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| Nokia prend le contrôle d'OD2 pour s'attaquer à iTunes |
| Nokia entre de plain pied sur le segment le plus dynamique du marché du téléchargement musical : le mobile. Le constructeur rachète Loudeye, maison mère de la plate-forme OD2, pour 60 millions de dollars.
(10/08/2006) |
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OD2, la première plate-forme européenne de musique en ligne en marque blanche, va passer dans le giron du premier constructeur mondial de téléphones mobiles. Nokia a annoncé l'acquisition de sa maison mère, Loudeye, pour un montant de 60 millions de dollars, soit 4,50 dollars par action. Plus que les opérateurs de téléphonie mobile, ce rachat viserait à concurrencer directement le site de téléchargement d'Apple, iTunes. Et permettrait à Nokia de développer les ventes de ses terminaux, tout en exploitant un nouveau relais de croissance : 40 % des revenus mondiaux de la musique digitale, en 2005, seraient attribuables à la vente sur terminaux mobiles.
Loudeye avait racheté le britannique OD2 en juin 2004 pour 38,6 millions de dollars (lire l'article du 22/06/04). La société basée à Seattle, qui possède des bureaux en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Italie, emploie 130 personnes et a réalisé un chiffre d'affaires de 27,04 millions de dollars en 2005, pour une perte nette de 33 millions de dollars. OD2, fondée par Peter Gabriel en 1999, opère une soixantaine de plates-formes de téléchargement légal dans 20 pays en Europe, en Australie, en Nouvelle-zélande et en Afrique du Sud. Celles-ci, proposant un catalogue de 1,6 million de titres issus des majors et de plusieurs centaines de labels indépendants, sont exploitées par des partenaires tels que MSN, Packard Bell, M6, Alapage, MTV, Tiscali ou encore Coca Cola.
Nokia avait déjà tissé des liens avec Loudeye avant cette opération. En 2004, Loudeye avait ainsi annoncé un accord de "plusieurs millions de dollars" portant sur le développement d'une plate-forme de musique pour mobiles. Ce type d'accord s'est ensuite répété sur le secteur, avec le partenariat passé entre Napster et le suédois Ericsson en juin 2005.
Une évolution dans l'ordre des choses, la convergence ayant rapproché les fabricants des opérateurs, les opérateurs des fournisseurs de service, et les acteurs du mobile de ceux de l'Internet et de l'informatique. Les frontières deviennent de plus en plus floues, et il est intéressant de noter que Nokia a écoulé 40 millions de téléphones capables de lire les enregistrements musicaux en 2005 (sur des ventes totales de 265 millions d'unités), quand Apple a vendu 22,5 millions d'iPods la même année. Dans un communiqué, Nokia a indiqué avoir vendu entre avril et juin plus de 15 millions de téléphones dotés d'une fonction de baladeur musical, et espère en écouler plus de 80 millions sur l'ensemble de l'année.
| Le mobile tire le marché du téléchargement musical |
En rachetant Lodeye, le fabricant finlandais entre donc en concurrence avec Apple sur le marché de la musique mobile. Une évolution qui n'a rien de surprenant au regard des chiffres sur ce marché. Dans un rapport sur la musique digitale en 2005, l'Ifpi (fédération internationale de l'industrie phonographique) soulignait notamment l'importance cruciale du mobile sur le marché du téléchargement musical, en indiquant que les consommateurs ayant déjà acheté une sonnerie de portable étaient trois fois plus nombreux que ceux ayant déjà téléchargé légalement un titre en ligne. En France, le marché de la musique mobile s'est même développé plus vite que le téléchargement en ligne. Ainsi, il a représenté plus de la moitié des ventes numériques au premier semestre 2005. Au Japon, les revenus générés par la musique sur mobile entre janvier et septembre 2005 ont totalisé 211 millions de dollars.
Qui plus est, la musique est également un des moteurs de l'adoption de la 3G pour les utilisateurs. Le fabricant finlandais, qui annonce le lancement d'un nouveau service de téléchargement pour 2007, espère ainsi parallèlement doper les ventes de sa nouvelle gamme de téléphones multimédia Nseries. Vendus comme des "ordinateurs multimédia", ils permettent d'accéder à des contenus photo, vidéo et musicaux. Une gamme qui se rapproche donc de plus en plus des baladeurs multimédia, tels que ceux de iTunes ou Creative.
| Nokia - Apple : le combat des titans |
Comme Apple, Nokia possède désormais à la fois les compétences hardware et software pour conquérir le marché du téléchargement musical mobile. De plus, il collabore déjà avec Microsoft, client de Loudeye via MSN, sur le téléchargement simultané sur PC et mobile. Et, si l'absence de marque forte, comparable à iTunes (OD2 n'est qu'une marque blanche), est un handicap certain pour Nokia face à Apple, le constructeur dispose d'un atout considérable : il travaille déjà avec la plupart des opérateurs mobiles de la planète, alors que la firme à la pomme doit d'abord négocier avec ces derniers avant de rendre son service accessible aux mobiles.
En effet, la vente en directe aux consommateurs est un exercice risqué pour les opérateurs de services mobiles. Nokia l'a expérimenté à ses dépens lorsqu'il a lancé Club Nokia, un portail Web de téléchargement de sonneries, logos, jeux et autres services mobiles. Il s'est alors heurté à l'ire des opérateurs et a été obligé de transformer son club en service communautaire non marchand. Il est probable qu'il ne commettra pas deux fois la même erreur et préférera cette fois passer des accords avec les opérateurs afin qu'ils distribuent Loudeye, comme il l'a déjà fait avec O2 en Allemagne.
On notera toutefois que bien que concurrents sur le terrain de la musique mobile, Nokia et Apple sont partenaires depuis 2005 dans le cadre du développement de logiciels de navigation pour l'Internet mobile.
Le rachat de Loudeye, qui ne porte que sur les activités internationales de Loudeye - les actifs américains ont été vendus en mai dernier à Muze pour 11 millions de dollars -, devrait être achevé au quatrième trimestre 2006 selon Nokia. L'annonce de l'opération a fait bondir le titre de Loudeye (coté au Nasdaq depuis 2000) de plus de 144 % mardi à 4,33 dollars, alors que l'action végétait en dessous de 1 dollar depuis plusieurs semaines en raison des pertes de la société. Ce qui l'avait justement obligée à entamer un processus de cession, qui s'était d'abord concrétisé par la revente d'une partie des activités à Muze. |
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