Largement devant le marché
français, le commerce électronique britannique
lutte avec l'Allemagne pour la première place du
podium européen. En 2001, le chiffre d'affaires
généré par le commerce en ligne au
Royaume-Uni était 4,5 fois plus important qu'en
France. Ce niveau de maturité s'accompagne d'une
particulilarité : la réussite des acteurs
"click & mortar". Outre-Manche, le supermarché
en ligne Tesco a spectaculairement réussi, en volumes
comme en résultats, là où Ooshop
(Carrefour), Houra et AuchanDirect sont à la peine.
Dans
l'ombre de Tesco, un autre acteur click & mortar
a lui aussi réussi son entrée dans le
monde virtuel : il s'agit d'Argos. Spécialisé
dans la vente à distance de tous produits de
détail hors alimentaire, Argos est un savant
mélange de Conforama, Darty, Surcouf et La Redoute.
C'est le premier distributeur britannique en multi-canal
avec plus de 20 millions de clients. A l'image de Tesco,
Argos dispose d'un maillage très étroit
d'enseignes : il vient d'inaugurer son 500ème
magasin et peut se targuer de pouvoir servir 98 % de
la population britannique à moins de 10 miles
de leur domicile.
Argos propose une très
vaste gamme de produits axé sur le "tout
pour la maison" ainsi que des vêtements et
des produits hifi, vidéo et high-tech. La vente
à distance représente 16 % du chiffre
d'affaires de la société. En 2001, Argos
dans sa globalité a réalisé pour
près de 4,5 milliards d'euros de ventes. Sur
ce total, les ventes en ligne prennent de l'ampleur
et feraient pâlir le meilleur des marchands français.
Au mois de mai dernier, Argos a révélé
qu'il avait plus que doublé son chiffre d'affaires
en ligne d'une année sur l'autre. Entre mars
2001 et mars 2002, ce sont 260 millions d'euros de chiffre
d'affaires qui ont été réalisés
via le Web, soit 3 % de ses ventes. Sur la même
période en 2001, Argos n'avait enregistré
"que" 124 millions d'euros.
En terme d'audience, le
groupe Argos se positionne juste derrière le
numéro un du e-commerce, Tesco.com. En combinant
Argos.co.uk et Jungle.com, son deuxième site
spécialisé dans les produits high-tech,
ce sont plus de 1,7 million de visiteurs uniques qui
ont consulté le marchand. A titre de comparaison,
Tesco surclasse Argos d'une courte tête avec 1,8
million de visiteurs uniques.
La grande différence
avec Tesco réside dans la livraison. Là
où le cybermarcé a opté pour un
système évolué de picking dans les stocks de ses magasins,
Argos se base sur ses entrepôts. Son expérience
dans la vente multicanal, donc pour partie à
distance, lui avait déjà permis d'éprouver
toutes les difficultés de la périlleuse
question de la gestion logistique et de la livraison.
Tout comme La Redoute, la commande en ligne ne lui a
donc pas posé plus de difficultés qu'un
achat par téléphone ou courrier.
A côté
de cela, Argos propose une alternative à ses
internautes : le service "click & collect"
permet la réservation en ligne de produits puis
l'enlèvement et le paiement de sa commande dans
son magasin de son choix. Cette option s'inscrit parfaitement
dans la stratégie du groupe qui propose déjà
depuis longtemps des magasins "Call & Collect",
c'est-à-dire des magasins où les gens
commandent par téléphone et se déplacent
pour aller chercher leurs produits. Ceux-ci peuvent
être mis à disposition dans les 24 heures.
La reproduction en ligne de ce service rencontre un
franc succès car il ne dépayse pas les
clients de leurs habitudes, seul le canal diffère :
ils utilisent le web au lieu du téléphone.
Derrière
Argos, les bides du groupe GUS
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Depuis 1998, Argos
est une filiale du groupe britannique GUS (Great
Universal Store) qui détient par ailleurs
la marque de prêt-à-porter anglaise Burberry
et le spécialiste du crédit Experian.
ARG, Argos Retail Group, représente à
lui seul 73 % des revenus de GUS. Le groupe
Great Universal Store avait créé
une entité spécifique, baptisée
Gusco.com,
destinée
à réaliser des investissements
sur Internet mais qui n'a pas eu la même
réussite qu'Argos.co.uk.
Aucune des activités
en ligne de Gusco.com n'a remporté de
véritable succès. L'expérience
FAI s'est soldée par un lourd échec.
Au printemps 2001, trois mois après son
rachat par Gusco, le fournisseur d'accès
Breathe.com fermait ses portes. Par ailleurs,
Gusco a fondé une joint-venture avec
le programme de fidélisation américain
MyPoints pour lancer MyPoints Europe, sans succès.
Enfin, Gusco a lancé une activité
américaine centrée sur le crédit
(CreditExpert.com) et qui a finalement intégré
les activités d'Experian outre-Atlantique.
Sur l'ensemble de l'année 2001, Gusco
a affiché des pertes opérationnelles
d'un montant de 15,4 millions d'euros pour seulement
2 millions de chiffre d'affaires.
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