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Accès Internet : 2005, l'année de la consolidation |
Plus de 9 millions d'abonnés haut débit en France fin 2005. Le marché exige un ticket d'entrée toujours plus élevé en termes d'investissements technologiques et marketing, qui a poussé à la consolidation du secteur.
(19/12/2005) |
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L'année écoulée, pour le marché de l'accès Internet, aura vu
la confirmation et la poursuite des tendances identifiées en
2004 : forte croissance du haut débit, enrichissement des
usages et des offres, hausse des débits
Mais 2005 aura
également réservé son lot de surprises, à commencer par la restructuration
des acteurs, leurs changements de stratégies industrielles, mais aussi
l'avènement des services de voix sur IP (VoIP) et l'émergence
des problématiques de consommateurs. Retour sur une année riche
en événements.
En cette fin d'année, un peu plus de quatre foyers sur dix peuvent
surfer à haut débit sur le Web. Selon l'Arcep (Autorité de régulation
des communications électroniques et des poste), le nombre
d'abonnés à l'Internet rapide dépasse les 9 millions à fin 2005,
soit 2,5 millions de clients de plus qu'à fin 2004. A l'inverse,
l'accès bas débit poursuit une rapide érosion, passant de 5,4
millions d'abonnés au quatrième trimestre 2004 à mois de quatre
millions fin 2005.
Cet essor résulte d'une triple dynamique du marché
: poursuite des montées en débit, avec l'évolution généralisée
des offres d'accès Internet en ADSL2+, innovation technologique
et marketing avec des offres couplant accès Internet, téléphonie
et/ou télévision sur ADSL, et stabilisation des tarifs à un
seuil plancher parmi les plus bas d'Europe, autour de 35 euros
l'offre triple
play.
Déjà sous le feu des projecteurs l'an passé, les fameuses "box"
ont de nouveau joué les stars de l'année 2005, avec les lancement
successifs de la Cbox (Cegetel), de l'Alice Box (Telecom Italia
France), et de l'AOL Box. Tous les FAI fournissent désormais
dans leurs packages un modem multimédia compatible ADSL2+ et permettant
de téléphoner sur Internet. L'essor des services de VoIP
est en effet l'une des tendances lourde de l'année écoulée.
Engouement
pour les services de VoIP |
Selon les derniers chiffres publiés par l'Arcep portant sur
le deuxième trimestre 2005, le nombre de lignes sur IP a progressé
de 27 % entre avril et juin, soit 400.000 abonnements supplémentaires
dans un délai de trois mois. Au total, au 30 juin dernier, le
nombre d'abonnements au service téléphonique sur IP frôlait
les deux millions. Sur la même période, les communications au
départ des services de VoIP ont totalisé près de 7 % du
volume total de communications sur les lignes fixes. C'est quatre
fois plus qu'il y a un an.
Un engouement que rencontrent également les offres de télévision
sur ADSL, dans une moindre mesure toutefois. Lancée par Free en
2003, adoptée par Neuf Telecom et Wanadoo en 2004, la télévision
sur ADSL avait séduit quelque 400.000 clients à la date du 30
septembre 2005. En 2005, seul Telecom Italia a rejoint le cercle
des fournisseurs d'accès d'offres triple play. Un club qui devrait
très prochainement accueillir AOL et Club Internet, dans le
courant du premier semestre 2006.
Mais le développement et la commercialisation de services innovants
telles que la télévision sur ADSL ou la voix sur IP, et ce à
des tarifs concurrentiels, exige une autonomie de l'opérateur
en termes de réseau et d'équipements. Cette autonomie, c'est
le dégroupage de la boucle locale, qui permet aux opérateurs
alternatifs de prendre en charge le réseau IP jusqu'à l'abonné
final. Or cette stratégie exige de l'opérateur d'importants
investissements dans la construction et le déploiement d'un
réseau propriétaire. Un ticket d'entrée si élevé qu'il pousse
à la consolidation du secteur.
D'importants
mouvements de consolidation |
Deux événements majeurs ont en effet coloré le paysage de l'Internet
cette année : le rachat de Tiscali France par Telecom Italia,
pour 266 millions d'euros, et la fusion entre Cegetel et Neuf
Telecom, qui a donné naissance au deuxième opérateur alternatif
sur le marché de l'ADSL français, le groupe Neuf Cegetel. A
moyen terme, les deux marques commerciales restes distinctes,
mais s'appuient désormais sur un réseau de transport de voix
et de données IP commun, permettant au groupe de réaliser des
économies substantielles quant à la reverse des coûts à France
Télécom.
