|
Le Web 2.0 est en train de faire ses preuves par l'image. En avril 2006, le site américain de partage communautaire de vidéos YouTube réalisait une levée de fond de 8 millions de dollars auprès de Sequoia Capital, fonds d'investissement déjà partie prenante de Google ou PayPal aux Etats-Unis. Le français Dailymotion, qui propose un service similaire, s'apprête lui aussi à réaliser une levée de fonds dont la conclusion serait "imminente" selon Benjamin Bejbaum, co-fondateur de la société. La jeune pousse accélère donc son développement, avec l'international en ligne de mire, et un business modèle qui reste ouvert.
La plate-forme de partage de vidéo Dailymotion affiche une belle progression depuis ses débuts il y a un an. Le service compte plus de 350.000 vidéos hébergées à raison de 3.000 nouvelles chaque jour. "Notre objectif initial était de valoriser les créations personnelles des internautes" explique Benjamin Bejbaum, co-fondateur du service en avril 2005 avec Olivier Poitrey. Le site est avant tout un outil qui permet à de petites communautés de diffuser gratuitement des contenus vidéo à une large échelle. Chaque fichier ne doit pas excéder 150 Mo, mais le nombre de fichiers est illimité. Une formule gagnante puisque le service affiche une croissance de 70 % par mois depuis sa création selon son fondateur.
La diffusion en masse de vidéo à grande échelle n'est toutefois pas sans poser certains soucis techniques. A commencer par le besoin en bande passante, ressource primordiale pour une activité de réseau exigeant une qualité de service constante. Une contrainte technique qui a été maîtrisée dès le début par Benjamin Bejbaum qui avait déjà fondé à l'époque la société Iguane Studio, spécialisée sur l'hébergement de sites. "Je disposais de l'expérience nécessaire en matière d'achat de bande passante pour pouvoir négocier les prix" explique Benjamin Bejbaum. Un facteur déterminant dans le succès de Dailymotion qui vient d'ailleurs de réaliser un pic de consommation de 4 Gbit/s en voie montante.
Jusqu'à mai 2006 et l'arrivée des premiers annonceurs publicitaires sur le site, le service était autofinancé en partie grâce à l'apport de quelques business angels. "Il y a en ce moment une vraie excitation autour du partage vidéo communautaire, mais depuis notre création nous n'avons dépensé au total que 500.000 euros", relativise le fondateur de la plate-forme. Par ailleurs, en juin 2006, TF1 lançait WAT son site communautaire en partenariat avec Dailymotion qui apportait à la chaîne privée son savoir-faire technique. Un contrat très bénéfique puisqu'il permettra à Dailymotion de négocier sa bande passante à un coût encore moindre en raison des économies d'échelles réalisées sur les gros volumes de données échangés.
| Une levée de fonds estimée à 7 millions d'euros |
Ces faibles coûts de fonctionnement et la position de force de Dailymotion sur le marché français ont convaincu les fonds d'investissements de se rapprocher de la jeune pousse. Selon diverses sources, cette dernière s'apprêterait à lever 7 millions d'euros, montant non confirmé par Benjamin Bejbaum qui précise tout de même qu'il s'agira "d'une des plus belles levées de fonds françaises". Le contrat devrait se conclure de façon imminente. Le nom du fonds de capital risque n'a pas non plus été dévoilé. Benjamin Bejbaum est actuellement l'actionnaire majoritaire de Dailymotion avec moins de 50 % du capital.
Cette levée de fonds permettra à Dailymotion d'internationaliser son service en proposant des langues nouvelles pour son interface et en intégrant directement le service à l'étranger. Des nouveautés sont également en cours de développement, notamment au niveau de l'export et de la qualité des vidéos. Pour assurer le développement commercial de sa société, Benjamin Bejbaum a prévu d'embaucher 20 nouveaux collaborateurs avant la fin de l'année. Ils viendront renforcer l'équipe de 10 employés actuels. Parmi les priorités : les profils de développeurs informatiques et de responsables publicitaires.
Une indication sur le business modèle que Dailymotion entend donc adopter. "La publicité sera une source de revenus mais le modèle dans son ensemble reste ouvert", précise Benjamin Bejbaum. Il est d'ores et déjà prévu de rémunérer les créateurs de contenus en fonction du trafic généré grâce à leurs vidéos et des revenus publicitaires globaux de la plate-forme. "Mais l'aspect communautaire reste primordial pour nous", conclu Benjamin Bejbaum. |
Dossier 
