L'Internet
japonais, qu'il soit fixe ou mobile, avance au galop.
En quelques mois, des mouvements de plusieurs millions
de nouveaux abonnés peuvent voir le jour. Des
migrations technologiques subites qui se font au rythme
du Shinkansen, le TGV japonais. Dans un tel contexte,
le tableau de bord de l'Internet japonais n'est qu'une
photographie prise à un instant T. Au fil des
mois, les chiffres évoluent, sans cesse.
Pour
prendre cette "photographie", commençons par
le marché de l'Internet fixe. Selon Nielsen//NetRatings,
le Japon compte 60,5 millions d'internautes sur une
population totale de 127 millions d'habitants. Parmi
eux, près de 27 millions sont des internautes
actifs au cours des trente derniers jours, dont 11,3
millions sur le haut débit.
D'après
Impress, plus de 60 % des foyers japonais sont
désormais équipés d'une connexion
Internet. Un chiffre en constante évolution :
d'une année sur l'autre, la
population internaute japonaise connaît une croissance
annuelle de 142 %...
La
pratique de l'Internet au Japon
(en millions - source Nielsen//NetRatings,
janvier 2003)
|
Nombre
d'internautes actifs à domicile |
26,7
|
Nombre
d'internautes actifs au travail |
8,3
|
Nombre
d'internautes actifs en haut débit |
11,3
|
Nombre
d'internautes actifs en bas débit |
15,3
|
Nombre
de connexions par mois |
21
|
Temps
de connexion par mois |
11h44
|
Du
"haut débit" au "très haut
débit"
Au
sein de cette population, selon le ministère des Télécommunications,
8,88 millions de japonais étaient connectés fin février
sur Internet via un accès à haut débit, c'est-à-dire
par ADSL, par câble ou par FTTH (Fiber To The Home,
fibre optique). Le Japon est seul pays au monde qui
exploite commercialement de l'accès par fibre
optique pour le grand public.
Car
au Japon, la notion de haut débit est très
éloignée des offres proposées en
Europe ou aux Etats-Unis. Pour les
Japonais, le haut débit démarre à
1 Mbps. La plupart des fournisseurs d'accès japonais
proposent des connexions ADSL de 1,5 Mbps, 8 Mbps, 12
Mbps et 100 Mbps dans le cas de la FTTH. Même
principe pour l'accès par câble dont les
offres peuvent atteindre une vitesse de 30
Mbps.
Japon
: le nombre d'abonnés à l'Internet
fixe
(en millions -
source ministère des Télécommunications,
février 2003)
|
RTC |
20,6
|
ADSL |
6,5
|
Câble |
2,0
|
FTTH
(fibre optique) |
0,26
|
Total |
29,36
|
Ce goût prononcé
pour le haut débit se traduit par un fort taux
de pénétration du "broadband".
Au total, sur les 29,4 millions d'abonnés Internet
que compte le Japon, 29,8 % disposent aujourd'hui
d'un accès haut débit.
La
grande bataille de l'ADSL
Sur le marché de
l'accès haut débit trône un acteur
créé de toutes briques en septembre 2001
par Yahoo et par le groupe financier Softbank. Il s'agit
de Yahoo BB (pour BroadBand). Une offre ADSL qui compte
pas moins de 2,36 millions d'abonnés (fin mars) et qui
s'est offert le luxe de dépasser l'opérateur
historique NTT.
Mais
la plus grande caractéristique du marché japonais
de l'accès reste, sans nul doute, l'omniprésence
des grands groupes de la high-tech en tant que FAI.
Tous les grands noms de l'informatique et de l'électronique,
mondialement connus, sont aujourd'hui présents sur ce
marché : Sony (avec la marque So-net), Matsushita
Electric (Panasonic hi-ho), Fujitsu (Nifty), NEC (Biglobe)
ou encore Mitsubishi Electric (DTI, Dream Train Internet).
Ces FAI sont les plus connus et les plus populaires
auprès des Japonais. Le premier d'entre eux est Nifty.
Le FAI détenu par Fujitsu affiche plus
de 5 millions d'abonnés.
A
leurs côtés, figurent des acteurs plus
"conventionnels" pour le regard européen,
à savoir des FAI issus des opérateurs télécoms.
On y trouve KDDI (avec l'offre Dion), Japan Telecom
(ODN), NTT Com (OCN) et Internet Initiative Japan (IIJ).
