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Augmentation des tarifs postaux : le CtoC pénalisé ? |
Le 1er mars, La Poste a augmenté certains de ses tarifs et en a supprimé d'autres, mettant en difficulté des vendeurs professionnels. La confusion perdure depuis trois mois dans le monde du CtoC français.
(03/07/2006) |
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La révolte gronde. Le secteur du CtoC, porté par le succès d'eBay et autres PriceMinister, est en colère contre La Poste et ses nouveaux tarifs. Révisés en mars 2006, ceux-ci ont créé une grande confusion ces derniers mois sur le marché de la vente en ligne entre particuliers et de TPE à particulier. Plusieurs tarifs sont concernés : les tarifs intérieurs français, d'abord, dont les plus bas, qui permettaient d'envoyer des objets de moindre valeur comme des DVD ou des T-shirts, ont été supprimés (Coliéco et lettre suivie), mais aussi les tarifs internationaux pour lesquels il s'agirait plutôt d'une erreur de communication, mais qui perdure.
En outre, d'après les retours des vendeurs utilisant le service de mise en relation entre particuliers de PriceMinister et de David Chauvin, le e-commerçant qui a fait éclater le scandale, les employés de La Poste se montreraient particulièrement curieux sur le contenu des enveloppes envoyées au tarif lettre. Ils se permettraient ces indiscrétions afin de "forcer la main" à leurs clients pour qu'ils paient le tarif le plus élevé, outrepassant ainsi leurs attributions.
Un porte-parole de La Poste justifie l'abandon du tarif Coliéco au profit du Colissimo par une demande de qualité accrue de la part des clients. Selon lui, très peu de clients utilisaient encore le tarif Coliéco. En revanche, il dément formellement tout problème au niveau des tarifs internationaux. Une nouvelle offre de suivi a en effet été lancée pour les envois internationaux, mais elle ne remplace pas l'ancienne offre (sans suivi) qui reste toujours d'actualité. A la Poste, on évoque toutefois une confusion des guichetiers qui, ayant reçu la circulaire annonçant ces nouveaux tarifs (+ 300 % du prix d'origine), l'auraient appliqué en remplacement de l'ancienne sans que cela leur soit expressément demandé. Au niveau de l'indiscrétion et de la différence de traitement constatés entre les guichets, La Poste met en avant le rôle de conseil de ces derniers et une formation spécifique à ce niveau là.
Les commerçants, eux, ne décollèrent pas. Le dirigeant de la TPE Dadawan, David Chauvin, un petit e-commerçant faisant 50 % de son chiffre d'affaires à l'étranger, principalement aux Etats-Unis et en Europe, explique pourquoi il a lancé le débat auprès d'une centaine de TPE du e-commerce : "les tarifs internationaux ont augmenté pour certains de plus de 300 %. Pour des petits commerçants comme moi qui n'ont droit à aucun tarif préférentiel et vendent en plus des objets bon marché [David Chauvin vend des tee-shirts à 23 euros en moyenne ndlr], c'était tout bonnement inadmissible
J'ai donc contacté La Poste avec le soutien de plusieurs autres e-commerçants : on m'a répondu que les anciens tarifs restaient valables mais qu'apparemment les guichetiers n'étaient pas au courant. Si je n'étais pas intervenu, je pense que ça n'aurait pas changé".
Par ailleurs, David Chauvin précise que la circulaire expliquant aux employés l'attitude à suivre vis-à-vis des anciens et des nouveaux tarifs a mis plus de trois semaines à leur parvenir, et que dans certains bureaux de Poste, l'application du tarif suivi pour l'international serait encore systématique.
Du côté des sites de mise en relation entre particuliers, Pierre Krings, directeur des opérations chez Price Minister, confirme la confusion qu'a provoquée sur le site la suppression brutale et sans communication préalable du Coliéco et de la lettre suivie permettant aux vendeurs d'envoyer des objets de faible valeur (DVD, CD) : "De nombreux vendeurs se sont plaints de l'indiscrétion des postiers quand ils envoyaient leurs CD au tarif lettre en passant par le guichet qui essayaient de leur forcer la main pour le Colissimo, mais aussi de la différence de traitement en fonction des guichets".
Le site a adapté la grille tarifaire de remboursement des frais de port, mais cela n'est toujours pas satisfaisant pour les acheteurs : ils ne souhaitent pas payer le prix d'un Colissimo pour un objet dont le prix est très bas et risquent donc d'aller voir ailleurs. Price Minister a même été plus loin en saisissant le médiateur du Service Postal Universel. Celui-ci leur a donné raison, car selon une directive européenne, chaque usager de la Poste a le droit d'accéder au tarif le plus bas. "Pour la paix civile, il faudrait qu'il y ait un moratoire en attendant que La Poste s'adapte et propose des solutions adaptées". Le site y travaille et essaie aussi, tout comme son concurrent 2XMoinsCher, de négocier un tarif spécifique, Mais, selon Pierre Krings, "la situation a du mal à évoluer rapidement." Il compte donc aussi sur une mobilisation des vendeurs pour défendre leurs droits.
Par ailleurs la société a signé un partenariat avec Chronopost pour obtenir un tarif négocié. Plus adapté aux objets onéreux et aux vendeurs "Grands Comptes", celui-ci leur permet d'imprimer directement leur étiquette d'envoi qu'ils n'ont pas à payer puisqu'il est encaissé directement par Price Minister.
A priori, donc, La Poste semble avoir quelques difficultés pour s'adapter aux évolutions du commerce entre particuliers et entre TPE.
Mais certains bruits indiquent qu'elle pourrait bientôt y remédier en proposant un tarif spécifique. En Belgique, il existe par exemple une différenciation entre les lettres automatiquement traitées et celles qui ne peuvent pas l'être, ainsi qu'un troisième tarif spécifique aux colis, ce qui réduit les facteurs de conflit.
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