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Denis Champenois (Innovacom) : "Le point d'inflexion du capital-risque semble atteint après trois années de chute"
Jeudi 18 septembre 2003
 
          
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Dossier Capital-risque

Reprise ou pas? La question que beaucoup se posent aujourd'hui était au coeur de la discussion entre Denis Champenois, président du directoire d'Innovacom et donc patron de l'un des principaux fonds français de capital-risque, et les lecteurs du JDN. Mais on a aussi abondamment parlé des nouveaux - et anciens - secteurs vedette, des nouveaux profils des créateurs d'entreprise, de bulle, d'après-bulle et d'avenir.

Invité : Denis Champenois, président du directoire d'Innovacom
Date : Jeudi 18 septembre, 18h-19h

Le magazine Capital titre que le "e-business c'est reparti". Qu'en pensez-vous ?
Denis Champenois : Les chiffres du premier semestre pour le capital-risque montrent un arrêt de la chute des investissements. Le point d'inflexion semble atteint après trois années de chute.

Certaines études estiment que le plus dur est derrière pour le capital-risque. Votre avis ?
L'inflexion de tendance devrait être confirmée au second semestre. Les "sorties" ne sont pas pour autant plus faciles aujourd'hui.

Si le capital-risque repart, c'est que vous avez le sentiment que les sorties boursières vont être de nouveau possibles. Vrai ou faux ?
Vrai, pas avant 2004 en tout cas.

Si le capital-risque repart, qui en profitera le plus, les 1er ou les 2ème-3ème tours ?
Sans doute les 2ème et 3ème tours. Les investisseurs ont besoin d'avoir le retour des clients de la société financée, ce qui reste difficile pour les premiers tours.

C'est bien beau que le capital-risque se sente mieux. Mais l'amorçage, lui, reste à plat...
C'est vrai. L'amorçage, c'est difficile. Mais la France est mieux lotie que les autres pays européens, notamment grâce aux fonds d'amorçage, aux incubateurs créés ces dernières années avec le soutien des pouvoirs publics et des Ecoles.

La reprise boursière, vous l'imaginez de quelle ampleur ? Sélective ou pas ?
Les critères d'entrée en Bourse (chiffre d'affaires, rentabilité...) sont et seront revus nettement à la hausse.

Je désire connaître la définition du capital risque...
C'est un investissement financier qui permet de mettre sur le marché une innovation technologique ou de service.

Les levées records, à plus de 15 millions d'euros, sont-elles encore possibles ?
Aujourd'hui on observe plutôt des levées de 3 à 5 m€. Lever 15m€ se justifie si la société "vaut" déjà au moins 20 m€, ce qui reste possible...

Où en est aujourd'hui votre portefeuille ?
Nous gérons 60 participations. Nous sommes sortis de la plupart des sociétés "Internet" (LastMinute.com, Alapage, etc...). Notre portefeuille est aujourd'hui centré sur les technos d'accès haut-débit et le mobile Internet.

Quels sont vos rendements sur les fonds précédents ?
Les rendements varient beaucoup selon les "millésimes" (année de création du fonds). TRI de 7% à 45% selon le fonds.

TRI, c'est quoi au juste ?
Pardon, Taux de Rendement Interne.

C'est quoi votre plus "gros coup" dans le Net ?
Intershop en Allemagne.

Le pire investissement auquel vous ayez procédé ?
Chaque secteur connaît ses échecs. En tant qu'investisseur, le pire c'est quand on ne s'entend pas avec les dirigeants.

Vous étiez présent dans Republic Alley. Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Ce modèle d'incubateur a trouvé ses limites dans un cadre de financement privé (cf. difficultés du financement de l'amorçage)

France Télécom vous soutient-il, malgré le plan TOP ?
France Télécom est pour nous un "sponsor" technique : expertise, tests labo, tests terrain des sociétés du portefeuille, gestion des essaimages technologiques. Nous ne demandons plus d'argent à France Télécom. Nous levons nos fonds auprès de la communauté financière.

La stratégie d'essaimage autour des activités R&D de France Télécom est-elle toujours d'actualité ? Dans quels domaines ?
Le dispositif d'essaimage est toujours en place. Des dossiers sont à l'étude.

