Dégroupage total
Une expression désormais familière pour
bon nombre d'abonnés Internet français depuis que Free, précurseur,
a ouvert la voie en juin 2004. En moyenne, selon l'Autorité
de régulation des communications électroniques et des postes
(Arcep), 100.000 lignes ADSL font l'objet d'un dégroupage total
chaque trimestre. Soit un total de près de 400.000 lignes dégroupées
totalement dans l'Hexagone au 30 septembre 2005. Une progression
exponentielle qui s'explique par le fait que les autres fournisseurs
d'accès Internet se sont engouffrés, en 2005, dans la brèche
ouverte par Free. Tous à l'exception d'AOL. Un retard finalement
comblé.
Le filiale française du FAI de Time Warner a présenté jeudi
2 mars sa nouvelle offre d'abonnement en dégroupage total, couplant
accès Internet ADSL jusqu'à 18 Mbits/s et téléphonie illimitée
au prix de 29,90 euros par mois. Ces offres seront disponibles
à partir du 11 avril prochain.
Pourquoi un tel retard sur ses concurrents ? "On nous reproche
souvent d'être en retard, j'assume. Toutefois, nous ne voulons
pas utiliser nos clients comme testeurs", déclarait récemment
Carlo d'Asaro Biondo, PDG d'AOL France, lors d'un chat sur L'Internaute
Magazine (site édité comme le JDN par Benchmark Group, ndlr).
Attendre donc pour être sûr que le service soit de qualité et
que "tout fonctionne parfaitement, explique Laurence Bret, directrice
du marketing produits chez AOL, tant d'un point de vue du réseau
que du parcours du client, de la prise de commande à la mise
en service, en passant par la portabilité du numéro."
A la différence de la majorité des autres FAI alternatifs (Free,
Neuf Cegetel, Alice et Club Internet), AOL a en effet choisi
de ne pas investir dans le déploiement de son propre réseau
IP. "Nous avons fait les calculs pour construire un réseau en
propre. Pour rentabiliser cet investissement, il fallait que
notre parc de clients Internet atteigne les 2 millions. Nous
avons signé un accord avec Neuf Cegetel pour être profitable
à notre taille actuelle, résume Carlo d'Asaro Biondo, PDG d'AOL.
Ma conviction est que le prix en France de l'accès n'est pas
rentable, c'est un prix d'appel pour vendre des services à valeur
ajoutée. Les FAI qui pratiquent des prix bradés misent sur l'augmentation
de l'ARPU
par abonné via des services de téléphonie ou de télévision pour
rentabiliser leurs investissements." (lire l'article
du 19/12/05)
Le FAI américain s'appuie donc sur le réseau dégroupé de Neuf
Cegetel pour la fourniture de services haut débit dans l'Hexagone.
Les zones dégroupées totalement d'AOL couvrent 752 NRA (nuds
de raccordements d'abonnés) de France Télécom, soit environ
90 % du réseau dégroupé de Neuf Cegetel. AOL annonce
ainsi un taux de couverture de la population française de 50 %.
Ses offres en dégroupage total ne seront disponibles que pour
les abonnés haut débit disposant d'une connexion de 1 Mbits/s
minimum, soit 40 % de son parc clients (1,2 million de
clients à fin 2005).
Avec sa nouvelle offre haut débit en dégroupage total proposée
à 29,90 euros par mois, AOL s'aligne sur les tarifs de ses concurrents.
Ce tarif est notamment celui de Free, premier FAI alternatif
sur le marché de l'Internet français avec 1,6 million d'abonnés
ADSL à fin 2005. A une diffrence près : la télévision sur
ADSL.
Un chaînon manquant du triple play qui devrait s'ajouter dans
le courant de l'année 2006, ainsi qu'une offre de vidéo à la
demande (VOD) accessible depuis le portail AOL.fr. Le portail
confirme être en négociation actuellement avec des distributeurs
de contenus audiovisuels pour construire ces offres. La date
de lancement et le modèle économique - offre triple play
à prix unique ou télévision en option - sont gardés secrets.
"Comme nous arrivons plus tard sur le marché, notre offre audiovisuelle
sera différenciante et innovante", indique mystérieusement Laurence
Bret. |