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L'accessibilité, pourtant au cur de la définition du Web 1.0 (Tim Berners Lee, W3C, 1996) a été ensuite quelque peu oubliée des concepteurs du réseau mondial. Mais, arrivé à un certain niveau de maturité, le Net se rationnalise petit à petit et commence à respecter une certaine norme, séparant la forme du fond, ce qui permet au plus grand nombre de pouvoir surfer librement. La notion d'accessibilité se concrétise, par petites touches. En France en 2005, une loi a ainsi été promulguée afin de rendre accessibles l'ensemble des services publics. Fortes de cet exemple de l'Etat, certaines entreprises privées ont souhaité rendre leurs services Web accessibles.
C'est le cas de Groupama.
Avec un service client au cur de l'activité, le secteur des banques et des assurances a été le premier à s'intéresser à l'accessibilité de ses sites Internet. A l'instar de Groupama, qui mettait en ligne le 20 juin dernier le nouveau site de sa fondation pour les maladies rares. Conçu avec la volonté d'être 100 % accessible à tous les handicaps, c'est, l'espèrent ses concepteurs, le premier d'une série.
A l'origine du projet, Philippe Rimbaud, responsable Internet de la direction de la communication externe, dont le père était non-voyant, ce qui l'a rendu particulièrement sensible aux problématiques d'accessibilité. "Avec un crédo basé sur les trois maîtres mots que sont solidarité, proximité et accessibilité, la mutuelle et ses dirigeants ne pouvaient qu'être à l'écoute et ils ont accordé un budget au projet", nous explique cet initiateur.
Un budget, qui bien qu'il ne nous ait pas été communiqué par Groupama, représente un tiers de plus que celui d'un site traditionnel non accessible. "La réalisation du site en elle-même ne coûte pas très cher, mais bien souvent il faut former les personnes qui vont l'alimenter", nous précise Manuel Ferly, directeur adjoint chez SQLI Agency, prestataire de cette réalisation.
En outre, lorsqu'il s'agit d'une refonte comme c'est le cas ici, les moyens sont plus conséquents que lorsque l'on prévoit l'accessibilité en amont de la conception.
Chez Groupama, les webmasters des sites axés vers la communication externe ont tous été sensibilisés aux aspects et enjeux de l'accessibilité, afin de prendre en compte cette dimension lors de la maintenance et la mise à jour des sites. Ainsi, le site de la Fondation Groupama représente un pilote, mais d'ici 2009, tous les sites de sa communication externe devraient suivre l'exemple. En septembre, le groupe prévoit en outre de rassembler les webmasters en charge des autres sites (banque et assurance) afin de leur insuffler cette dynamique.
L'ensemble des contraintes permettant de rendre un site accessible s'étend du graphisme aux contenus. Cependant, contrairement aux a priori, ce n'est pas au détriment de la qualité. Les personnes impliquées chez Groupama ont d'ailleurs été positivement étonnées par les contraintes imposées par l'accessibilité. Au niveau du contenu par exemple : un titre de texte plus court permet aux non voyants de le lire sur leurs plages braille, mais il est également plus percutant au niveau de son sens global. De même pour la longueur des textes.
Le principe de l'accessibilité consiste à rendre tout contenu disponible sous une forme textuelle. Ainsi, rien n'oblige à supprimer vidéos et autres animations Flash, mais les concepteurs doivent prévoir un texte permettant de décrire ces contenus. Enfin, il faut préciser que l'adaptation au handicap n'est pas la seule condition d'accessibilité d'un site. Il faut entendre ce terme comme un concept global de compatibilité avec tous les logiciels permettant d'interpréter le code HTML, des navigateurs Web en passant par les outils de gestion de contenus (CMS) jusqu'aux logiciels spécifiques à destination des personnes handicapées (Lire la tribune JDN solutions du 12/05/2005).
AccessiWeb a mis en place un référentiel dont chaque structure ou entreprise peut s'inspirer afin de réaliser un site accessible.
Pour Manuel Ferly de SQLI Agency, un prestataire spécialisé dans l'accessibilité depuis 2003, la mobilité représente un bon facteur d'accessibilité : "une fois qu'un contenu est disponible sur les mobiles et PDA, c'est qu'il est devenu a priori accessible au plus grand nombre". Après la normalisation et la mobilité, la prochaine étape sera de rendre accessible des sites de services (ventes en ligne, consultation horaires...) mais d'après lui, cela promet d'être plus complexe
Il nous laisse également entrevoir les implications que cette notion pourrait avoir dans le monde du travail, notamment en rendant accessibles les applications métiers. |
