Quel est l'événement qui a marqué le Web français en 2000? Et quel est celui qui marquera 2001? Des acteurs de l'Internet français répondent au JDNet.
Internet en 2001, pour vous, ce sera quoi ? Parlez-en sur le Forum

18/01/00
Michel Athénour
(Cityvox),
Pascal Nègre
(Universal Music),
Guillaume de Charry (CPR Online)


Sommaire


Michel Athénour (Cityvox)

JDNet. En 2000, quel a été selon vous le principal phénomène de l'Internet français?
2000 a été l'année de tous les excès :
excès de médiatisation, d'une part, avec l'apparition dans les médias grands publics des acteurs de la nouvelle économie, mais aussi avec pour conséquence la création d'icônes que l'on s'empresse de brûler quelques mois plus tard (le jeune surdoué qui s'enrichit, la start-up, le Sentier, le Wap...);
excès d'argent, ou de valorisation, parfois les deux, connus en début d'année, et les effets induits sur l'ensemble des acteurs : dépenses disproportionnées en publicité, comportements "suceurs de cash" d'un certain nombre d'acteurs, y compris parmi les plus respectables; de ce point de vue là, la faillite de nombreuses jeunes pousses, et les ardoises laissées au passage, n'ont pas fini de laisser des traces;
excès inverse aujourd'hui, avec un retour de balancier excessif et la répétition des mêmes erreurs que par le passé : tous les investisseurs investissent en même temps dans des jeunes pousses concurrentes en début d'année, aucun n'investit dans ces même jeunes pousses douze mois plus tard, comme si la génération 2001 était riche de moins de promesses, ce qui est loin d'être le cas... 2000 est aussi l'année d'un profond changement dans les modèles économiques du web, avec l'amorce de la fin du "tout gratuit", notamment en ce qui concerne les contenus : les licenciements du New York Times, les annonces de Yahoo en sont les premiers indices.

En 2001, quelle sera selon vous la principale tendance qui va marquer l'Internet français? Pourquoi?
Sans aucun doute, le décollage de l'Internet mobile, même si le terme est galvaudé. Les grands mouvements ont commencé, et les opérateurs sont en train de comprendre que le succès de l'iMode au Japon ne repose pas uniquement sur l'engouement pour les avatars de bande dessinée que l'on télécharge et que l'on s'échange, mais surtout sur le choix de rémunérer les fournisseurs de contenus et services en fonction du trafic voix et données qu'ils génèrent. L'internet mobile est potentiellement beaucoup plus "gros" que l'internet fixe pour au moins deux raisons : le support est réellement grand public, avec un taux de pénétration notoirement plus élevé, et il se prête beaucoup mieux à l'équation "on me rend un service immédiat, donc je suis prêt à le valoriser".

Qu'est-ce qui vous fait rêver en ce moment?
Je rêve qu'internet (fixe au mobile) révolutionne la chose publique : le vote, l'accès aux textes de loi, le contrôle de l'efficacité de l'administration, l'éducation, etc, sont autant de domaines qui peuvent se découvrir un deuxième souffle extraordinaire si les pouvoirs publics s'en donnent les moyens, mais qui ont jusqu'à présent été peu ou pas assez explorés.


Pascal Nègre (Universal Music)

JDNet. En 2000, quel a été selon vous le principal phénomène de l'Internet français?
Dans le domaine de la musique, ce sont les grands procès avec MP3.com et Napster. Ces modèle sont trouvé leur limites économiques. Aucun investisseur ne mettra de l'argent dans un modèle d'échanges de fichiers musicaux gratuits. Enfin, nous avons trouvé toutes les technologies nécessaires pour protéger les téléchargements de fichiers musicaux.

En 2001, quelle sera selon vous la principale tendance qui va marquer l'Internet français? Pourquoi?
L'arrivée de la musique en ligne payante à la demande en paiement. Pour nous, ce sera le début des synergies au sein du groupe Vivendi Universal. Et ça, c'est vâchement excitant.

Qu'est-ce qui vous fait rêver en ce moment?
Des vacances.


Guillaume de Charry (CPR Online)

JDNet. En 2000, quel a été selon vous le principal phénomène de l'Internet français?
Le brutal mouvement de balancier économique et médiatique : l'aventure Internet a été portée aux nues avant d'être regardée avec méfiance. Les investisseurs ont eu la tête dans les étoiles avant de revenir les pieds sur terre. En résumé, il ne s'agit plus d'avoir une bonne idée et des abonnés potentiels mais il s'agit bien de s'appuyer sur un business plan réaliste. Pour les courtiers en ligne, l'année 2000 aura été «l'année des grandes manœuvres» avec les acteurs de poids posant leurs jalons pour leur développement futur.

En 2001, quelle sera selon vous la principale tendance qui va marquer l'Internet français? Pourquoi?
Avec seulement un an de retard sur les Etats-Unis, la tendance en France s'oriente vers la recherche de rentabilité pour les projets Internet, qui bénéficiaient auparavant d'un «état de grâce». Les capitaux-risqueurs sont devenus plus exigeants. C'est une sélection naturelle qui va s'opérer entre les aventures Internet les plus solides et les autres : «Survivors» sera décidément très tendance... Pour les courtiers en ligne, le marché s'est verrouillé et le ticket d'entrée pour les nouveaux arrivants risque de se payer très cher, voire même d'être hors de prix.

Qu'est-ce qui vous fait rêver en ce moment?
La culture actionnariale se développe en France mais encore trop lentement : tout reste à faire ! Convaincre les épargnants traditionnels des avantages de l'investissement en ligne reste un réel défi que CPR Online se devra de relever.


A suivre...

Internet en 2001, pour vous, ce sera quoi ?
Parlez-en sur le Forum

 

 
 


Michel Athénour (Cityvox)

François Benveniste (Abcool)

Jeremie Berrebi
(Net2one)

Jean-Michel Billaut (L'Atelier)

François Blum (Médiamétrie eRatings)

Michel Bré (NF-Online)

Pierre Chappaz (Kelkoo)

Guillaume de Charry (CPR Online)

Yvon Corcia (Aladdino)

Nicolas Dufourcq (&Wanadoo)

Mireille Faugère (SNCF)

Emmanuel Henrion (Business Interactif)

Loïc Le Meur (Ekipage)

Bernard Maître
(Galiléo Partners)

Alexandre Mars (Mars Capital)

Jean-Marie Messier (Vivendi Universal)

Fabrice Nataf
(Peoplesound)

Pascal Nègre
(Universal Music)

Patrick Robin
(ImagiNet)

Alexandre Roos
(Caramail)

Jacques Rosselin
(CanalWeb)

Fabrice Sergent
(Lagardère)


Anne Sinclair
(eTF1)

Jean-Michel Soulier
(World Online France)