Les licences WiMAX seront attribuées le 3 juillet prochain. Cette technologie d'Internet haut débit sans fil est un concurrent nouveau pour l'Internet par satellite dont les offres peinent déjà à percer en France. Philippe Boissat, secrétaire général de 3i3s (International Independent Institute for Space and Satellite Solution), institution indépendante fédérant les acteurs internationaux du satellite, explique pourquoi les deux technologies sont, selon lui, complémentaires.
JDN.
Le WiMAX représente t'il une menace pour le marché de l'Internet satellitaire en France ?
Nous ne craignons pas le WiMAX. Le débit des connexions Internet satellitaires surpasse celui offert par le WiMAX et des opérateurs tels que SkyDSL proposent des forfaits destinés au grand public à des tarifs tout à fait comparables à ceux de l'ADSL. C'est bien la preuve que le satellite est compétitif. Il faut considérer le WiMAX comme une technologie complémentaire au satellite et nous en assurons d'ailleurs la promotion. Il ne faut pas perdre de vue que c'est l'application qui déterminera le choix de l'outil à utiliser. Ainsi, le satellite permet par exemple de crypter les données qui transitent sur le réseau ce que ne permet pas le WiMAX. De ce point de vue il constitue un élément sécuritaire primordial. Autre exemple, dans le domaine de la santé, le satellite constituera un back-up essentiel lors d'opérations chirurgicales à distance. L'Internet par satellite est donc un marché de niche nécessaire et complémentaire. Le fait est que le satellite n'a pas bénéficié assez tôt d'une volonté publique forte de développement qui aurait permis de le démocratiser en abaissant les coûts des terminaux. En France, le satellite souffre en effet d'une mauvaise image historique et à mauvaise presse.
Quelles dispositions avez-vous prises pour corriger cette image ?
C'est très difficile ! Les opérateurs satellites sont des enfants gâtés. Leurs sources de revenus principales et acquises sont la météorologie et la télévision. En moyenne, l'Internet compte pour 3% de leur chiffre d'affaire. Ils n'ont donc pas intérêt à engager des commerciaux pour attaquer ce secteur ce qui aurait pour conséquence de réduire leur rentabilité et d'affecter leur cotation en bourse. C'est à ce stade qu'une coordination globale s'avère nécessaire.
Pourriez-vous donner des exemples de carences en matière de coordination globale?
L'année dernière, Ariane mettait en orbite le plus gros satellite de télécommunication du monde pour le compte d'un opérateur canadien et avec une grosse promotion du gouvernement. Ce satellite a atteint sa charge de communication maximale en 6 mois seulement. C'est la preuve que l'Internet par satellite a des débouchés. Sans prise de conscience nationale, j'estime que ce sont à moyen terme 2 500 emplois qui sont menacés dans ce secteur en France car les innovateurs préfèrent partir vers des pays plus volontaristes. Une ville comme Chartres, qui compte plus de 40.000 habitants a accédé au haut-débit l'année dernière seulement, et par ADSL, alors qu'il y a déjà près de 1.000 sites ruraux qui sont desservis par de l'Internet satellitaire bi-directionnel en France. Enfin aux Etats-Unis, les bureaux de poste sont tous connectés à Internet haut-débit par satellite. En France, seuls 20 % de nos bureaux de poste sont "ADSLisables". Et les autres sont toujours en attente.
Le Wimax sera à l'ordre du jour du prochain petit déjeuner de 3i3s qui aura lieu le 13 avril en présence du Ministre de l'aménagement du territoire, Christian Estrosi.
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