Estimé à quelque 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel par le GFII (Groupement
français de l'industrie de l'information), le marché de l'information
électronique professionnelle apparaît, à première vue, assez hétérogène. De multiples acteurs, répartis en sept segments, y sont présents :
l'information économique et financière, l'information scientifique,
juridique, marketing, ou multi-sectorielle. Malgré un visage
disparate, tous ont pourtant un point commun : ils se
sont développés, et ont connu une première période de forte
croissance dans les années 80 grâce à la télématique. Mais depuis, un autre canal de diffusion s'est
imposé : Internet. Comment les fournisseurs d'information
professionnelle ont-ils pris le virage du Web ? Et dans
quelle mesure l'entrée dans ce deuxième âge des NTIC a-t-elle
bouleversé leurs modèles économiques ?
Les
sites d'informations sur les entreprises en chiffres |
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Societe.com |
Infogreffe.fr |
Kompass.fr |
BIL/D&B |
Base
de données
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3,2
millions d'entreprises (Base de données INPI)
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2,5
millions d'entreprises immatriculées auprès des greffes
de tribunaux de commerce français
|
1,8
million d'entreprises dans le monde dont
160.000 en France
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100
millions d'entreprises dans le monde, 7,5 millions en
France
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Services
gratuits
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Données
statutaires et financières sur les entreprises et les
marques, alertes e-mail
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Données
légales de base, inscription au service d'e-veille
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Coordonnées
de l'entreprise, descriptif complet pour les annonceurs
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Non
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Services
payants
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Bilan
détaillé, dépôt des marques, actes légaux, statuts, cartographie
des dirigeants
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Kbis,
état d'endettement, privilèges et nantissements, bilans,
statuts et actes, consultation des alertes e-mail
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Fiche
complète des entreprises, accès à l'extranet
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Données
juridiques et légales, analyses financières
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Clients
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80.000
clients premium
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18.000
abonnés; 25.000 membres
|
5.500
abonnés
|
14.000
clients
|
Revenus
|
- CA
2005 : + 15 %,
- 80 % de revenus e-commerce, 20 % de revenus publicitaires
|
- CA
2005 : 10 millions d'euros,
- 100 % de revenus sont issus du e-commerce
|
- CA
2004 : 27 millions d'euros,
- 65 % de revenus publicitaires, 35 % sur les
abonnements
|
- 50
millions de CA pour le groupe Bil D&B en 2005, dont 7 %
issus du minitel et 0,7 % sur Internet via Verif.fr
|
Audience
|
437.000
visiteurs uniques en juin 2005*
|
145.000
visiteurs uniques en juin 2005*
|
182.000
visiteurs uniques en juin 2005*
|
Sites
en accès restreint (Extranets)
|
Article
JDN
|
|
Lire |
Lire |
Lire |
Source
: Journal du Net, septembre 2005 *Nielsen NetRatings |
Bien installés depuis vingt ans sur le minitel,
les services de diffusion de données légales, juridiques ou
financières sur les sociétés n'en ont pas moins bien accueilli
l'avènement du Web, en déclinant, pour la plupart,
dès la fin des années 90, leur service télématique sur Internet. Est-ce à dire, comme pour d'autres secteurs, que le
minitel est mort et enterré ? Rien n'est moins sûr. Pour
certains acteurs en effet, le minitel résiste bien à la pression
du Web. C'est notamment le cas
d'Infogreffe dont le premier site date de 1997. 55 % des
revenus du GIE des greffes des tribunaux de commerce proviennent
aujourd'hui encore des deux services télématiques 3614 et 3617
Infogreffe. "La migration vers le tout Internet est une évolution
lourde, surtout dans les grandes structures d'entreprise ou
dans les administrations", explique Dominique Marolleau, directeur
d'Infogreffe.
Internet,
premier canal de diffusion auprès des grands comptes |
Un constat que partage également Thierry Asmar, directeur général
du groupe d'information financière et commerciale pour les entreprises
BIL/D&B : "Nous avons du mal à faire migrer certaines cibles
sur Internet. Sur le minitel, les utilisateurs ont l'impression
que la consultation de la base est gratuite." Les cibles en
questions sont en grande majorité les PME ou les TPE. Les grands
comptes, qui représentent plus de 50 % de la clientèle
de la filiale de Fininfo, accèdent volontiers à l'offre de BIL/D&B
via les technologies du Web. En conséquence, Internet constitue
le premier canal de diffusion d'informations du groupe, mais
par un biais spécifique, des Extranets dédiés qui impliquent
dans leur utilisation l'ouverture préalable d'un compte client.
