Fortement implantée
en Allemagne et en France, présente sur les marchés
de l'épargne et du courtage en ligne, la filiale
de BNP Paribas affiche ses ambitions. Son PDG les a expliquées
en dialoguant avec les lecteurs du JDN. Pendant plus d'une
heure, il a répondu aux questions sur sa stratégie,
sa vision du marché, ses concurrents... et même
sur Mydoom.
Pourriez-vous
nous présenter en quelque mots Cortal Consors ?
Olivier
Le Grand Cortal
Consors est le leader européen du courtage et de l'épargne
en ligne. Notre métier : les placements, tous les placements,
rien que les placements.
Pourquoi
avoir racheté Consors ?
Nous souhaitons faire progressivement de
l'Europe notre marché domestique. 56 % de l'épargne
des ménages en Europe se situant en France et en Allemagne,
il était important pour nous, entreprise d'origine française,
de pouvoir nous rapprocher d'un partenaire allemand.
La qualité des équipes et la success story de Consors
sur le marché allemand durant les années Internet sont
ainsi à l'origine de la fusion de Cortal et de Consors.
Comment
avez-vous piloté l'intégration des deux équipes Cortal
& Consors ?
Cortal Consors représente l'une des premières
fusions financières transfrontières en Europe. Trois
objectifs ont piloté notre rapprochement qui a duré
dix-huit mois : l'équité, la transparence et l'ambition.
Nous avons, à fin 2003, atteint ou dépassé l'ensemble
des objectifs annoncés en mai 2002 : notre direction
informatique est européenne, nous disposons d'une entité
juridique sous la marque Cortal Consors dans nos six
pays d'implantation et nous avons recentré l'activité
de l'entreprise sur son core business. Et les synergies
réalisées à fin 2003 ont été de 46,7 millions d'euros.
Etes-vous
leader sur le marché français ?
Nous sommes en effet leader sur le marché
français en nombre de clients, en PNB et en actif gérés.
Nous sommes n°2 par le nombre d'ordres exécutés.
Que
représentent les différents canaux (Internet, téléphone,
etc) dans votre activité ?
L'activité Bourse représente près de la
moitié de nos revenus, 95 % des ordres sont passés
par Internet. C'est une proportion qui ne cesse de s'accroître,
notamment depuis le lancement de notre logiciel Active
Trader l'été dernier. Le téléphone reste un canal indispensable
en back-up d'Internet et pour conseiller nos clients.
Que
pensez-vous de la situation des courtiers en ligne actuellement
en France ?
Les courtiers en ligne qui ont survécu à
l'explosion de la bulle internet sont aujourd'hui plus
efficaces, mieux diversifiés et profitables. Les économies
d'échelle réalisées grâce aux rapprochements observés
depuis trois ans donnent des avantages aux plus gros
acteurs. Désormais, la compétition sur les prix seuls
ne marche plus, on passe de la guerre des prix à la
guerre des services.
Quel
crédit apporter à ceux qui prédisent une nouvelle
bulle sur les valeurs technologiques ?
Les analystes et les investisseurs sont
aujourd'hui beaucoup plus exigeants sur la qualité des
revenus, des résultats et des business plan des valeurs
technologiques. Même si le Nasdaq atteint un niveau
élevé de valorisation, la prochaine bulle viendra peut
être plus de l'immobilier que des technologiques.
Que
pensez-vous de l'introduction en Bourse de Free ?
Tout d'abord, c'est la première intro significative
depuis deux ans et elle a été très bien accueillie par
nos clients. Les marchés doivent être une source de
financement majeur pour les entreprises qui, comme Iliad,
présentent un business plan ambitieux et réaliste
Espérez-vous que votre activité
décolle avec les IPO annoncées ?
Notre activité a déjà marqué une progression
significative avec la reprise des marchés. Le nombre
d'ordres de Bourse exécutés s'est accru de 12 %
entre les premier et second semestres 2003. Le retour
des IPO est positif pour le marché et pour nos clients
avec quinze opérations significatives prévues
d'ici juin 2004.
En Bourse, vos clients sont
plutôt des day traders ou tout le contraire ?
En Allemagne et en Espagne, il s'agit majoritairement
de day traders. En France, nous nous adressons aux deux
profils de clientèle au travers de notre offre de services
et nos tarifications. A titre d'exemple, nous avons
deux tarifications différentes pour les transactions
en Bourse adaptées au profil d'activité de l'investisseur,
dont le pack Pro-active Trading s'adressant à nos clients
les plus actifs. Et nous proposerons très bientôt une
nouvelle tarification innovante à destination des investisseurs
très actifs.
Vous
avez un compte perso chez Consors ? Vous passez
souvent des ordres ?
Hélas, déontologiquement, je ne peux acheter
des titres en direct.
On
voit souvent vos pubs en ligne ces derniers temps. Quel
est votre budget com' online ?
Après trois années de budgets réduits face
à une conjoncture très difficile, nous avons commencé
à augmenter nos investissements publicitaires, à compter
de la mi-octobre 2003. Nous restons discrets sur le
montant exact de nos investissements publicitaires.
Peut-on
connaître vos chiffres (clients, PNB, actifs, nombre
d'ordres) ?
1.100.000 clients sur six pays en Europe.
7 millions d'ordres de Bourse exécutés en 2003 pour
28 milliards d'euros et 13,7 milliards d'actifs gérés,
en progression de 24 % sur un an. Nous communiquerons
prochainement sur les autres éléments de nos résultats.
C'est
rentable une activité comme Consors-Cortal ?
