ANALYSE
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Télévision mobile : la France ronge son frein
Réunis à Bercy, opérateurs, groupes audiovisuels, prestataires et pouvoirs publics ont fait le point sur les expérimentations en cours et les problèmes à résoudre. Il reste encore du chemin à parcourir avant les premiers lancements commerciaux, et la France risque de prendre du retard.   (06/03/2006)
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Définition DVB-H
Dossier Mobiles, la nouvelle génération
 
Nonce Paolini
Directeur général
Bouygues
Telecom
 "Les expérimentations, c'est bien, mais passons à l'action"
Deux solutions sont aujourd'hui possibles. L'une, la pire, serait d'utiliser les réseaux télécoms pour diffuser la télévision mobile ou d'utiliser le DVB-H comme complément de la 3G. On affaiblirait la qualité, les terminaux coûteraient cher. La deuxième, la meilleure et la plus simple, est de déployer immédiatement un réseau broadcast unique. Les investissements ne seraient pas délirants, surtout si l'on adopte une norme unique à l'échelle européenne et, éventuellement, si l'on regroupe tous les acteurs dans un consortium. Les expérimentations nous ont montré que la technologie est prête, il y a une forte demande. Pourquoi attendre davantage ? Les expérimentations, c'est bien, mais à un moment, passons à l'action !
 
Janine Langlois-Glandier
Présidente
Forum de la télévision mobile
 "Je suis certaine que le calendrier sera tenu"
La réunion de Bercy a apporté un certain nombre de réponses, techniques, juridiques et économiques. C'est donc une grande satisfaction. La vraie bonne nouvelle, apportée par TDF et confirmée par le CSA, c'est que des fréquences sont disponibles. Nous aurons un réseau dans la bande VHF. Après, il sera toujours temps d'apporter des corrections techniques pour compléter la couverture, peut-être via du Wimax ou du satellite, selon les régions. La loi, quant à elle, sera révisée en septembre. Je suis certaine que le calendrier sera tenu car la volonté politique est là, le gouvernement a compris qu'une large population était intéressée. Il faut enfin rappeler qu'il n'y a pas concurrence des réseaux. Je suis sûre que les services 3G, par exemple, se développeront eux aussi grâce au broadcast.
 
 
Bruno Thibaudeau
Directeur du développement
Canal Plus
 "Les usages vont se développer fortement"
Il semble qu'une forte volonté soit présente, chez tout le monde, pour développer la télévision mobile rapidement. De notre côté, nous avons constaté, via l'expérimentation que nous menons, que la demande est là. Les gens qui ont testé le DVB-H regardent la télévision 20 minutes par jour en moyenne. Cela va s'imposer de manière évidente dans les prochaines années. Il ne faudra donc pas trop attendre avant de la développer, et fournir aux gens des contenus de qualité.
 
 
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Définition DVB-H
Dossier Mobiles, la nouvelle génération
 
"Jusqu'ici, tout va bien" : c'est en quelque sorte le message qu'ont voulu faire passer les acteurs de la télévision mobile réunis cette semaine à Bercy, dans le cadre du Forum de la Télévision mobile. Un Forum qui avait été lancé en novembre 2004 par Patrick Devedjian. Les premières expérimentations, menées depuis l'automne dernier sont positives. La technologie est prête, les utilisateurs sont satisfaits (lire le bilan des expérimentations), et même disposés à payer pour de tels services. Aucune raison de s'inquiéter donc, a priori, pour les groupes de télévision, les opérateurs mobiles, les fabricants de terminaux, les opérateurs réseaux et les pouvoirs publics. Le ministre de l'Industrie François Loos s'est même félicité de l'avance de la France dans ce domaine.

Sauf que, si avance il y a eu, elle est en train de fondre. La Corée du Sud et le Japon ont déjà lancé commercialement la télévision mobile depuis près d'un an, sur la norme DMB. L'Italie s'apprête à le faire, via le groupe de télévision Mediaset, avec la norme DVB-H. Des expérimentations ont lieu en Allemagne, au Royaume-Uni, en Inde…

En France, en revanche, les lancements commerciaux risquent d'attendre. Un an dans le meilleur des cas. Ce qui commence à provoquer l'exaspération de certains (voir la position de Nonce Paolini, directeur général adjoint de Bouygues Télécom, ci-contre). Il faut en effet, avant de pouvoir proposer une offre cohérente, régler le gros problème de l'attribution des fréquences : la future télévision mobile n'empruntera plus le réseau de téléphonie mobile, comme c'est le cas en ce moment avec les services de TV live sur 3G ou Edge. Or, les fréquences sont des ressources rares et le CSA s'arrachait encore les cheveux, il y a quelques mois, pour trouver des fréquences libres. Les pouvoirs publics étaient donc attendus de pied ferme sur ce point.

