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Raphaël Goetter
Webmaster
Alsacréations |
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Raphaël
Goetter (Alsacréations)
"Si un site non standard s'affiche sur les navigateurs actuels, rien n'assure qu'il sera affiché proprement dans le futur"
L'auteur du manuel CSS 2, ouvrage de référence sur l'usage des feuilles de style, plaide pour un Web accessible et standard.
24/06/2005 |
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JDN Développeurs. Votre
ouvrage est-il indicateur d'un engouement francophone
pour les feuilles de style ?
Raphaël Goetter. En effet, l'esprit d'un Web plus propre, accessible et
standard fait son chemin, notamment suite aux refontes
de grands sites mondiaux comme ceux d'AOL, MSN, Macromedia, Chevrolet,
Mercedes-Benz, Yahoo!, Wired, etc., qui passent l'un après
l'autre à une mise en page en CSS sans tableaux.
Parler d'engouement me semble pourtant encore précipité
puisque la plupart des acteurs du Web en amont -e pense
principalement aux agences de conception Web et aux formateurs
ou écoles de formation internet- ne sont guère versés
dans ce mode de conception de sites.
Pour quelle raison ?
Les CSS ont eu un lourd handicap au départ : à leur création,
elles ont très vite permis d'aller très loin dans la mise
en page et dans les positionnements. Mais le gros problème
à cette époque, vers 1996, était que les
navigateurs étaient très en retard quant à l'interprétation
des règles CSS et que ces nouvelles techniques étaient
très aléatoires d'un navigateur à l'autre, alors que les
mises en pages à l'aide de tableaux ne posaient alors
aucun problème.
Cela a heureusement beaucoup changé depuis : les navigateurs
actuels interprètent très bien les styles CSS dans leur
majeure partie. Il est donc raisonnable de penser que
l'évolution est en marche.
Outre-Atlantique, de nombreux experts en la matière propagent la bonne parole. Elle commence à peine
à débarquer chez nous.
Comment êtes-vous passé de
webmaster d'un blog sur les standards à rédacteur d'un
manuel ?
En fait, l'activité de blog n'est venue que tardivement.
Elle n'est pas la première étape de la saga Alsacréations.
Alsacréations a commencé il y a deux ans seulement, avec
des exercices et didacticiels CSS. Le blog est venu une
année après, pour apporter une touche d'actualité plus
dynamique et proche de l'événementiel. L'étape suivante
a été la création du forum, qui est le premier et seul
forum exclusivement dédié aux CSS et Standards web...
puis, enfin, le livre.
Outre la mise
en page,
quels sont les avantages concrets à tirer de l'utilisation
de standards Web, et notamment CSS ?
De nombreux concepteurs Web assimilent les styles CSS
au seul support de l'écran d'ordinateur. Effectivement,
les CSS permettent de maîtriser parfaitement l'affichage
du contenu à l'écran.
Pourtant, les CSS s'appliquent à tous les médias, il
n'y a pas que l'écran d'ordinateur qui peut afficher un
résultat CSS : les imprimantes sont aussi un média, de
même que la télévision, les Palm et autres assistants
personnels, les synthèses vocales, les lecteurs brailles...
Bientôt votre frigo !
Si
un site s'affiche parfaitement sur tous les principaux
navigateurs, quel mal y'a-t-il à ce qu'il soit construit
avec une mise en page par tableaux imbriqués
?
Si un site non standard s'affiche sur les navigateurs
actuels, rien n'assure qu'il sera affiché proprement dans
le futur ou dans les prochaines versions de ces navigateurs.
Tout simplement parce qu'aucune garantie n'assure
cette compatibilité.
Concevoir un site Web selon des normes permet la compatibilité
de ce site dans le présent et le futur.
Pour ce qui est de la mise en page par tableaux, héritage
d'un passé sans réel support CSS, elle pose plusieurs
problèmes. Le premier est que la balise de tableau n'est
pas conçue pour la mise en page, mais pour structurer
des données tabulaires,
elle est donc utilisée à contre-emploi et cela se ressent
surtout sur les médias non graphiques comme les moteurs de recherche,
outils pour visiteurs non voyants, etc.
D'autres inconvénients sont la lourdeur du code et la
complexité de la structure, qui oblige souvent à tout
reprendre pour un simple repositionnement.
Quel est le principal frein
à l'adoption des feuilles de style, et comment y remédier
?
Le principal frein est historique : les CSS sont apparus
dans un contexte de rivalités entre deux navigateurs, Microsoft
Internet Explorer et Netscape Navigator. À cette époque,
chaque ténor développait sa propre norme souvent incompatible
avec la concurrence.
C'est dans ce contexte que les premières recommandations
du W3C et la première version de CSS sont apparues.
