Fondateur d'Aquarelle.com, une site de vente
de fleurs, Henri de Maublanc, un vétéran
du minitel, est aussi le président de l'Association
pour le commerce et les services en ligne (Acsel).
Cette double casquette lui a permis d'aborder de nombreux
sujets avec les lecteurs du JDN : son site, les fleurs,
la relation-client et le marketing, le e-Commerce en
général....
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Invité
: Henri de Maublanc, PDG d'Aquarelle.com
et Président de l'Acsel (voir
sa fiche Carnet) |
Date
: Mercredi 26 février, 18h-19h05 |
Nombre
de questions posées : 107 |
Nombre de questions
retenues : 25 |
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Henri de Maublanc : Bonsoir.
En quoi la loi sur l'économie
numérique pourrait "mettre certains acteurs du e-Commerce
en difficulté" ?
Henri de Maublanc Pour le moment, la loi est
plutôt faite pour faciliter le développement
du e-Commerce. On peut cependant contester certains
aspects du projet, notamment dans les étapes du e-Mailing.
La loi numérique fait-elle avancer
les choses ?
Cette loi, qui porte le nom de Confiance, a pour objectif
de répondre aux différentes questions qui sont posées
par le développement des nouvelles technologies et qui
peuvent modifier la vie quotidienne des particuliers
ou des entreprises.
Dans l'ensemble, le projet en matière de commerce électronique
retranscrit la Directive européenne et donc, beaucoup
de points sont là pour cette retranscription. Il nous
semble qu'en matière de e-Mail le projet de loi français
va plus loin que la Comission en imposant, dans le cas
des personnes morales, des contraintes trop fortes.
Avez-vous été consulté sur le
projet de loi ?
Oui, bien sûr, et vous pouvez trouver sur le site de
l'ACSEL les propositions d'amendements que nous avons
proposées. Elles restent à être entendues.
Quels sont, à votre avis, les
secteurs du e-Commerce qui sont les plus aptes à progresser
?
Ceux qui apportent un véritable service au client; c'est
àdire ceux pour lesquels Internet et le commerce en
ligne apportent un plus : de simplicité, de commodité,
de tarifs, de choix, etc...
Je vous ai aperçu (Aquarelle)
sur l'espace shopping chez MSN. Les galeries marchandes
sont-elles vos seuls leviers de promotion et quel bilan
en tirez-vous ? De même, d'un point de vue global, avec
votre vision au sein de l'Acsel, ces partenariats avec
de grands portails sont-ils rentables alors qu'on les
dit très coûteux ?
La promotion d'un site est une chose très complexe et
nous avons, depuis cinq ans, de nombreuses solutions.
Les galeries marchandes offrent de bonnes possibilités
mais cela dépend des produits que l'on vend. Aujourd'hui,
les internautes sont devenus très "pros" et utilisent
beaucoup les moteurs et les comparateurs. Au départ,
la communication "off line" a été très importante pour
Aquarelle.
Le fait qu'il existe un seul
comparateur de prix en France n'amène-t-il pas Kelkoo
à faire pression sur vous, sur le partage du chiffre
d'affaires généré ?
Pas encore... Au delà de cet aspect, ce qui compte le
plus c'est la satisfaction du client et le bouche à
oreille qui s'en suit.
A votre avis le e-Commerce est-il
amené à progresser ou à stagner ?
Il progresse beaucoup : entre 2001 et 2002, la progression
a été de plus de 50 % sur le panel ACSEL et, pour le
moment, 2003 s'annonce très bien malgré un environnement
économique très morose. Nous estimons que le e-Commerce,
qui a représenté à peu près 20 % de la vente à distance
traditionnelle en 2002, en représentera la majorité
d'ici trois ou quatre ans.
D'autre part, si on regarde la progression du e-Commerce
par "secteur", on observe des parts de marché et des
progressions très élevées : c'est le cas dans
le voyage, dans la vente de biens culturels, et, bien
sûr, dans la vente de fleurs.
En quoi votre expérience du
Minitel vous sert-elle sur Internet ?
Cette expérience, qui a longtemps été "contestée" par
les nouveaux de l'Internet, a été tellement bénéfique
pour nous tous que près de 70 % des sites de commerce
en ligne qui réussissent on été créés par des anciens
du minitel...
Les acteurs du e-Commerce sont,
maintenant, dans une phase de maturité supérieure. Pierre
Lombard, du JDN, parlait récemment de l'importance de
mesurer la satisfaction des clients et plus seulement
le nombre de visiteurs. Est-ce que ce sujet est d'actualité
pour les sociétés e-Commerce ou est-ce encore trop tôt
face aux contraintes techniques et aux impératifs de
rentabilité ?
