Le duel annoncé entre Ségolène Royal et
Nicolas Sarkozy aura-t-il aussi lieu sur le Web ? Pour
l'instant seule Ségolène Royal dispose d'un site
Web propre, Désirs d'avenir. Nicolas Sarkozy, lui, utilise
le site de son parti comme porte-voix. Quelle est l'audience
de ces deux sites ? Les chiffres communiqués par
Médiamétrie/Netratings permettent d'en savoir plus.
Le site de l'UMP arrive pour l'instant en première position
avec 213.000 visiteurs uniques en mai 2006. Il est suivi par le site officiel
du Parti socialiste qui totalise 169.000 visiteurs uniques. Ségolène est à
la traîne, avec 139.000 visiteurs uniques*. L'audience des trois sites a progressé
fortement lors des derniers mois, alors que les différents partis
politiques et candidats n'hésitent plus à surfer
sur la vague du Web pour recruter, fidéliser et même fédérer
leurs adhérents. Quant aux autres éléphants socialistes,
ni le blog de DSK [Dominique Strauss-Kahn] ni celui de
Jack Lang n'affichent des audiences suffisantes pour apparaître
dans les classements de Médiamétrie/Netratings.
L'UMP a
saisi le premier l'intérêt du e-marketing pour faire
connaître son message politique et par là même son site u-m-p.org.
En septembre 2005, alors que la fréquentation de son site était
au même niveau que celle du site du PS (environ 70.000 visiteurs
uniques), le parti de Nicolas Sarkozy a lancé une campagne
d'e-mailing massive en partenariat avec les programmes consommateurs
Opt-in ou Maximiles. Celle-ci a touché trois millions
de personnes. Certaines d'ailleurs s'en sont offusquées et plaintes
à la CNIL qualifiant de spamming une telle pratique d'envoi
d'e-mails non sollicités, mais la commission n'a pas retenu leurs
arguments. Suite à cette opération, et malgré
ces désagréments, l'UMP a vu la fréquentation de son site multipliée
par quatre en septembre 2005 avec plus de 360.000 visiteurs uniques
L'UMP
exploite les leviers du e-marketing |
Depuis cet événement qui a fait couler beaucoup d'encre, tous
les deux mois environ l'UMP teste une méthode innovante de e-marketing
ou d'usage de l'Internet. Et ça marche : en novembre 2005,
au moment des événements en banlieue, l'UMP achète les mots
clés "banlieue" ou encore "arabe" sur Google pour afficher son
lien sponsorisé lors d'une recherche sur ses termes. La fréquentation
d'u-m-p.org passe alors brusquement de 120.000 à 281.000 visiteurs
uniques. En janvier 2006, le parti majoritaire
innove encore en lançant la première (et contestée) cyber-élection
de France. 48.000 adhérents sur 225.000 y ont participé et la
fréquentation du site, retombée de moitié en décembre, atteint
alors les 320.000 visiteurs uniques. L'UMP a semble-t-il réussi
avec ces méthodes à "fidéliser" une partie
de ses "prospects", car bien que baissant brutalement après
chaque action de communication, l'audience présente une hausse
globale depuis un an.
Quant au Parti Socialiste, il a lancé en mars 2006, au moment
du CPE, une campagne d'adhésion en ligne, assortie d'une promotion
sur la cotisation (à 20 euros). L'audience du site du parti
de l'opposition est montée en flèche, passant
à 184.000 visiteurs uniques contre moins du tiers un
mois auparavant. En outre, quelques 84.239 militants ont adhéré
au parti de gauche en deux mois, dont 20.000 les trois derniers
jours de mai d'après les chiffres du PS. Comme pour l'UMP
cette action a semble-t-il fidélisé les internautes puisqu'ils
étaient 170.000 à visiter le site du PS en mai 2006.
D'après une enquête du Secrétariat national aux TIC, les militants
seraient 43 % à suivre l'actualité politique via Internet.
L'enjeu suivant pour les partis politiques a donc été de transformer
ces visiteurs en e-acteurs de la campagne présidentielle. La
candidate potentielle de gauche Ségolène Royal l'a bien compris :
elle a ouvert son blog Désirs d'avenir en mars. En mai, le site
a atteint 139.000 visiteurs uniques, autant que le site du PS
en avril. Ce site mi-blog mi-vitrine lui permet à la fois de
diffuser son livre par chapitre et de créer ainsi l'événement,
mais aussi d'interroger ses militants, avec une volonté affichée
de les impliquer dans la construction de son programme politique.
Des méthodes qui rappellent étrangement celles utilisées par
les agences de communication et les marques sur le Web pour
se rapprocher des clients et les fidéliser.
L'UMP n'a pas tardé à riposter en lançant
les plates-formes de blogs Cyber-militant et Blog militant à
destination des e-sympathisants. Un blog UMP (ouvert sur Typepad
le 12 juin dernier) complète le dispositif. Nicolas Sarkosy,
semblant prendre exemple sur DSK, y diffuse son actualité politique
et permet les commentaires des visiteurs sans utilisation de
la modération. La France va-t-elle rattraper les Etats-Unis ?
En 2004, Howard Dean (candidat à la candidature démocrate)
avait organisé sa campagne via le réseau du site de rencontres
jeune MeetUp.com et les chaînes de blogs de militants.
*Les résultats « user centric » de Médiamétrie étant inférieurs à la limite statistique, la tendance se doit toutefois d'être confirmée par les résultats de juin.
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