Le
classement des FAI ADSL
(en millions - source Nikkei Market Access,
septembre 2002)
|
1 |
Yahoo
BB |
1,00
|
2 |
OCN
(NTT Com) |
0,59
|
3 |
Plala
Networks (filiale de NTT East) |
0,37
|
- |
&Nifty
(Fujitsu) |
0,37
|
5 |
So-net
(Sony) |
0,30
|
Dans
ce contexte, le marché japonais de l'accès
reste largement dominé par les acteurs locaux.
La place pour les FAI étrangers y est des plus étroites.
Seul AOL Japan, dont NTT DoCoMo détient une part importante
du capital, est connu et a réussi à se
forger une certaine popularité dans l'Archipel.
Quand
l'Internet se fait mobile
Les
spécificités du marché Internet
japonais ne s'arrêtent pas là. Au phénomène
du haut débit s'ajoute une autre "vague",
celle de l'Internet mobile. Selon la Telecommunications
Carriers Association (TCA), le Japon dénombrait
fin mars 75,6 millions d'abonnés à un service de téléphonie
mobile, soit 59 % de la population japonaise.
Parmi
eux, 62,5 millions sont abonnés à un service Internet
mobile comme i-mode, EZweb ou J-Sky. L'i-mode, développé
par NTT DoCoMo, domine largement ce marché avec près
de 60 % des abonnés. Le reste se partage entre
EZweb (offre mobile du groupe KDDI, le deuxième opérateur
mobile du pays) et J-Sky de J-Phone.
Les
abonnés du marché mobile japonais
(source Telecommunications Carriers Association,
mars 2003)
|
Opérateur |
Nombre
total d'abonnés
|
Part
de marché
|
Service
Internet mobile |
Nombre
d'abonnés Internet mobile
|
Part
de marché Internet mobile
|
NTT
DoCoMo |
44,0
millions
|
58 %
|
i-mode |
37,7
millions
|
60 %
|
KDDI |
17,7
millions
|
23 %
|
EZweb |
12,5
millions
|
19,7 %
|
J-Phone |
13,9
millions
|
18 %
|
J-Sky |
12,1
millions
|
19,3 %
|
Total |
75,7
millions
|
--
|
-- |
60,94
millions
|
--
|
Ce
marché de l'Internet mobile traverse aujourd'hui
une période charnière. La première
génération de services, arrivée
à saturation commerciale, cède peu à
peu sa place aux offres 3G. Lancée pour la première
fois par NTT DoCoMo, sous la marque Foma en octobre
2001, la 3G commence à décoller après des débuts difficiles.
Ce réseau, qui permet d'accéder à Internet sur son mobile
avec un débit de 384 Kbps, comptait 330 000 abonnés
fin mars.
Vive
les terminaux locaux
Tout
comme pour le marché de l'accès, le marché
du terminal mobile japonais est largement dominé par
les industriels locaux. Seul Nokia enregistre une petite
part de marché, devenue au fil du temps minime.
Japon
: les ventes de terminaux mobiles au troisième
trimestre 2002
|
Constructeur |
Unités
vendues
(en milliers)
|
Part
de marché
|
NEC |
1 864,6
|
19,0 %
|
Panasonic |
1 722,4
|
17,5 %
|
Sharp |
1 415,5
|
14,4 %
|
Mitsubishi
Electric |
909,3
|
9,2 %
|
Autres |
3 076,7
|
31,3 %
|
Total |
9 834,0
|
--
|
Pour
les consommateurs japonais, le choix d'un terminal est
avant tout basé sur la notoriété de la marque. Or, curieusement,
les marques des constructeurs n'apparaissent que de
matière très discrète sur les terminaux.
Seules une ou deux lettres, placées dans le nom
du terminal, permettent d'identifier la marque ("N"
pour NEC, "P" pour Panasonic, "SH" pour Sharp...).
Car
les terminaux dépendent avant tout du bon vouloir
des opérateurs mobiles. Ces derniers subventionnent
largement les terminaux et en déterminent toutes les
spécifications. Conséquence directe : un
téléphone J-Phone ne fonctionne pas sur le réseau de
NTT DoCoMo. Dans ces conditions, le terminal - et
ses capacités - devient une arme commerciale
à part entière.
|