Cortal
a été profitable chaque année de 1989 à 2002 avec un
rendement sur fonds propres de 23 % en moyenne
par an avant impôt. Le rapprochement avec Consors achevé,
nous avons dégagé un résultat d'exploitation positif
en 2003.
Vos rivaux les plus dangereux
sur l'épargne et sur le courtage ?
Nos principaux concurrents sont les banques
généralistes qui progressent sur Internet et la Bourse
tout en présentant l'avantage du face à face.
Cortal-Consors,
vous allez garder ce double nom ?
Cortal Consors est une marque qui illustre
le rapprochement entre égaux que nous avons effectué
entre deux leaders respectifs sur leurs marchés domestique,
la France et l'Allemagne. Elle s'appuie sur la notoriété
de chacune des deux marques sur leur marché d'origine.
Cortal
existe depuis plusieurs années (combien ?). Quelle
analyse faites-vous de la banque à distance ?
Cortal fêtera ses 20 ans d'existence
cette année. Nous n'avons pas fait le choix de devenir
une banque généraliste en ligne car les banques généralistes
proposent des services Internet de plus en plus performants.
Notre modèle est d'être un spécialiste européen multicanal
dans les investissements et l'épargne.
Allez,
donnez les noms de vos rivaux !
Deutsche Bank, Comdirect, Crédit Agricole,
Boursorama Invest...
Pensez-vous
à Fimatex en vous rasant le matin ?
Nous ne sommes plus dans un monde où il faut
tuer ses concurrents pour survivre. Darwin est bien
mort. Il est même possible aujourd'hui de se développer
et d'être profitable en s'appuyant sur des concurrents.
Nous avons ainsi été les premiers en Europe à vendre
toutes les Sicav du marché. Nous aidons des assureurs
à développer leurs offres d'épargne bancaire en gérant
leurs back office (Axa-AGF-Cardif...)
Que
vous inspire la débâcle de Egg ?
Aux Etats-Unis, moins de 5 % des détenteurs
d'un compte bancaire en ligne l'ont ouvert dans une
banque exclusivement en ligne. Il reste difficile pour
des banques étrangères de s'implanter sur le marché
français.
Quels
sont vos pronostics pour le CAC ?
2004 devrait être une bonne année mais prudence
sur 2005. Un CAC aux environs de 4000 cet été serait
déjà une belle performance.
Pourquoi
les Français se montrent frileux à boursicoter ?
Il y a 16 % d'actionnaires en France,
c'est moins que 50 % aux Etats-Unis et plus que
8 % en Allemagne. Il faut que les Français passent
d'une culture de rentiers à une culture d'investisseurs.
Notre mission est d'accompagner et de favoriser cette
évolution. Un allègement et une simplification de la
fiscalité sur l'épargne en Bourse, très complexe et
foisonnante en France, ne seraient pas de trop.
Votre
croissance à venir : externe ou interne ? Qui voudriez-vous
racheter ?
La création de Cortal Consors nous dote
d'une plate-forme formidable pour nous développer par
nous-mêmes. Nous essayons d'être, à l'instar de notre
actionnaire BNP Paribas, opportunistes et disciplinés,
ce qui signifie que nous restons attentifs à des possibilités
de croissance externe dans l'un des six pays ou nous
sommes.
Est-ce
que la concentration observée ces derniers temps dans
le courtage en ligne va se poursuivre ?
Le marché du courtage en ligne a vécu en
France ses grands rapprochements. Des intervenants de
plus petite taille seront toutefois tentés de s'unir.
Aux Etats-Unis, les cinq plus gros courtiers en ligne
détiennent 70 % du marché. Nous sommes déjà voisins
de ces ratios en France, en Allemagne, en Belgique,
en Espagne...
Vous
auriez un tuyau sur une valeur sûre en Bourse actuellement ?
Merci d'appeler dès demain matin à 8h30
nos conseillers au 08 92 68 70 40.
Vous recrutez cette année ?
Si oui, quel type de poste et combien de postes ?
Nous cherchons des conseillers financiers
susceptibles de venir renforcer nos équipes de spécialistes
sur la Bourse et/ou les Sicav.
Quel
est le montant de votre salaire ?
Un tout petit pourcentage des capitaux gérés
chez Cortal Consors.
Comment
jugez-vous le parcours de Boursorama ?
Boursorama est une success story dans le
monde de l'info financière.
Votre
modèle ? Schwab, un autre ?
Cortal Consors et Charles Schwab :
treize lettres chacun, même vision, même mission. Le
modèle : spécialisé sur les placements, multi-canal.
Une particularité qui nous est propre aujourd'hui :
notre présence européenne.
Le
courtage en ligne va-t-il supplanter un jour le courtage
traditionnel ?
Internet, c'est le monde de la liberté,
avec une offre qui prolifère (des millliers d'actions
et de Sicav disponibles sur cortalconsors.fr). Cette
profusion génère également une complexité croissante
dans l'esprit du grand public. Un modèle ne devrait
pas chasser l'autre : plus Internet va se déveloper,
plus le besoin de face à face pourra être satisfait
par des conseillers de grande qualité. En Allemagne,
où nous sommes un leader sur la Bourse online,
nous lançons un réseau exclusif de conseillers de gestion
de patrimoine qui iront au domicile de certains de nos
clients.
Que
faisiez-vous personnellement au moment de la bulle ?
Nous rencontions les équipes de Consors.
Par
curiosité : l'effet Mydoom, c'est terrible chez vous
? (parce que moi, je craque...)
J'ai dû passer plusieurs heures à
désinfecter mon PC à la maison depuis dix jours.
Heureusement, au bureau, tout va bien.
Olivier
Le Grand : Au revoir et merci pour toutes
vos questions !
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