La consolidation du secteur français des télécoms devrait entrer
dans une phase décisive en 2007. Après les rachats des activités
Internet d'AOL par Neuf Cegetel et de Tele2 par SFR en 2006,
Club Internet pourrait bien à son tour changer de propriétaire.
Son actuel propriétaire, l'opérateur historique allemand Deutsche
Telekom, envisage de s'en séparer, selon des informations parues
lundi 12 février dans le quotidien économique Handelsblatt. Selon des sources industrielles,
la banque Rothschild aurait été mandatée pour explorer les différentes
options, y compris une vente, rapporte le quotidien économique
allemand. Club Internet et sa maison mère se refusent à tout
commentaire.
Si une décision devait être prise, elle pourrait intervenir d'ici quelques semaines, écrit
Handelsblatt. Probablement avant le 1er mars 2007, date de
publication des résultats annuels 2006 de Deutsche Telekom.
.
Ce n'est
pas la première fois, en effet, que des rumeurs de vente de
Club Internet animent le marché : en août 2004, Thomas
Holtrop, le président de T-Online, la filiale Internet de Deutsche
Telekom, déclarait en effet "envisager toutes les options stratégiques
pour Club Internet, dont la cession" (lire l'article T-Online
envisage de se séparer de Club Internet du 12/08/2004).
Au final, l'opérateur historique allemand a choisi de conserver
sa filiale et a investi quelque 500 millions d'euros dans le
déploiement d'un réseau IP en propre sur le territoire hexagonal.
Son ambition : devenir l'un des trois premiers opérateurs alternatifs
haut débit avec 15 % de part de marché sur le haut débit à plus
ou moins long terme (lire l'article Club
Internet met 500 millions d'euros sur la table du 08/06/2005).
Coût
estimé de la transaction : 300 millions d'euros |
Deux ans plus tard, Club Internet n'est pas le poids lourd souhaité
de l'Internet français : avec quelque 600.000 clients ADSL,
selon Handelsblatt, le FAI s'octroie à peine 5 % de part
de marché. Et la situation de Deutsche Telekom est loin d'être
rose sur son propre marché : le 28 janvier dernier, l'opérateur
télécoms a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour
l'année 2007, soit un Ebitda ajusté à 19 milliards d'euros au
lieu des 19,7 à 20,2 milliards d'euros initialement prévus,
en imputant cette situation à une forte concurrence en Allemagne.
Nommé en novembre 2006 suite au départ de Kai-Uwe Ricke, René
Obermann, le nouveau patron de Deutsche Telekom, s'est fixé
pour objectif de renouer avec la croissance. Un projet qui implique
de réévaluer la présence stratégique du groupe à l'international.
La vente de sa filiale française ne s'annonce toutefois pas
comme une affaire juteuse pour Deutsche Telekom. Racheté en
février 2000 à Lagardère par échange d'actions pour 1,4 milliard
d'euros, Club Internet est évalué aujourd'hui autour de 300
millions d'euros, indique le quotidien allemand.
Côté hexagonal, d'éventuels repreneurs sont déjà à l'affût.
Selon Handelsblatt, qui cite des sources industrielles françaises,
Free, Neuf Cegetel, Telecom Italia et des fonds d'investissements
auraient déjà fait acte de candidature.
Engagé dans son projet de déploiement d'un réseau d'accès en
fibre optique d'un milliard d'euros, le groupe Iliad semble
un candidat peu probable (lire l'article Free
va connecter ses abonnés en fibre optique du 11/09/2006).
D'autant que la stratégie de la maison mère de Free repose,
jusqu'à présent, sur sa croissance organique.
Neuf Cegetel, pour sa part, vient à peine de finaliser l'acquisition
de AOL France pour 288 millions d'euros, un rachat financé par
l'introduction en Bourse sur Euronext du groupe (lire l'article
Coup
d'envoi de l'IPO de Neuf Cegetel d'octobre 2006).
Quant à Telecom Italia France, dont la part de marché est similaire
à celle de Club Internet en France, son PDG Carlos Lambarri
a affirmé sa volonté d'investir durablement sur le marché français,
évoquant d'éventuelles acquisitions (lire l'interview
JDN de Carlos Lambarri du 11/12/2006). |