Chez Kompass également, l'Internet a pris le pouvoir. La filiale
BtoB de PagesJaunes, qui cible les chefs d'entreprise et les
professionnels des achats, réalise aujourd'hui 55 % de
son chiffre d'affaires en ligne. "Tous nos produits et nos développements
basculent aujourd'hui vers le online", confirme Daniel Mathieu,
directeur marketing chez Kompass France. Mais là également,
la clientèle de la société se compose majoritairement de grands
comptes.
La typologie de la clientèle n'est pas un détail anodin. Gros
consommateurs en termes d'usages et de volumes, les grands comptes
sont généralement enclins à passer des contrats forfaitaires
de longue durée. Un modèle économique largement répandu parmi
les fournisseurs d'informations professionnels. 99 % des
revenus commerciaux de Kompass France proviennent ainsi des
ventes d'abonnement pour la consultation de la base de données.
Infogreffe réalise, pour sa part, les deux tiers de son chiffre
d'affaires au travers de ses 18.000 abonnés. Autrement dit,
l'accès aux informations professionnelles est majoritairement
facturé offline. Sauf exceptions : les pure players.
Multiplier
les solutions de micropaiement en ligne pour attirer les
PME |
A l'image de son grand frère - le FAI Free -, Societe.com
est un véritable trublion parmi les fournisseurs d'information
électronique professionnelle. Déjà en 1999, son lancement avait
fait trembler le secteur. En adoptant initialement un modèle
gratuit, la filiale du groupe Iliad avait en effet très rapidement
gagné des parts de marché aux services télématiques de ses concurrents.
Si l'information gratuite n'a pas survécue à l'éclatement de
la bulle, le réflexe Internet, en revanche, semble acquis. Societe.com
réalise quasiment 100 % de son chiffres d'affaires sur son
site via un système de paiement
à l'acte. Sans surprise, 98 % des entreprises clientes
de Societe.com sont des PME.
Conscients que les PME ont un usage et une consommation beaucoup
plus ponctuels de ce types de services, certains acteurs positionnés
premium multiplient les solutions de paiement à l'acte sur leur
site. Kompass.fr propose ainsi un système d'achat d'unités de
crédit par carte bancaire, de 95 euros pour 50 unités à 620
euros pour 500 unités. Ce mode de paiement ne représente toutefois
que 1 % du chiffre d'affaires de la société.
Infogreffe, en revanche connaît plus de succès. Six moyens de
paiement sont au total disponibles pour les non abonnés :
carte bancaire, portefeuille électronique, carte prépayée, compte
avec approvisionnement, système w-HA de paiement sur la facture
des FAI. Et ces efforts portent leurs fruits : de 20 %
en 2004, la part des non abonnés dans le chiffre d'affaires
du GIE va passer les 30 % cette année, tandis que le taux
de transformation des visites en achat a progressé de 6 points
à 40 %.
Si la conquête des utilisateurs ponctuels ne semble pas être
la priorité de tous, le Web, en revanche, en est devenue une. Les fournisseurs
d'informations sur les sociétés déclarent à l'unisson vouloir
monter en puissance sur Internet et tous les nouveaux développements
sont aujourd'hui centrés sur ce canal.
Car la diffusion d'informations ne suffit plus. Les services innovants que seul permet le Web et qui représentent un gisement de nouveaux revenus, sont devenus aujourd'hui un axe stratégique. En effet, pour la pulpart de ces société, leur volume de clients
semble avoir atteint un pallier de maturité, tandis
que les offres de données sont de plus en plus complémentaires.
Pour sa clientèle, Kompass France envisage ainsi de proposer
aux entreprises d'acheminer leurs appels d'offres en ligne.
Societe.com, de son côté, souhaite devenir un intermédiaire
commercial entre les entreprises en leur permettant d'entrer
en relation via le site. Quant à Infogreffe, le GIE nourrit
de grandes ambitions sur Internet. Il devrait mettre en ligne
dès 2006 une plate-forme de dématérialisation permettant aux
entreprises d'accomplir les démarches auprès des greffes directement
sur le site. |