Jeudi 2 septembre 1999
Le
gouvernement reconnait la valeur
de la signature électronique
Elisabeth Guigou,
ministre de la Justice, a présenté hier matin en Conseil des
ministres un projet de loi qui consacre clairement la valeur
juridique de la signature électronique. Le Garde des Sceaux
a reconnu que le commerce électronique constituait un enjeu
majeur tant pour les entreprises que pour leurs clients potentiels,
et qu'il était temps de moderniser notre droit aux nécessités
des échanges sur les réseaux électroniques, pour que la sécurité
des transactions soit garantie.
En fait, si le projet de loi a pu être décrit comme portant
sur la signature électronique, il va bien plus loin, puisque,
d'un point de vue juridique, il adapte le droit de la preuve
aux technologies de l'information, et définit la notion de
signature. Il s'agit là donc de modifications importantes
du Code civil.
Jusqu'à présent en France, contrairement aux pays anglo-saxons
en particulier, notre droit se caractérisait par la prééminence
de la preuve écrite, qui est traditionnellement assimilée
au support papier. Désormais (au tout du moins à l'issue du
vote de la loi), la preuve littérale sera indépendante du
support utilisé. Cette preuve peut résulter de "tout signe
ou symbole, quel qu'en soit le support, à condition qu'il
soit doté d'une signification intelligible". Le projet de
loi reconnaît donc à l'acte électronique signé la même force
probante que celle attribuée à l'acte sous seing privé sur
support papier.
Notons que ce texte exclut les "actes authentiques" devant
notaire, tout comme les mariages devant un officier d'état
civil. Mais il pourrait en revanche faciliter certaines procédures
administratives, comme le paiement des impôts en ligne.
Bien sûr, il reste à s'assurer que l'émetteur est reconnu
et authentifié, et qu'il provient d'une source identifiée.
Le dispositif que La Poste et la Sagem mettent en ce moment
au point (lire
l'article du JDNet) en est une première application
pratique.
Ces mesures, attendues, devraient favoriser le développement
du commerce électronique. Mme Chadelat, sous-directrice de
la législation civile au ministère de la Justice, souligne
qu'au-delà, ce texte a des implications quotidiennes, notamment
pour le contentieux lié aux mails, ou aux commandes à des
vépécistes sur le Web.
Bernard Siouffi, délégué général de la FEVAD (Fédération des
Entreprises de Vente à Distance) relativise quant à lui beaucoup
plus la portée de la mesure annoncée. Il reconnaît certes
que la reconnaissance de la signature électronique va permettre
de "dépoussiérer certaines procédures moyenâgeuses", et que
cela constituera un élément supplémentaire de sécurisation.
Mais il souligne de façon assez éloquente que les entreprises
de vente à distance réalisent 60 millions de francs de chiffre
d'affaires sur le net, et 6 milliards sur le minitel. Sur
le minitel, ce type de débat, ou de frein, n'a jamais posé
problème. Pour Bernard Siouffi, "dans la vente à distance,
la confiance est déjà la règle". Et il aurait préféré à
tout prendre une harmonisation des taux de TVA.
Quant au projet de loi, aucune date de présentation devant
les assemblées n'est encore prévue. Mais le cabinet d'Elisabeth
Guigou assure que les mesures devraient être votées avant
l'été 2000.
[Rémi Carlioz,
JDNet]
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