Vous avez tout à fait raison. C'est la satisfaction
du client qui prime sur tout le reste, et c'est sur
celle-ci que portent les efforts des e-commerçants qui
souhaitent progresser. Le taux de transformation, le
taux de fidélisation, sont les éléments clés du succès.
Aujourd'hui, personne n'achète sur Internet pour s'amuser...
Quels sont vos paris sur les
parts du marché du commerce électronique sur des horizons
moyen terme (5 ans ou +) et par secteur. Par exemple
: produits culturels, électronique grand public, alimentaire...
C'est une question difficile ... La bulle de l'Internet
et du e-Commerce s'est fondée sur l'idée que ces parts
de marché seraient considérables et trés trés vite.
Je crois que cette analyse des années 99 était en partie
juste, c'est à dire qu'elle sera vraie pour certains
secteurs et dans un peu plus longtemps que demain.
Mais on peut, quand même, aujourd'hui, constater que
la SNCF fera plus de 8 % de son CA par Internet en 2003
; La Redoute plus de 10 % ; Aquarelle, qui est aussi
une chaine de magasins, fait déjà plus de 65 % de son
CA par Internet et, surtout, si on ne regarde que le
secteur de la transmission florale, Aquarelle.com a
réalisé en 2002 à peu près 10 % du total du marché ;
l'ensemble des fleuristes en ligne réprésente probablement
18 ou 19 %. Il a de nombreux autres exemples où on comprend
bien que l'Internet apporte tellement de commodités
au client que le marché va se développer : les ventes
aux enchères, les petites annonces, les ventes de "déstockage"
etc...
A quoi sert vraiment l'Association
pour le Commerce et les Cervices En Ligne ?
L'ACSEL existe depuis 1983 et se nommait au départ AFTEL.
Il s'agissait de contribuer au développement de la télématique
au travers d'une sorte de Club où l'ensemble
des acteurs étaient rassemblé pour faire progresser
les métiers de l'interactivité, qui étaient nouveaux
- ils le sont encore - pour nous tous. L'ACSEL participe
à de très nombreuses actions pour développer
et promouvoir l'Internet. C'est, par exemple, l'ACSEL
qui a été à l'origine des réflexions sur les
noms de domaine.
65% du CA d'Aquarelle réalisé
sur Internet, ça correspond à vos prévisions de départ
?
De quel départ.... ? Nous sommes en retard sur nos prévisions
de 1997. Nous avons lancé aquarelle.com en décembre
1997 : 32 commandes, dont 25 de moi-même et de mon frère
François. En décembre 2002, plus de 20 000 commandes
et j'en ai fait moins. En fait, le marché se développe
moins vite que prévu - mais le nombre d'internautes
aussi - mais nous pensons qu'il est de meilleur qualité
et que la fidélisation des clients est très forte.
Quelles sont les principales
synergies entre le site aquarelle et les boutiques de
vente de fleurs ?
Au départ, le fait d'avoir des boutiques nous a permis
de connaître le métier de fleuriste, sans cela nous
n'aurions jamais pu réussir. Mon frère François a fondé
la chaîne aquarelle en 1987 et nous avions, en 1995,
environ 28 magasins sous deux marques. C'est le point
le plus important. Comme notre groupe avait été l'un
des premiers - le premier même - centre serveur
de services minitel, nous avions la chance de pouvoir
marier deux cultures.
Le deuxième point est que le fait d'avoir des magasins
qui avaient une petite notoriété a rassuré nos premiers
clients internautes. Aujourd'hui, les magasins nous
permettent de rester au contact de la "rue".
Quel est le nom de votre bouquet
préféré sur Aquarelle ? (de mémoire, pas le droit de
s'aider d'une fenêtre IE pour en citer un) ;-)
"Baroque".
Qui sont vos principaux concurrents
dans la vente en ligne de fleurs ?
Notre premier concurrent est, évidement, Inteflora qui
est un service qui existe depuis près de cent ans et
dont la notoriété est de 95 %. Interflora.fr est cependant
un tout petit peu plus petit que nous. Mais Interflora
ne rend pas le même service que nous et c'est ce qui
nous différencie totalement. Aquarelle fabrique chaque
bouquet et envoie la photo du bouquet fabriqué pour
chaque commande à son client. Interflora utilise un
réseau de fleuristes qualifiés, mais ne peut pas garantir
le "produit" puisqu'il ne maitrise pas le stock disponible
chez chacun des 5000 membres de son réseau. Il y a donc
une très grande différence entre nous.
Votre budget marketing est aujourd'hui
plus dédié aux clients, pour créer un repeat business
qu'à la conquête de nouveaux clients ? Quel est la répartition
de vos efforts en % sur les deux axes ?
