La note risque d'être salée pour Pixmania. La filiale vente en ligne de Fotovista a été la victime pendant de longs mois d'un trafic organisé de vol de marchandises. Une vingtaine de personnes, la plupart travaillant dans son entrepôt de Bretigny, sont mises en cause. Le stratagème était bien rôdé : des personnes extérieures à l'entreprise achetaient des produits sur le site. Pas chers et volumineux. Leurs complices, tenant des postes clés au sein du service logistique, réceptionnaient les colis et les bourraient de produits de valeurs. Les acheteurs les réceptionnaient ensuite pour les écouler.
"Nous nous sommes rendu compte de ces agissements en octobre dernier, explique Jean-Emile Rosenblum, PDG de Pixmania. A l'époque, cela faisait déjà plusieurs mois que le trafic durait". La police est alors appelée en renfort et décide d'organiser un flagrant délit pour prendre les voleurs la main dans le sac. Ce n'est que deux mois plus tard, en janvier, que le délit est constitué.
Les pertes pour le marchand en ligne sont d'un montant de plusieurs millions d'euros. "Nous n'avons pas une idée précise de ce que ça nous a coûté, nous sommes encore en train de calculer. Mais je ne pense pas que la fraude dépasse 1,5 % de nos revenus annuels", affirme le PDG. Selon les premières estimations, le montant de la fraude pourrait donc atteindre 8 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires 2006 de Pixmania attendu au dessus de 530 millions d'euros.
Pendant longtemps, les dirigeants n'ont rien soupçonné. "Il était compliqué de s'en rendre compte, explique Jean-Emile Rosenblum, la fraude n'a porté que sur une toute petite partie de nos flux, et en partie sur des produits qui n'étaient pas encore entrés dans nos stocks. Et les membres de l'organisation étaient difficiles à soupçonner, tant dans la logistique qu'au sein des services administratifs", analyse-t-il.
L'enquête suit son cours. La police travaille encore à identifier les différents réseaux par lesquels le matériel a été écoulé. Le groupe anglais DSG, propriétaire de 75 % de Fotovista, la maison mère de Pixmania a estimé que l'impact financier de ces problèmes effacera la contribution de sa division "marchés émergents" à son bénéfice.
En attendant de remettre en place une nouvelle organisation plus fiable, une quinzaine de salariés du siège de Pixmania ont installé leurs bureaux dans l'entrepôt de Bretigny. "Nous mettons en place de nouveaux contrôles et de nouvelles procédures pour que cela ne se reproduise plus", explique Jean-Emile Rosenblum, fataliste, à la recherche d'un nouveau directeur de la logistique.
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