Directrice musique et vidéo
chez Amazon France depuis cet été, Emmanuelle
Drouet était auparavant directrice générale
France chez Iglu.com, tour opérateur britannique spécialisé
dans les séjours à la montagne. Cette expérience
professionnelle lui a donné une vision de l'Internet
des deux côtés de la Manche. Elle pointe
aujourd'hui les différences et les similitudes
des deux marchés.
Comment
expliquez-vous la maturité du marché e-business britannique
par rapport à la France ?
Emmanuelle
Drouet. C'est vrai que le marché anglais
est plus avancé en terme de volume d'internautes
et d'acheteurs en ligne et la France est à peu
près deux ans en arrière. Elle est au
niveau de l'Angleterre en année 2000. En France,
une des explications est qu'avec le Minitel, nous étions
très en avance il y a dix ans mais que ça
a freiné le développement de l'Internet.
Contrairement aux Anglais, les gens ont eu un peu de
mal à s'habituer au modèle économique
de l'Internet qui était complètement différent
de celui du Minitel. Mais la France comble petit à
petit son retard par rapport aux marchés anglais
et allemand.
Dans
quels secteurs cette avance est-elle la plus manifeste
?
J'identifie
deux grands secteurs e-business qui se sont bien développés
en Angleterre mais restent en retrait en France, j'en
identifie deux : les services bancaires (toutes
les grandes banques ont leurs services en ligne et des
pure players comme Egg sont un modèle de réussite)
et les services d'assurance (tout ce qui est broker
et comparatifs au niveau des assurances).
Quelles
sont les leçons qu'il serait bon d'appliquer en France...
et les erreurs à ne pas rééditer ?
Que
ce soit en France ou en Angleterre, les principes à
respecter sont les mêmes : sur Internet,
il faut vraiment être très réactif
et la moindre erreur ne pardonne pas. Il faut aussi
assurer une qualité de service : c'est ça
qui prime sur le reste et c'est là-dessus que
l'on gagne ou perd des clients. Les sociétés
qui ont mis l'accent dès le départ sur
la qualité de la livraison sont celles qui réussissent
le mieux aujourd'hui. Dans ce domaine, je ne pense pas
qu'il y ait de différences d'un pays à
l'autre, c'est plutôt une question de sociétés
et de dirigeants qui ont axé ou non la stratégie
là dessus.
|