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Alain Cadix
directeur général adjoint chargé des études et de l'information à la
CCIP
Alain Cadix
"L'évaluation de la qualité de l'information et l'intermédiation sont l'avenir du high-tech"
Modèles économiques, impact du Net sur le management, actions de la CCIP pour la création d'entreprises... Alain Cadix, directeur général adjoint chargé des études et de l'information à la CCIP, explique le retour en force de la nouvelle économie.
(03/09/2004)
 


Quel est votre parcours professionnel ?

Alain Cadix : Un parcours d'ingénieur qui s'est vite intéressé au management : enseignant à l'ESCP, directeur des ressources humaines chez Dassault Aviation, Directeur de l'école d'ingénieurs ESIEE. Et aujourd'hui directeur général adjoint de la CCI de Paris, chargé des études et de l'information.

Une récente étude de l'Idate et de Rexecode montre que la France est en perte de vitesse sur le marché mondial des TIC depuis 1991. Comment expliquez-vous cela, et que préconisez-vous ?
C'est une affaire de mentalités comme de niveau d'investissement. Il faut investir sur la formation et sur la recherche développement.

Y a-t-il des secteurs de la nouvelle économie qui sont plus en forme que d'autres ? Et si oui, lesquels ?
Le téléphone mobile GSM est en voie de saturation. Les potentialités des croisements des technologies ? Réseaux, voix sur IP, images, etc. Nous n'en sommes qu'aux balbutiements des applications et des possibilités, au moins sur le plan technique. Après se pose la question des schémas mentaux, des rigidités organisationnelles, sociales et économiques...

Quels sont les principaux indicateurs de cette croissance ?
Le taux d'équipement des ménages, des entreprises, le temps de connexion... Mais attention, la diffusion de ces technologies n'a pas d'effet mécanique sur le taux de croissance global de l'économie.

Internet modifie-t-il le management des entreprises ?
Oui, sûrement. A ce sujet, voir l'étude parue dans Les Echos du 31 août. Les modifications principales: une facilité de communication, la réactivité, les échanges d'informations, mais une prise de recul amoindrie. Cela va vite, on ne prend plus le temps de prendre du recul...

La CCIP soutient la création d'entreprises high-tech."
Quelles sont les actions de la CCIP pour aider les créateurs de la nouvelle économie ?
Une aide à la création d'entreprise en général, plus des aides spécifiques : recherche de partenaires, étude de faisabilité du projet, aide au business plan et, bien sûr, formation. En particulier, l'école d'ingénieurs ESIEE ou l'école des métiers de l'image Les Gobelins. Une aide aussi à la recherche de financements.

La CCIP soutient-elle des projets de start-up Internet ?
Elle n'a pas d'action spécifique au-delà de ce que j'ai indiqué juste avant. Elle soutient surtout l'existence d'incubateurs très tournés vers les nouvelles technologies, surtout Internet.

La nouvelle économie doit-elle s'appuyer sur les anciens modèles économiques (ou bien les groupes en place comme CDiscount) pour réussir leur croissance ? Y a-t-il de nouveaux schémas ?
Le phénomène de la Bulle a remis du plomb dans les têtes. Rien ne remplacera jamais la valeur ajoutée "mesurée" par le client potentiel, le retour sur investissement sur la base d'indicateurs rationnels. Et surtout il ne faut pas se faire d'illusions.

Quels sont les métiers d'avenir dans Internet ?
Quand on regarde la profusion de l'offre d'informations, en particulier distribuée par ce canal, et quand on se met dans la peau d'un patron de PME qui court après sa trésorerie, ses clients, on voit bien qu'un besoin d'intermédiation devient de plus en plus fort. Les métiers tournant autour de l'évaluation de la qualité de l'information, de l'intermédiation seront des métiers qui se développeront dans l'avenir. J'ajoute tous les métiers qui vont naître de l'interpénétration des technologies encore disjointes aujourd'hui (y compris venant des matériaux et des sciences du vivant).

Investir sur l'industrie de la connaissance, c'est se donner
un avenir."

La France ne pourrait-elle pas utiliser sa main d'œuvre qualifiée et investir plus en R&D pour se positionner en TIC au même niveau que les Etats-Unis ou les pays scandinaves ?
Sûrement, mais les TIC n'expliquent que 10 % de la croissance des Etats-Unis, peut-être moins. Car l'innovation, ce n'est pas que de la technologie. Le modèle américain, cependant, me laisse songeur, quand on voit les déficits abyssaux de leur balance commerciale, difficile de les prendre pour modèle... Cela étant oui, investir sur l'industrie de la connaissance, c'est sûrement se donner un avenir.