Que pense Thierry Breton de votre activité ? Quel projet a-t-il pour Innovacom ?
France Télécom - à travers sa division Technologie & Innovation - est très impliqué dans le suivi des innovations financées par Innovacom. D'une manière générale, les opérateurs européens ont compris qu'ils avaient intérêt à faire financer une partie de leurs innovations par le capital-risque.

Monsieur Champenois, on vous sent, comment dire, très avare en détails... Le secret a-t-il autant de valeur dans le capital-risque ?
OK. Nous sommes tenus par une certaine confidentialité sur les sociétés du portefeuille et nos actionnaires. Mais rien de spécial...

Quels sont vos liens aujourd'hui avec Gemplus ?
Nous avons été actionnaires de Gemplus entre 1988 et 1993.

Votre top 5 des secteurs les plus attractifs pour le Capital Risque ?

Dans le désordre le secteur de l'image (vidéo sur ADSL, MMS,...), VOIP, applicatifs et logiciels de gestion pour les réseaux... D'une façon générale, j'ai plus confiance en France pour des investissements autour des réseaux, qui me semblent plus ouverts à de nouveaux intervenants que le monde de l'informatique d'entreprise.

Marrant que vous parliez de confidentialité aujourd'hui alors qu'il y a trois ans, le capital-risque communiquait à tout va...
Je ne suis pas d'accord. Nous avons été constants dans notre communication. Nous communiquons nos chiffres aux associations "professionnelles" (AFIC, EVCA) et nous laissons les sociétés du portefeuille communiquer sur leur stratégie et leur chiffres.

La meilleure façon aujourd'hui de convaincre un capital-risqueur, c'est quoi ?
Nous sommes très sensibles au fait que l'équipe de départ comprenne une personne ayant une expérience de la création d'entreprise. Le must est de venir avec un client potentiel prêt à mettre des ressources humaines et techniques pour valider l'innovation (pour les premiers tours de financement).

Pourquoi le financement privé ne semble-t-il réservé qu'aux NTIC ?
La France est effectivement le seul pays européen où les NTIC représentent le premier poste d'investissement (50% des investissements en capital-risque en 2003) Ailleurs, ce sont les biotechs.

En termes de ROI, les start-ups Internet affichent-elles de meilleures performances que celles des biotechs ?

Je ne dispose pas de telles statistiques. La rentabilité des biotechs est également très cyclique.

Pouvez-vous analyser brièvement les chances d'un apporteur de projet technologique innovant si le projet ne concerne ni les NTIC ni les biotechnologies (en gros agroalimentaire et emballage).
Adressez-vous à l'Association Française des Investisseurs en Capital (AFIC) qui vous trouvera certainement des investisseurs spécialisés dans l'agroalimentaire.

Le Web a-t-il encore la cote du coté du capital-risque ? Je pense notamment aux Web-agencies est autres éditeurs de solutions Internet...
Nous continuons de regarder des dossiers d'outils (recherche, synchronisation, business intelligence). Beaucoup de secteurs (gestion de contenu...) sont tout de même très difficiles.

Les services en ligne ont-ils encore une chance de trouver des fonds raisonnables ?
Commerce ? Portails ? Communautés ?

Etes-vous déjà rentré au capital de producteurs TV?
Pas depuis dix ans.

Que pensez-vous du secteur des places de marchés ? C'est encore intéressant comme terrain d'investissement ?
Nous avons été très déçus par nos investissements dans ce domaine. Nous sommes très réservés pour des créations d'entreprises aujourd'hui.

Est-ce que vous vous intéressez au secteur des jeux vidéo ?
Oui, compte-tenu de leur potentiel sur les accès haut débit et sur les mobiles.

Seriez-vous prêt à parier sur un service peer to peer ?
Dans l'entreprise, non

Vous êtes plutôt KaZaA ou iTunes ?
Je vais demander à mes enfants...

Vous pensez quoi des initiatives du gouvernement (Re/So 2007, mesures Dutreil) ? Ca va dans le bon sens pour les NTIC ?
Oui, bien sûr. La difficulté aujourd'hui pour les jeunes entreprises est surtout d'être référencée et acceptée par les grands groupes. Faut-il proposer des quotas "jeunes pousses" pour les commandes publiques/collectivités locales ?

Quelle est la place de la France dans le capital-risque ? C'est un marché viable ?
Au premier semestre, la France est 3ème derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne en montants investis. Nous venons de lever un nouveau fonds, ce qui laisse penser que cette activité est viable aux yeux des investisseurs spécialisés...

