Le conseil de surveillance de l'Agence de l'Innovation Industrielle (AII) a décidé d'apporter son soutien au projet Quaero, un vaste programme européen de R&D portant sur la recherche et l'indexation de contenus multimédia, en lui accordant une enveloppe de 90 millions d'euros. Bien que le quasi monopole du moteur de recherche Google inquiète, il serait réducteur de ne considérer Quaero que comme une réponse a cette situation, puisque le projet vise un champ d'application bien plus large.
Le projet Quaero fait partie des cinq programmes mobilisateurs qui ont été sélectionnés par l'Agence de l'Innovation Industrielle qui, placée sous tutelle du gouvernement, vise à relancer la création et l'innovation industrielle en France. C'est lors de la première session de présentation des projets retenus, le 25 avril dernier, qu'une enveloppe globale de 236 millions d'euros a été annoncée. Quaero bénéficie d'une aide de 90 millions d'euros constituée pour 60 millions de subventions et pour 30 millions d'avances remboursables. Le complément financier sera apporté par les partenaires du consortium qui bénéficieront en retour des aides gouvernementales en proportion de leur apport. Le coût global du projet s'élève à 250 millions d'euros sur 5 ans.
Philippe Paban, directeur du programme Quaero, explique que le projet "permettra d'aider les différents partenaires à se développer sur le marché des solutions et services relatifs aux plates-formes multimédias." Ces entreprises jouent donc à fond la carte des synergies afin de développer leurs offres sur leurs marchés respectifs. A la question de savoir si ce soutien financier ne risque pas de déséquilibrer le marché en faveur des partenaires vis-à-vis de leurs concurrents nationaux, Philippe Paban explique qu' "il n'est pas exclu d'enrichir le panel d'experts par la suite". Les processus sont rodés et toute nouvelle sélection se fera sur le mode de la cooptation.
A ce jour, plus de vingt acteurs européens sont réunis sous l'égide de Thomson, chef de file du consortium qui en assure le pilotage et constitue l'interlocuteur privilégié de l'AII. Quaero fédère de grands groupes industriels français tels que France Télécom, des PME aux domaines d'expertise très pointus telles que LTU Technologies, spécialiste de la reconnaissance d'images (lire l'article du 14/04/06), ou le moteur de recherche Exalead, et des établissements publics tels que le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) ou encore l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et Automatique).
| Le programme s'organise autour de six applications |
Le programme Quaero, qui vise à offrir des solutions de recherche de contenu à la fois grand public et professionnelles, s'organise autour de six applications, chacune portée par l'un des membres du consortium. Au rang des applications B2C figure le moteur d'Exalead dont la technologie de recherche multimédia sera étoffée. France Télécom participera notamment à l'élaboration de services d'accès à du contenu multimédia en ligne par le biais de son portail Wanadoo, et depuis de multiples terminaux dont les téléphones mobiles.
Au chapitre B2B, Thomson sera le responsable du développement de fonctionnalités de gestion et d'agrégation multimédia destinées aux décodeurs numériques ADSL. Le groupe s'occupera également de gestion et de diffusion de contenus vidéo, problématique propre aux chaînes de télévision et à la post-production. L'INA s'appuiera également sur ses capacités de traitement vidéo afin d'optimiser la gestion du patrimoine audiovisuel. Enfin, Jouve améliorera sa plate-forme de numérisation et de reconnaissance de caractères à grande échelle, "projet auquel pourrait être associée la Bibliothèque Numérique Européenne", précise Philippe Paban.
Ces six applications seront impactées de façon transversale par deux projets technologiques : le "Centre des technologies" rassemblera sous une même coordination l'ensemble des établissements publics participants afin de centraliser les connaissances fondamentales ; et le "Corpus", piloté par l'INA, testera les applications développées afin de les valider grâce à sa riche base documentaire.
Le projet Quaero est programmé sur cinq ans. Des mécanismes de reporting interne permettront à l'AII d'apprécier l'avancée des travaux ainsi que leur taux de retour sur investissement à terme, puisque chacun des membres du consortium a également des objectifs commerciaux à atteindre.
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