"Le développement des usages des technologies de l'information
et de la communication dans les PME et les TPE est aujourd'hui
une opportunité parce que ces nouveaux usages sont sources de
réduction de coûts, de gains de productivité, d'innovation dans
les produits, dans les modes d'organisation et de commercialisation
(
) Nous ne pouvons pas laisser nos PME et TPE manquer le rendez-vous
de l'économie numérique dont dépend leur compétitivité et parfois
leur pérennité", a déclaré le ministre des PME, du Commerce,
de l'Artisanat et des Professions libérales Renaud Dutreil,
lors de la présentation le 6 mars des "Programmes Croissance
PME". Le premier des cinq programmes, "Compétitivité et performance",
comprend plusieurs volets consacrés à l'économie numérique.
Renaud Dutreil s'est appuyé sur les recommandations du groupe
de travail "Mission TIC & TPE" présidé par Olivier Midière,
dont le rapport final tire un bilan mitigé de la situation des
TPE face aux technologies de l'information et de la communication
(TIC). Selon ce rapport, intitulé "Objectif Economie Numérique
", "rares sont les TPE qui profitent aujourd'hui pleinement
de la valeur ajoutée offerte par les TIC. "
Si 93 % des PME disposent aujourd'hui d'un
accès à Internet, selon l'enquête de conjoncture annuelle de
BNP Paribas lease Group (lire l'article
du 25/01/06), dont 89 % via une connexion haut débit,
du côté des TPE, en revanche, la situation est nettement moins
favorable. Seules 65 % des très petites entreprises hexagonales
disposent en 2005 d'un accès Internet (source : 17ème Baromètre
IFOP-Fiducial de conjoncture des TPE, février 2005), ce qui
signifie que 840.000 d'entre elles restent encore totalement
coupées de l'économie numérique. Plus inquiétant encore :
65 % des TPE non connectées à la toile imputent cette situation
à une absence de besoin et 24 % à des difficultés pour
maîtriser l'informatique.
En ce qui concerne les entreprises connectées, 91 % utilisent
Internet d'abord pour l'envoi et la réception de courriers électroniques,
89 % pour rechercher des informations, 63 % pour effectuer
des réservations ou passer des commandes de fournitures courantes
et 62 % pour consulter leur compte bancaire. "Finalement,
note le rapport du groupe de travail, rares sont les petites
entreprises connectées qui utilisent le réseau des réseaux pour
dématérialiser leurs échanges avec leurs 5 pôles de relation
que sont les clients, les fournisseurs, les collaborateurs,
l'administration et les partenaires juridiques et financiers."
Mise
en place de modules d'initiation aux TIC |
De nombreux freins contribuent aujourd'hui à ralentir la diffusion
des TIC dans les TPE et PME françaises, parmi lesquels des freins
inhérents aux entreprises (pas de compréhension des impératifs
de l'économie moderne, doutes sur la valeur ajoutée réelle des
TIC, crainte et résistance au changement, etc.), des freins
inhérents à l'offre (pas de conseil ni d'assistance adaptés,
contraintes et coûts de mise en uvre, etc.) et des freins inhérents
à l'environnement institutionnel (problèmes récurrents de financement,
absence de politique publique à l'échelle nationale, manque
de soutien de l'Etat aux actions locales).
Cet état des lieux a conduit le groupe de travail "Mission TIC
& TPE" à émettre des recommandations qui visent à "insuffler
une réelle et nouvelle dynamique en matière de diffusion des
technologies Internet dans les PME et TPE." L'action du gouvernement
s'articule autour de deux axes.
Tout d'abord, faire connaître et expliquer les nouveaux usages
des technologies de l'information aux dirigeants de petites
entreprises grâce au "Passeport pour l'économie numérique".
Cette offre comprend une vingtaine de modules pratiques de découverte
et d'initiation aux TIC, délivrés gratuitement à tous les chefs
d'entreprise ou salariés dans des points d'accueil en France
(600 à terme). Objectif : délivrer au moins 200.000 passeports
d'ici deux ans.
7
millions d'euros investis sur deux ans |
Ensuite, favoriser l'émergence d'offres adaptées aux besoins
spécifiques des PME et TPE en matière d'équipements informatiques,
télécoms et Internet, de dématérialisation et de financement.
Le ministère entend ainsi travailler avec l'ensemble des acteurs
privés du secteur. Sur la base d'une charte d'engagement de
service pour les petites entreprises et d'une offre type, ces
acteurs privés se verront dès lors décerner un "label Passeport
pour l'économie numérique". Le ministère souhaite labelliser
3.000 DSI externalisés. Et pour faciliter l'accès à un financement
bancaire pour l'achat de produits TIC, le gouvernement promet
d'étudier avec OSEO et les banques des solutions de type crédit
bail ou location évolutive.
Le tout fera l'objet d'une importante campagne de communication
et promotion sur le terrain et dans les médias. Le ministère
des PME va investir sept millions d'euros sur deux ans au financement
de cette action. En termes de mise en oeuvre et de calendrier,
Renaud Dutreil a annoncé le lancement fin mars d'appels d'offres
afin de concevoir et réaliser les campagnes de communication,
produire les modules d'initiation. D'autres appels à candidature
interviendront en mai pour identifier les points d'accueil sur
le terrain. Un calendrier très serré qui devrait aboutir au
lancement opérationnel du programme à l'automne 2006. Le ministère
des PME va investir sept millions d'euros sur deux ans au financement
de cette action. |