Est-ce vrai que vous avez fait X8 sur un de vos fonds ? Si c'est le cas, chapeau, vous êtes dans les meilleurs de votre profession...
Oui, pour le "millésime" 1994.

On vous dit dur en affaires, parfois cassant. Vous confirmez ?
Désolé si ça m'est arrivé d'être cassant. Ce n'est pas vraiment ma nature.

Comment trouvez-vous aujourd'hui les patrons des boîtes NTIC ? Mieux ou pires ?
Mieux. Plus expérimentés et mieux entourés qu'il y a dix ans. Plus réalistes qu'il y a trois ans...

Le capital-risque a participé en grande partie à l'effondrement d'Internet. Qu'est ce qui a change par rapport à votre vision du capital-risque ?
Internet ne s'est pas effondré (loin s'en faut...) et nous faisons plus attention à la réalité des attentes de clients.

Comment jugez-vous l'attitude des sociétés de capital-risque pendant la bulle Internet ? Vautour, Rapaces, chercheurs d'or?
Chercheurs d'or !

L'après "éclatement de la bulle" vous a fait réduire vos investissements. Qu'en est-il de vos projets pour 2004 (parce que ça repart en 2004??!!)
Nous venons de lever un fonds de 100m€. Notre objectif est de faire dix dossiers nouveaux en 2004, soit plus qu'en 2003.

Concrètement, quelle est la répartition visée du nouveau fond ? Quel % pour les NTIC et combien pour les software ?
50% télécom (soft et hardware), 25% semi-conducteurs, 25% logiciels d'entreprise et services.

D'où vient exactement l'argent de vos fonds ?
Il vient d'investisseurs français (AGF, CDC, CIC..) et étrangers (Singapour, Etats-Unis, Europe)

L'orientation d'Innovacom est-elle maintenant plus "corporate venture" ?
Non. Nous sommes une structure de capital-risque "classique" (indépendance des décisions d'investissement) avec comme particularité un lien technique fort avec France Télécom.

A quel moment et comment sortez vous d'une opération ? LBO externe ou... ?
Classiquement par 1/cession industrielle de la société 2/introduction en Bourse, et quasiment jamais en LBO.

Quel est votre délai de retour sur investissement ?
Nous accompagnons les sociétés sur une période de cinq à sept ans.

Le secteur des applications hébergées (ASP) a connu un fort succès avant l'éclatement de la bulle... Qu'en est-il aujourd'hui ?
Cela redevient un sujet d'actualité (cf. le succès de salesforce.com aux USA).

Pourquoi n'a-t-on pas vu de réussite dans le logiciel telle que BO ou Ilog ces dernières années ? Les VC français manquent-ils d'ambition ?
Ce n'est pas une question d'ambition, mais l'environnement de partenariat est tout de même difficile à mettre en place en Europe.

Quelle hauteur de levée peut espérer une entreprise aujourd'hui ?
Au premier tour, 2 ou 3m€ selon le potentiel de la société

Estimez-vous que l'on va prochainement assister à une nouvelle vague d'IPO dans le secteur de l'Internet ?
Internet en tant que secteur d'activité tend à disparaître du vocabulaire des analystes financiers . Mais certaines belles société (commerce, intermédiation..) pourraient se coter.

C'est quoi le rôle d'une société de capital-risque en dehors de la bulle ? On s'ennuie ?
Nous avons financé et refinancé vingt sociétés au premier semestre... Par les temps qui courent, le travail d'administrateur de société et de soutien au développement est plus compliqué que pendant la bulle!

Qu'avez vous mis en place pour professionnaliser vos décisions après les casseroles de la fameuse bulle Internet ? L'équipe a changé par exemple ?
Je répète que notre bilan Internet est positif (45m€ investis / 90m € de retour à ce jour ) donc il n'y a pas de remise en cause de notre stratégie et de notre équipe.

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Investir pour vous, c'est faire bingo au bout de trois ans ou prendre des paris avec un projet ?
Je disais tout à l'heure que nous accompagnons les sociétés pendant cinq à sept ans en général, donc ce n'est pas du "bingo". Nous nous impliquons beaucoup au côté des entrepreneurs. Nous sommes obligés de faire "bingo" de temps en temps pour compenser les échecs et continuer notre activité de financement.

 
Propos recueillis par [Rédaction, JDNet]


 
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