du
fournisseur de VoIP dont le siège est basé au Luxembourg. A cela,
s'ajoutera 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) si Skype tient ses objectifs
financiers à l'horizon 2008 et 2009. Cette acquisition constitue ainsi sa plus
importante opération financière, dépassant de loin le montant de 1,5 milliard
de dollars versés pour l'achat de PayPal en 2002 (lire l'article
du 09/07/02).
Selon différentes sources, cette transaction a été emportée
à l'arrachée par eBay alors même que Yahoo convoitait lui aussi le logiciel.
Début août, des négociations entre Skype et News Corporation (Rupert
Murdoch), qui proposait 3 milliards de dollars (2,43 milliards d'euros), n'ont
pas abouties, selon l'Independant on Sunday. Le coût de cette acquisition
peut paraître exorbitant et générer une nouvelle inquiétude des marchés financiers
qui boudaient la valeur depuis le début de l'année (lire l'article
du 22/07/05). Certains analystes estiment par ailleurs que eBay pouvait développer
en interne une plate-forme de même nature, comme l'a choisi Google via le développement
de sa messagerie instantanée Google Talk. C'est un tout autre calcul
que réalise Meg Whitman, PDG d'eBay, s'inscrivant en faux par rapport à cette
analyse. Pour elle, l'équation eBay + PayPal + Skype signifie un outil
d'e-commerce, de micro-paiement et de communication inégalé. Des synergies sont
facilement imaginables étant donné qu'un accord avait été signé en juin entre
PayPal et Skype afin de permettre aux utilisateurs du service de téléphonie sur
Internet de régler via ce système de paiement sécurisé. L'objectif d'eBay est
donc limpide. Selon la place de marché, la nouvelle équation des
trois activités doit générer plus de ventes, de nouvelles
opportunités et de nouveaux revenus issus d'un nouveau marché en plein
essor : la téléphonie sur IP. Bien qu'encore jeune (la société
a été créée en août 2003, lire l'article
du JDN), Skype a vu son nombre d'utilisateurs se démultiplier, passant
de 4,1 millions d'utilisateurs au premier trimestre 2004, à 32,9 millions au premier
trimestre 2005 et à 44,1 au deuxième trimestre 2005. Cela représente une moyenne
de 150.000 nouveaux inscrits par jour à travers les 225 pays dans le monde
où la technologie est disponible.
Sur cette base de clients, quelque 2
millions sont abonnés aux différents services payants proposés par l'éditeur.
C'est précisément sur cette activité - transformer ses
utilisateurs gratuits en consommateurs de services premium - que Skype compte
pour amplifier de manière exponentielle son chiffre d'affaires. La société,
qui a enregistré un chiffre d'affaires de 7 millions de dollars en 2004, brigue
une fourchette comprise entre 50 et 60 millions de chiffres d'affaires en 2005,
et plus de 200 millions pour 2006.
| En
savoir plus | |
Dossier VoIP |
A l'annonce de cette acquisition, l'action de eBay a reculé
de 1,9 % à 37,9 dollars peu après l'ouverture de la bourse, témoignant d'un accueil
quelque peu mitigé de la part du marché. La tendance s'est toutefois infléchit
en cours de séance. A 21h heure française, l'action affichait un
gain 1,11 % sur le marché du Nasdaq. |