Kelkoo s'est fait racheté par Yahoo. N'avez-vous pas peur que l'Internet français devienne américain ?
C'est un risque réel qui n'est malheureusement pas spécifique au monde d'Internet. Des petites sociétés biotech prometteuses se font acheter par des laboratoires étrangers, dont nord-américains. Le problème majeur est dû au manque de mobilisation de l'épargne sur les entreprises et probablement au manque d'envergure capitalistique des grandes entreprises nationales.

Quel est votre sentiment sur l'entrepreneuriat high-tech en 2004 ? Est-ce le moment de se relancer après les claques prises en 2000 ?
Oui, car on ne tombera plus dans les mêmes illusions. Un des problèmes rencontrés au moment de la bulle est celui de la dimension temporelle. On surestime toujours les effets à court terme d'une technologie (et on sous estime toujours les effets à long terme). On sait maintenant que la diffusion des TIC suppose de faire tomber des barrières culturelles, de faire évoluer des schémas mentaux et que cela prend du temps. On a donc moins tendance à spéculer. Une des difficultés à mes yeux, même si nos amis banquiers la nient, est une certaine faiblesse des fonds d'amorçage et une certaine frilosité de leur part, compte tenu de leurs déboires passés... Mais je crois qu'on peut y aller, avec réalisme.

La plupart des patrons du CAC 40 sont bien "branchés"

Risque-t-on, avec le retour des valeurs technologiques sur le devant de la scène, de voir réapparaître une bulle Internet. Ou bien la situation est-elle plus saine ?
Je crois que les choses ont beaucoup changé depuis trois ou quatre ans, car en plus de la bulle, il ya eu des affaires de "mal-gouvernance" qui ont conduit à un renforcement des outils, des procédures de management, notamment financier. On avance de façon beaucoup plus prudente.

Quel est selon vous le plus high-tech des grands patrons ?
Je ne citerai pas de nom, mais j'observe la place prise par l'usage des high-tech dans le mode de travail des patrons d'entreprises internationales qui branchent leurs portables sur réseau dès qu'ils sont dans leur chambre d'hôtel ou qui s'équipent de Wi-Fi pour travailler un peu partout. Je considère que la plupart des patrons du CAC 40 sont bien "branchés".

On parle encore aujourd'hui de la nouvelle économie comme un secteur à part. Mais qu'en est-il de l'intégration d'Internet dans les entreprises industrielles ?
Je ne parle pas pour ma part de nouvelle économie. Les TIC créent de nouveaux produits et services et génèrent de nouvelles entreprises. Certes. Mais elles pénètrent largement dans les entreprises existantes. 99 % des entreprises françaises de plus de vingt salariés ont de l'informatique, ce qui est déjà bien, et 96 % ont une connexion Internet. Quand on connaît la structure du tissu économique français (loin d'être tout high-tech) on voit bien que la pénétration des TIC et d'Internet concerne toutes les sociétés et les fait bouger, plus ou moins, plus ou moins vite, mais le mouvement est parti.

Quels sont les projets Internet de la CCIP ? Alain Juillet vous met-il la pression ?
Alain Juillet, "monsieur intelligence économique" auprès du Premier ministre, a entrepris une (nouvelle) croisade pour l'intelligence économique, notamment vers les PME. On ne peut pas parler de "pression" de sa part, mais il essaye de susciter de nouvelles initiatives et de les stimuler, voire de les soutenir. En ce qui concerne la CCIP, ce que nous avons engagé avec notre "stratégie web", les activités de la cybermédiathèque au profit des PME, le prochain lancement de la "cyberveille"... Tout cela montre que nous avons engagé le mouvement il y a plusieurs années avec l'objectif (une constante pour nous) de faciliter la vie du patron de PME qui a d'autres choses à faire que de surfer des heures sur Internet à la recherche de l'information pertinente.

  En savoir plus
Dossier PME

Vous-même, êtes-vous un grand utilisateur d'Internet ? Et si oui, quels sont vos site préférés ?
J'utilise régulièrement Internet. Pour des raisons professionnelles (sites juridiques, économiques, dont le site de la CCIP !, sites technologiques). Pour des raisons personnelles aussi, étant assez engagé dans des activités humanitaires en Afrique, le site de l'OMS/WHO par exemple.

Alain Cadix : Merci à vous tous !

 
 
Propos recueillis par Rédaction JDN

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