Très en avance et déjà très performante, cette version
CSS1 était malheureusement très peu implémentée sur les
navigateurs de son époque. Elle a donc été rapidement
cataloguée comme non compatible et l'on a conservé la
mise en page par tableaux, plus sûre.
Les CSS souffrent encore de ce handicap historique et
de quelques incompatibilités de navigateurs.
En faisant la promotion des standards en général et en
développant des sites Web conformes et réalisés en CSS,
les moeurs et habitudes vont certainement évoluer petit
à petit.
Que répondez-vous aux détracteurs
ne voyant les CSS fonctionner que sur les sites de type
blog ?
La grande majorité des blogs proviennent de plates-formes
de blogs où les gabarits graphiques sont préfabriqués,
passe-partout et volontairement classiques.
Autre point important : de nombreux blogs traitent d'informatique
et de nouvelles technologies. Les propriétaires de ces
blogs sont souvent eux-mêmes des développeurs et non des
graphistes ou designers et cela se ressent souvent dans
l'aspect graphique qu'ils donnent à leur blog.
Il faut bien comprendre que les styles CSS n'ont pour
seule limite que la créativité de leur utilisateur : ils
permettent toutes les fantaisies graphiques possibles
à condition de s'en donner les moyens. Mais on aborde
là la question de l'apprentissage, souvent bâclé et pourtant
nécessaire.
Pensez-vous que les nouvelles
versions de sites comme celui de Capgemini, et l'adoption
de Firefox par les utilisateurs, provoqueront une prise
de conscience de CSS chez les webmasters français ?
Je ne pense pas vraiment que la refonte d'un site en particulier
va ouvrir les yeux des agences Web françaises. Par contre,
il n'est pas difficile de remarquer que Capgemini n'est
pas le seul à choisir de se rendre conforme : le site
du premier ministre, de la Bibliothèque nationale de France,
de la région Languedoc-Roussillon, de l'agence France
Presse, etc. ont eux aussi franchi le pas.
Chaque jour, un nouveau grand site choisit la conformité
aux standards.
Pour ce qui est de l'utilisation de plus en plus fréquente
de navigateurs dits alternatifs, comme Firefox ou Opera,
il est certain que cela encouragera le déploiement des
standards puisqu'eux-mêmes sont très proches des recommandations
W3C.
Que promettent les prochaines
évolutions de la spécification CSS ?
La principale nouveauté de la version CSS en cours de
conception sera la modularité, c'est-à-dire que
tout l'ensemble des CSS ne sera pas obligatoirement employé ;
il sera possible de n'en utiliser qu'une partie.
De nombreuses nouvelles propriétés sont à l'étude, notamment
celles de la gestion des bordures arrondies et graphiques,
les ombrages sur les textes et éléments, le contenu généré
automatiquement, l'anticrénelage des polices, de nouveaux sélecteurs pour désigner encore
plus facilement les différents éléments de la page, etc.
Pour les webmasters cherchant
à passer au tout CSS, quelle serait la première étape
à passer ? Que doivent-ils garder en tête ?
Je pense que la première information à transmettre est
que le passage aux CSS nécessite un apprentissage réel,
un investissement qui peut être long et que ça ne viendra
pas tout seul.
L'esprit des CSS est très différent de celui de la mise
en page par tableaux. Il ne faut plus réfléchir en cellules,
mais en éléments indépendants. C'est une grosse remise
en question de ses acquis en général.
L'erreur fréquente du débutant est de vouloir commencer
immédiatement par passer son site de tableaux en équivalent
CSS. Il se heurte alors souvent à plusieurs problèmes
d'affichages cumulés et à une masse d'apprentissage énorme
dès le départ.
Mieux vaut prendre son temps et débuter par l'apprentissage
méthodique de la structure des balises et leur positionnement.
Quelles sont les limites de
CSS ?
Actuellement, les CSS sont encore en avance sur certains
navigateurs. C'est bien dommage, car leur potentiel est
vraiment très large.
Je dirais simplement que les limites actuelles des CSS
ne sont que les limites des navigateurs. Lorsque le support
des CSS sera complet sur les navigateurs -espérons de
bonnes nouvelles pour la prochaine version d'Internet
Explorer-, alors les possibilités des sites web conformes
seront impressionnantes. |
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Propos recueillis par Xavier Borderie, JDN Développeurs |
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PARCOURS
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Raphaël Goetter, 31 ans, est prestataire
indépendant en création de site Web, au travers
de son site Alsacréations. Il y tient également
un blog, et est l'auteur du livre CSS 2 paru chez
Eyrolles.
Et aussi Il dispose également de diplômes
d'éducation sportives.
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