Le partage de vidéos sur mobile, réalité ou science-fiction ? Alors que François Léger, fondateur de la plate-forme Moblr, entièrement dédiée aux mobiles, annonçait il y a quelques semaines qu'il pensait atteindre les 150.000 membres d'ici la fin de l'année (Lire l'article du 31/10/2006), Wat et DailyMotion, deux des principales plate-formes françaises de partage vidéo ont signé avec CellCast Interactif pour la réalisation de leur version mobile. Qu'attendent-ils de cet accord ? L'usage du partage de vidéos sur mobile va-t-il se généraliser rapidement ? Quid des opérateurs mobile ?
A l'heure où les téléphones mobiles, en véritable couteaux suisses, proposent des fonctionnalités de plus en plus évoluées, notamment en matière de prise de vue photo ou vidéo, on pourrait s'attendre à ce que l'envoi de vidéos sur les sites de partage, ainsi que leur visionnage en situation de mobilité puissent rapidement se développer. Pourtant, quelques obstacles techniques bloquent encore le développement à grande échelle de cet usage : la norme 3G n'équipe pour l'instant que trois millions et demi de téléphones mobiles français. En outre, au niveau de la diffusion de vidéo en mode "streaming", une multitude de normes coexistent, comme le regrette Benjamin Bejbaum, directeur du site de partage vidéo DailyMotion : "Du côté des opérateurs, un effort reste à faire sur les standards de diffusion vidéo, qui sont pour l'instant trop nombreux et posent des problèmes de compatibilité."
C'est une des raisons pour lesquelles DailyMotion, contrairement à Wat, n'a pas privilégié le développement d'une plate-forme mobile dès le lancement de ses activités, bien que l'envoi de vidéos depuis un téléphone était déjà possible au moment de son lancement. "L'usage de l'Internet mobile n'est pas encore grand public, alors, même si nous encourageons cet usage et souhaitons l'élargir, nous privilégions pour l'instant le développement de la plate-forme Internet dont l'usage est beaucoup plus répandu", précise Benjamin Bejbaum. Sa plate-forme mobile devrait cependant voir le jour avant la fin de l'année 2006.
| Une audience mobile difficile à monétiser par la publicité. |
Il est vrai que pour se développer, ce genre de plate-forme doit disposer d'une large audience pour pouvoir mettre en place un modèle économique basé sur la publicité. Or pour l'instant, celle-ci est encore embryonnaire, ce qui explique en partie pourquoi l'usage du mobile comme support publicitaire n'est pas fortement encouragé. "Le marché de la publicité sur mobile n'est pas encore lucratif, et il n'est pas encore certain que le marché publicitaire, tel qu'on le connait sur le Net se développe sur mobile", commente François Pelissier, le fondateur de Wat. D'après lui, les annonceurs seraient timides sur ce format, car il n'est pas considéré comme suffisament impactant.
De fait, même si Wat se veut "une plate-forme d'échange vidéo multi-support" selon les termes de François Pelissier et qu'à ce titre, il dispose d'une version mobile depuis le 28 juin 2006, l'heure est avant tout à la pédagogie. "Il est pour l'instant difficile de savoir comment va évoluer cet usage. Pour le moment, nous devons donc, en priorité, éduquer les internautes à l'utilisation des services mobiles de Wat, et, avec le volume, viendra la publicité", explique le fondateur du site. Ainsi pour favoriser l'envoi de vidéos par le biais des mobiles, Wat ne surtaxe pas l'envoi des MMS (ou d'e-mails sur Bouygues Telecom) vers sa plate-forme, contrairement à Skyblog par exemple, qui facture 30 cents d'euro supplémentaires par envoi au coût de l'opérateur.
Plus que pour consulter ou envoyer des vidéos, les membres de Wat plébisciteraient en priorité l'usage de l'Internet mobile pour consulter leur espace personnel. Wat a également mis en place un système d'alertes SMS optionnel qui prévient l'auteur d'une vidéo lorsqu'un commentaire est déposé par un autre membre, mais il ne serait pour le moment utilisé que par une minorité de membres.
Le chemin à parcourir jusqu'à l'explosion de ce service apparaît donc encore relativement long à parcourir. TF1 dispose toutefois dans cette course d'un avantage indéniable : la plate-forme mobile de Wat devrait en effet être rapidement relayée sur le portail I-Mode de Bouygues Telecom, lui assurant ainsi une forte visibilité. Ce qui n'est pas le cas de DailyMotion dont la version mobile devrait sortir avant la fin de l'année 2006. La société n'a pas pour l'instant signé d'accord avec Orange ou SFR. Cependant, son fondateur se dit prêt à s'associer à un opérateur mobile, à condition que celui-ci ait un "volume intéressant" de clients abonnés aux services 3G. Orange, qui revendique près de 2 millions de clients haut débit et s'intéresse fortement au développement de contenus pourrait être intéressé...
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