Et le problème a été résolu, selon la présidente du Forum de la télévision mobile, Janine Langlois-Glandier (lire ci-contre), qui se réjouit de la volonté affichée lors de la réunion de Bercy de régler ces dilemmes techniques. TDF, qui coordonne l'une des expérimentations, assure d'ailleurs qu'un réseau multi-villes, appelé M7 pour Mobile 7 (globalement les 100 plus grandes villes françaises) sera disponible à très court terme. Des propos confirmés par le président du CSA Dominique Baudis.

Autre obstacle au développement de la télévision mobile : les questions juridiques. La nouvelle imbrication du monde de l'audiovisuel et des télécoms nécessite une adaptation de la loi, afin de définir les obligations de chacun dans le prochain système. Si, par exemple, les opérateurs mobiles deviennent diffuseurs, ils devront se soumettre aux mêmes obligations juridiques que les chaînes de télévision, en matière de protection du public par exemple. Le Ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a ainsi promis de présenter la question au Parlement en septembre prochain.

D'ici là, les protagonistes auront le temps de plancher sur le futur modèle économique de la télévision mobile, autre pomme de discorde. Il faudra sans doute des compromis pour assurer une distribution des revenus qui satisfasse tout le monde, même si la nouvelle réglementation pourrait y aider et définir qui fera quoi dans la nouvelle chaîne de valeur. Les opérateurs mobiles sont bien décidés à garder la main sur la distribution. Orange, par exemple, par la voix de son PDG Didier Quillot, a appelé les différents acteurs à plus de prudence sur le broadcast, en signalant que la télévision mobile existait déjà, en Edge et 3G.

Les opérateurs ont en effet plus de certitudes sur le haut débit mobile (Edge ou 3G), qui a séduit deux millions de clients jusqu'à aujourd'hui et qui leur permet de garder le contrôle complet de la distribution. Cas particulier : Bouygues, qui a moins investi sur son réseau haut débit (il lancera le HSDPA début 2007) et qui peut s'appuyer sur TF1 pour le futur réseau broadcast. Ceci explique peut-être cela...

Quoi qu'il en soit, les politiques semblent s'être emparés de l'affaire et ont réaffirmé leur engagement dans le dossier. Il faut dire que certaines estimations chiffrent le nombre d'emplois que la TV mobile pourrait engendrer à 10.000. Le développement du secteur est également lié au passage de l'analogique au numérique. Certains souhaitaient en effet accélérer l'extinction de l'analogique pour libérer des fréquences. François Loos a également appelé à mener une réflexion au niveau européen, afin que l'Union europeénne puisse imposer ses normes, à la manière du succès rencontré par le GSM. La Commissaire européenne en charge de la société de l'information, Viviane Reding, doit d'ailleurs examiner la question des normes le 8 mars prochain.

Si un premier calendrier semble donc avoir été établi, du travail reste à effectuer pour le respecter. Et comme si cela ne suffisait pas, Jupiter Research vient de publier une étude dans laquelle le cabinet relativise le poids de la télévision mobile. "Certains pays, comme l'Italie, la Finlande ou l'Angleterre vont lancer des offres commerciales en mode broadcast dès 2006, affirme Jupiter Research. Mais la télévision sur mobile ne sera pas un marché de masse avant plusieurs années. Trop d'inconnues affectent encore ce marché : choix du business model, rôle et positionnement des acteurs le long de la chaîne de valeur, création d'un ecosystème viable pour des contenus adaptés au mobile, allocation de fréquences et choix réglementaires." Autant de questions qui seront encore débattues, dans les prochains jours, au sein du Forum de la télévision mobile. Un nouveau point devrait être effectué le mois prochain. Histoire de ne plus perdre de temps.

  A LIRE EGALEMENT    

     Le bilan des expérimentations


Nicolas RAULINE, JDN Sommaire Mobile
 
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