De son côté, la marque Tiscali s'est effacée devant Alice. Preuve
de l'ambition de l'opérateur historique italien de prendre durablement
position sur le marché français de l'Internet : une enveloppe
de 500 millions d'euros sur trois ans, investis aux deux tiers
dans le développement de ses infrastructures de réseaux, le
tiers restant étant consacré aux activités marketing et communication
du groupe. Alice ambitionne ni plus ni moins d'intégrer le trio
de tête des fournisseurs d'accès haut débit d'ici à 2007.
Il n'est pas le seul. En juin dernier, après dix années de présence
sur le marché de l'Internet français, Club Internet a abandonné
sa stratégie de revente de services pour s'ouvrir au métier
d'opérateur de télécommunications. Sa maison mère, l'allemand
T-Online, a annoncé un investissement de 500 millions d'euros
d'ici 2007 dans le déploiement de son propre réseau IP sur le
territoire hexagonal. Club Internet ambitionne dès lors de devenir
l'un des trois premiers opérateurs alternatifs haut débit avec
15 % de part de marché sur le haut débit à plus ou moins long
terme.
Dans ce jeu de redistribution des cartes, seuls AOL et Tele2
ont choisi de ne pas investir dans le déploiement de leur propre
réseau, tous deux s'appuyant sur le réseau dégroupé de Neuf
Cegetel pour la fourniture de services haut débit. "Nous avons
fait les calculs pour construire un réseau en propre. Pour rentabiliser
cet investissement, il fallait que notre parc de clients Internet
atteigne les deux millions. Nous avons signé un accord avec
Neuf Cegetel pour être profitable à notre taille actuelle, résume
Carlo d'Asaro Biondo, PDG d'AOL. Ma conviction est que le prix
en France de l'accès n'est pas rentable, c'est un prix d'appel
pour vendre des services à valeur ajoutée. Les FAI qui pratiquent
des prix bradés misent sur l'augmentation de l'ARPU par abonné
via des services de téléphonie ou de télévision pour rentabiliser
leurs investissements."
Démocratisation du haut débit et poussée consumériste |
Depuis 2004, et sans relâche en 2005, les FAI se livrent donc
une inlassable guerre des prix, à grand renfort de communication
on et offline, dans laquelle l'augmentation de l'ARPU par abonné figure le
trophée. Et dans ce jeu de séduction, le consommateur est roi.
2005 est en effet une année charnière pour le développement
de l'accès à l'Internet haut débit, passé du statut de produit
de luxe à celui d'un bien de grande consommation. La cible
des FAI n'est donc plus limitée aux CSP+ adeptes des nouvelles
technologies, mais à la cellule familiale dans son ensemble.
En contrepartie, le niveau d'exigence des clients en termes
de qualité des services commerciaux est aujourd'hui plus élevé.
L'émergence des problématiques consuméristes est en
effet une autre tendance lourde de 2005 sur le marché de l'accès
Internet. En cause notamment, les clauses abusives des conditions
générales d'abonnement et les services de hotline. Lors d'une table
ronde en septembre dernier réunissant le ministre délégué à l'Industrie
François Loos et les associations de consommateurs, FAI et opérateurs
de téléphonie ont été priés de revoir un certain nombre de services
pour leurs clients.
La pression concurrentielle se joue donc désormais
sur tous les fronts : prix, débits, contenu des offres et service client.
Un véritable jeu de massacre dont tous les FAI ne sortiront pas
vivants. Car, comme l'a souligné Paul Champseur, président de
l'Arcep, lors des Journées Internationales de l'Idate en novembre,
"Le nombre de connexions haut débit ne pourra pas continuer
à doubler tous les ans. Le taux d'équipement des ménages en micro-ordinateurs,
soit environ la moitié des ménages aujourd'hui, constitue un
butoir."
Les mouvements de consolidation risquent donc de se poursuivre
l'année prochaine. Iliad, la maison
mère de Free - seul FAI à ne pas être adossé à un grand
groupe de télécommunications - , serait le premier sur
la liste des opéables. Parmi les scénarios, le nom de Bouygues
- seul opérateur mobile à ne pas posséder de FAI -
est le plus souvent évoqué. Malgré son jeune âge, Neuf Cegetel
fait également figure de proie. Les prédateurs potentiels :
SFR ou Deutsche Telekom.
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