Quel bilan chiffré tirer de l'Internet 2001 ? Un exercice délicat, voire schizophrène, tant le décalage est fort entre le comportement boursier des sociétés Internet et la réalité industrielle de ce secteur émergent. Là où les valorisations des dotcoms ont fondu comme neige au soleil, avec des chutes parfois supérieures à 250%, la plupart des indicateurs macro-économiques continuent à afficher une croissance. C'est le cas du nombre d'internautes, élément incontournable de la Net-économie. En l'espace d'un an, au plan mondial, la population des connectés a grimpé de 39% pour atteindre les 513 millions. En France, la croissance annuelle reste également de mise, supérieure à 30%, avec une population totale de 16,1 millions d'internautes en cette fin 2001.

Conséquence logique de cette augmentation du nombre d'internautes : le niveau d'activité commercial s'offre une croissance à trois chiffres alors que la plupart des grands secteurs d'activité se satisferont, en 2001, d'une variation à la hausse. Le cas du commerce BtoC est à ce titre frappant : en France, en Europe et aux Etats-Unis les croissances annuelles respectives attendues sont de +225%, +152% et +103%. Sur le segment BtoB, tous les croissances prévues sont également toutes supérieures à 100%. Loin de l'effet "start-down", la réalité économique de l'Internet prend corps au profit, de plus en plus marqué, des dotcorps.

Taux de pénétration de différentes technologies dans la population américaine Pour agrandir le graphe, cliquez dessus Sources : Michael Fox, Forbes Magazine, Morgan Stanley, Alcatel-Thomson

Un seul marché Internet a décroché en 2001 du rythme de croissance ininterrompu enregistré depuis 1996 : la publicité en ligne. Au mieux, l'e-pub peut espérer conclure l'année 2001 sur le maintien des niveaux atteints en 2000. Mais, avec l'effet 11 septembre, il semble d'ores et déjà réaliste de tabler sur un marché en léger recul en glissement annuel. L'e-pub peut toutefois afficher une certaine satisfaction : elle décrochera moins violemment que les autres supports (télé, radio, presse, affichage...) qui, sur le premier semestre 2001, ont déjà enregistré des baisses en France situées entre 3 et 4%. Néanmoins, ce palier pour la publicité online souligne une double problématique : la disparation brutale des pure-players, qui ont largement alimenté l'e-pub jusqu'en 2000, et l'arrivée sur Internet très progressive des annonceurs traditionnels.

Nombre d'abonnés haut débit en millions dans les pays de l'OCDE Pour agrandir le graphe, cliquez dessus Sources : OCDE, Alcatel-Thomson

Un argument pourrait jouer le déclencheur auprès des annonceurs : le taux de pénétration de l'Internet. Outre-Atlantique, ce sont aujourd'hui 59,7% des américains qui sont en contact avec la Toile. La vitesse de diffusion de l'Internet et du haut débit au sein de la population y est la plus rapide depuis l'avènement de la télévision. Le Web a mis moins de 25 ans pour atteindre plus de la moitié de la population américaine. Le haut débit devrait afficher dans les années à venir un taux de pénétration tout aussi important. Au premier semestre 2001, dans les pays de l'OCDE, 22 millions d'abonnés bénéficient d'un accès haut débit.

La France, qui compte à ce jour moins de 500.000 abonnés broadband, semble avoir enclenché depuis le début 2001 un mécanisme de rattrapage. Sur les deux derniers semestres, la progression du nombre d'abonnements haut débit est de 20% alors qu'elle n'est "que" de 5,4% sur les abonnements bas débit. Sur ce marché, jugé comme désormais le plus prometteur pour l'Internet, le taux de croissance annuel attendu au plan mondial jusqu'en 2005 est de 150%. De quoi imposer le Web comme un média à part entière.

Retrouvez tous les données essentielles de l'Internet en France, en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde
avec la rubrique chiffres-clés du JDNet.