Sur le secteur des fonds d'investissements IT actifs dans les
premiers tours de financement, Access2Net fait figure de survivant.
Créé en février 2000 par feu Fi System, webagency disparue en
2003, la société de capital-risque spécialisée dans le logiciel
applicatif d'entreprise a dissocié son destin de celui de son
créateur. Le fonds, qui a réalisé ses premiers bénéfices en
2005 et possède des participations notamment dans Sidetrade
et Excentive, poursuit son développement avant une introduction
prochaine sur Alternext. Il a réalisé en août une levée de capitaux
de plus de 500.000 euros par exercice de bons de souscription
d'action sur le Marché libre.
L'augmentation de capital a été lancée le 13 juillet et s'est
clôturée le 27 du même mois. 66.741 actions nouvelles ont été
créées, pour une levée de fonds de 533.928 euros. L'opération
a renforcé le flottant, qui passe de 49,7 % à 52 %
du capital. L'augmentation de capital poursuivait un double
objectif : la croissance du capital flottant dans une logique
boursière et la poursuite de la politique d'investissement d'Access2Net,
dans la mesure où la société a choisi la voie du marché boursier
pour lever les capitaux nécessaires à son activité. Le principal
actionnaire institutionnel du fonds, à hauteur de 17 %,
est Prado Finance, qui a racheté en février dernier les titres
qui étaient encore détenus par Fi System, dans le cadre du plan
de cession des actifs de la webagency.
Access2Net
fait partie des rares fonds d'investissement à opérer en early
stage (amorçage et premiers tours). Sur le secteur des logiciels
d'entreprise, avec un objectif de ticket moyen de 300.000 à
400.000 euros, il joue dans la même catégorie que TechFund ou
NextFund par exemple. Par rapport aux gros fonds institutionnels
comme I-Source ou Sofinnova, qui investissent des montants beaucoup
plus élevés et participent également aux tours late stage,
Access2Net a choisi un positionnement de niche.
"Nous choisissons des sociétés qui n'ont pas besoin de grosses
sommes pour leur développement, en prenant en moyenne 15 à 20 %
du capital, indique Pierre-Yves Dargaud, associé gérant d'Access2Net.
Mais c'est un marché de défrichage, qui oblige à intervenir
très en amont, sur des niches. A ce stade, notre logique est
de rester sept à huit ans au capital, le temps que la valeur
se crée, et non pas de revendre nos parts au bout de deux ou
trois ans en encaissant une plus value plus faible mais rapide.
A la base, nous sommes des industriels, pas des financiers.
L'équipe d'Access2Net vient du monde informatique, et nous privilégions
le relationnel avec les entrepreneurs."
Premiers
bénéfices en 2005 |
Afin de ne pas être pénalisé dans les pactes d'actionnaires,
du fait de cette contrainte de temps, Access2Net choisit dans
l'idéal des sociétés qui n'auront pas besoin d'être refinancées
avant une cession ou une introduction en Bourse, et renforce
quand elle le peut ses participations en procédant à des échanges
de titres. C'est ce qu'elle a fait avec Sidetrade et plus récemment
avec Navigaïa, tour-opérateur spécialisé dans les voyages culturels.
En juin dernier, le fonds a ainsi racheté les parts de 14 business
angels en émettant de nouveaux titres.
Le portefeuille du fonds comprend une trentaine de sociétés,
dont la croissance moyenne est ressortie à 16 % en 2005.
La société réalise deux à quatre investissements par an. L'année
dernière, elle a ainsi investi 500.000 euros dans Excentive,
Prylos, Soffilog, et Relasoft. Elle a généré ses premiers bénéfices
en 2005 : le résultat net s'est établi à 40.823 euros pour
l'exercice, contre une perte de 433.944 euros en 2004, en partie
grâce à une plus-value de 330.000 euros dégagée suite à la cession
de 30 % de sa participation dans Sidetrade, première entreprise
de son portefeuille à s'introduire en Bourse.
Mais, la société se montre plus optimiste sur les perspectives
en termes de fusions acquisitions que d'IPO. "Sur le secteur
du logiciel d'entreprise, les valorisations ne sont pas extraordinaires
sur Alternext, précise Pierre-Yves Dargaud. Ce n'est pas non
plus le secteur le plus poussé sur ce nouveau marché. En revanche,
il y a eu au premier semestre 2006 plus de fusions acquisitions
que sur toute l'année 2005. En effet, les géants du logiciel
comme SAP ou Oracle ne produisent plus de croissance et les
marchés sont suréquipés chez les grands comptes. Ils cherchent
donc des relais de croissance en rachetant des applications
de niche, l'innovation n'étant pas leur marque de fabrique."
Access2Net, elle-même présente sur le Marché libre depuis janvier
2002, envisage de son côté de passer sur Alternext afin d'améliorer
la liquidité des titres pour les personnes physiques actionnaires.
Le conseil de surveillance de la société a entériné en mars
le projet de transfert à l'occasion d'une future augmentation
de capital. Mais avant cela, Pierre-Yves Dargaud estime nécessaire
de muscler encore la taille de l'entreprise et d'attendre un
deuxième exercice bénéficiaire. D'autre part, il ne souhaite
pas émettre des titres à une valeur "trop décotée par rapport
à l'actif net réévalué". En effet, l'ANR était estimé à 10 millions
d'euros au 31 décembre 2005, soit 11,15 euros par action, contre
une cotation actuelle de 7,68 euros. Le transfert devrait donc
attendre 2007. |