Nous avons, depuis cinq ans, investi principalement
sur deux fronts, et dans plusieurs pays.
Les deux fronts sont : d'un côté la communication et,
de l'autre, le système d'information - site Web, back
office, logistique.. A peu près 10 millions d'euros
en com. en France, et 4 pour le système d'information
qui est le même dans toute l'Europe. Ces investissements
en communication ont été, jusqu'à l'an dernier, principalement
orientés pour créer et développer la notoriété de la
marque qui porte l'entreprise. Depuis quelques mois,
nous investissons aussi beaucoup en fidélisation.
Quelle dimension internationale
souhaitez-vous donner a Aquarelle ?
La plus grande possible... Mais il faut être prudents,
patients et modestes. Nous sommes aujourd'hui présents
en France, Espagne, Belgique, Hollande et Allemagne
en position de numéro un ou deux. Nous venons d'ouvrir
le Royaume-Uni. Nous sommes également présent aux Etats-Unis,
au travers d'un franchisé.
Nous avons fait 7,5 millions d'euros de CA sur Internet,
en Europe, en 2002. Nous devrions atteindre 12 ou 12,5
en 2003. C'est encore petit mais nous constatons que
notre croissance ne se ralentit pas et que la fidélisation
de nos clients est très grande... Nous pensons que le
marché est très important pour nous. Nous sommes également
présents en Corée et au Vénézuela.
Ne craignez-vous pas les initiatives
en préparation de pays producteurs de fleurs, comme
l'Equateur ou la Colombie, qui vont bientôt vendre en
direct aux clients finaux, à travers du Web et en s'appuyant
sur DHL, UPS ou Fedex ?
Je ne pense pas. Ce que nos clients achètent, avant
tout, c'est la certitude que le bouquet qu'ils ont choisi
sera livré à l'heure dite. C'est très complexe à réaliser
et le prix des fleurs est, somme toute, peu important
par rapport aux autres coûts. A cet égard, on peut souligner
que nous avons développé avec aquarelle.com une logistique
très "pointue" puisque nous proposons à nos clients
une tranche horaire de livraison certaine...
Comment expliquer 4 millions
d' d'investissement alors que le site Aquarelle est,
certes, clair mais aussi très dépouillé ! Vous gérez
le système de fidélisation en ligne mais de là à expliquer
un tel niveau d'investissement ?
Ce n'est pas le site web qui a couté ce prix, c'est
l'ensemble des investissements back et front office
qui nous permettent de d'effectuer la prestation. Ceci
inclut les logiciels d'achat en ligne auprès de nos
fournisseurs et l'ensemble de la chaîne logistique qui
nous permet de suivre un colis. Il faut aussi souligner
que nous sommes présents dans une dizaine de pays, avec
des systèmes de paiements différents etc...
Combien gagnez vous ?
Un peu moins de 100.000 euros par an.
Envisagez-vous, à terme, la
vente d'Aquarelle ?
Pas aujourd'hui : je crois que nous avons la chance
de pouvoir faire d'aquarelle une très belle entreprise
de produits destinés au "grand public", entreprise qui
peut devenir de taille européenne. Pour un entrepreneur,
c'est une chance assez rare.
Quelle part du capital détenez-vous
encore dans Aquarelle ?
Plus de 45 % avec mon frère.
Avez-vous d'autres projets business
après Aquarelle ?
Toujours, c'est la vie...
Que pensez-vous du développement
du m-Commerce ? C'est un axe qui vous intéresse ?
Aujourd'hui, c'est encore au stade de l'innovation très
"branchée". Je crois, par contre, que pour certains
types de services, le téléphone, surtout si il y a,
en plus du son et un écran, offrira des solutions que
les clients trouveront très compétitives : par exemple,
pour la billeterie ou les voyages. Pour aquarelle aussi
et nous sommes présents sur l'iMode. Par contre, il
est indispensable que l'ergonomie soit efficace et cela
ne peut être le cas pour beaucoup de choses.
Vous avez été l'un des initiateurs
des services SMS +. Pourquoi les e-Marchands les utilisent
peu ?
Il faut du temps pour qu'une technologie nouvelle trouve
ses marques. Je pense que le SMS va se développer beaucoup,
notamment dans le cadre des ventes par Internet. Par
exemple, Aquarelle va vous proposer de vous envoyer
par SMS l'information que votre bouquet a été livré.
Il y a des possibilités immenses pour cet outil parce
que le mobile est un terminal que tout le monde a sur
lui tout le temps. Donc patience, cela va venir.
Henri de Maublanc : Merci de votre attention.
Au revoir
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