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Daniel Ichbiah : "Google propose des services gratuits, il est donc facile d'en changer du jour au lendemain"
L'auteur du livre «Comment Google mangera le monde», qui décrypte l'histoire du moteur de recherche, revient sur la philosophie des fondateurs et pose la question du vrai prix de la gratuité à long terme.   (12/02/2007)

JDN. La philanthropie affichée par les fondateurs de Google est-elle compatible avec les exigences de la Bourse ?
Daniel Ichbiah. Il est vrai que pour Sergey Brin et Larry Page l'argent a toujours été une motivation secondaire, ce qui n'a pas empêché Google de développer les véritables vaches à lait que sont Adwords et Adsense. Il faut bien voir que Brin et Page sont un peu baba cool comme l'étaient Steve Jobs ou Bill Gates dans leurs jeunes années, ils ont une véritable éthique. Brin et Page restent des gens bien, à la manière de Steve Wozniak, un des fondateurs de Apple, ou encore de Masaru Ibuka, le fondateur de Sony. Mais ils ont tous les deux été écartés et remplacés par des nettoyeurs moins philanthropiques qui ont avant tout cherché à générer plus de bénéfices en réalisant des coupes sombres.

Dans 60 ans, si tout va bien d'ici là, les fondateurs de Google auront 90 ans et seront eux aussi remplacés. Or Google n'est pas une fondation caritative et leurs remplaçants ne chercheront pas à poursuivre cette œuvre. Il y aura donc un jour un changement dans la philosophie Google. Tant que tout va bien, il est facile de rester exemplaire, mais on a pu apercevoir un début d'inflexion en Chine où ils ont dû faire des compromis pour ne pas être battus par Yahoo notamment. Pour le moment, les actionnaires encaissent les bénéfices à bonne vitesse donc il n'y a aucune raison que ça change tant qu'il en sera ainsi. Ce philanthropisme peut même être considéré comme une stratégie commerciale par certains financiers.

Comment Google pourrait-il s'y prendre pour "manger le monde" ?

Google a vite compris qu'il avait tout à gagner à être l'ami des internautes. Un peu comme un enfant a qui l'on donne des bonbons pour gagner son affection sans se soucier des répercussions chez le dentiste. Il se trouve qu'aujourd'hui, quand on n'est pas sur Internet on n'existe pas. Or Google est le point d'accès quasi unique aux informations du Web. C'est une dépendance qui constitue un facteur de risque important pour les sociétés. Il se trouve que Google a aussi une quantité de cash énorme et qu'il est donc capable de racheter toutes les sources d'informations complémentaires qui émergeraient, comme ce fut le cas avec YouTube, probablement au nez de Microsoft qui était aussi sur le coup. Google détient aujourd'hui une force de frappe incroyable mais qui reste entre les mains d'individus pacifiques. Qu'en sera-t-il demain ? Mes ennemis je m'en charge, protégez moi juste de Google.

Quelles sont les failles du système Google ? Ne risquent-ils pas de subir un jour une désaffection identique à celle de Microsoft sous le coup d'un effet de mode ?
Google propose des services gratuits. Il est donc facile d'en changer du jour au lendemain puisqu'il n'y a aucune barrière comme ça peut être le cas avec un opérateur de téléphonie mobile par exemple. La menace pour Google, ce sont les adolescents qui sont sensibles aux effets de mode. Google pourrait se retrouver ringardisé très rapidement sans que le levier marketing puisse y faire quelque chose. A ses débuts, Microsoft pouvait faire toutes sortes de bourdes médiatiques sans que les journalistes ne lui en tiennent rigueur. Ce n'est aujourd'hui plus le cas. Mais il faut signaler, et c'est assez surprenant, que les intellectuels ont bonne estime de Google malgré sa position dominante, alors que Microsoft est souvent opposé à Apple, plus petit, dans une configuration similaire.

 
 
Guillaume DEVAUX, JDN Sommaire Le Net
 
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