Pour
les observateurs extérieurs, le fort développement
de l'Internet mobile au Japon tend à masquer
les autres secteurs d'activité du Web. Et pourtant,
l'e-commerce est depuis longtemps une réalité
économique dans l'Archipel. Selon
une étude réalisée par le ministère de l'Economie et
de l'Industrie (METI), en collaboration avec l'Electronic
Commerce Promotion Council of Japan (ECom), le marché
Internet du BtoC serait passé entre 1998 et 2001
de 0,5 à 11,6 milliards d'euros.
Cette
montée en puissance ne se limite pas au seul
commerce en ligne grand public. Sur le segment du BtoB,
l'évolution est également constante depuis
plus de quatre années. Le marché du e-commerce
interprofessionnel auarit atteint en 2001 les 265,6
milliards d'euros.
Evolution
du marché japonais du commerce en ligne
(en milliards d'euros - source Ecom, février
2002)
|
Segment |
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2006
(prév.)
|
BtoC |
0,5
|
2,6
|
6,4
|
11,6
|
127,0
|
BtoB |
67,2
|
96,0
|
168,6
|
265,6
|
987,6
|
Malgré
la mauvaise conjoncture économique japonaise, la progression
de la logique "e-business" se maintient dans
la plupart des secteurs d'activité du pays. Mais,
d'après les statistiques du ministère des Télécommunications,
l'introduction du e-commerce apparaît plus active
dans les secteurs où les marges de rationalisation sont
importantes.
La
finance, le secteur en pointe
C'est
le cas du secteur de la finance et de l'assurance :
13,7 % des entreprises installées sur ce
marché utilisent ou s'appuient, d'une manière
ou d'une autre, sur l'e-commerce pour leurs activités.
Un score supérieur de 3,7 points à la
moyenne nationale du taux de pénétration
de l'e-business en entreprise. Trois autres secteurs
tirent également leur épingle du jeu :
le commerce de détail (12,8 %), l'ensemble du secteur
tertiaire (11,9 %) et l'industrie (11,8 %).
Les
secteurs d'activité les plus adeptes du
e-commerce
(source ministère des Télécommunications,
2002)
|
- |
Secteur |
Part
des entreprises en prise avec l'e-commerce
|
1 |
Banque |
59,2 %
|
2 |
Service
de notation d'entreprises et de conseil |
31,6 %
|
3 |
Commerce
de détail |
28,0 %
|
4 |
Automobile
et concessionnaires |
27,5 %
|
5 |
Commerce
de gros |
23,7 %
|
Les
places de marché, très en vogue aux Etats-Unis
et en Europe, sont restées quant à elles
centrées dans le secteur de l'industrie informatique
et électronique. Mais la mise en branle du plan
gouvernemental e-Japan, chargé de favoriser l'essor
du marché BtoG (Business to Government) pour les appels
d'offres, devrait accélérer le déploiement
des places de marché dans les secteurs du BTP
et des services.
L'essor
du m-commerce
Côté
grand public, le commerce en ligne est devenu aujourd'hui
un canal de distribution reconnu par tous les acteurs
économiques du pays. Deux secteurs traditionnels
s'y imposent : l'automobile et l'immobilier. En
intégrant les demandes d'informations et les
prises de contact en ligne qui aboutissent sur un achat
(même offline), l'automobile et l'immobilier représenteraient
respectivement 23,4 % et 22,0 % des volumes
d'affaires du BtoC.
Les
sites les plus fréquentés au Japon
(source Nielsen//NetRatings, février 2003)
|
- |
Site |
Visiteurs
uniques (en
milliers)
|
Reach
|
1 |
Yahoo.co.jp |
19 592
|
74,25 %
|
2 |
Nifty.com |
11 807
|
44,74 %
|
3 |
Microsoft.com |
10 732
|
40,67 %
|
4 |
Biglobe.ne.jp |
10 696
|
40,53 %
|
5 |
Geocities.co.jp |
9 810
|
37,18 %
|
6 |
Infoseek.co.jp |
9 593
|
36,35 %
|
7 |
Ocn.ne.jp |
8 612
|
32,64 %
|
8 |
Msn.co.jp |
8 352
|
31,65 %
|
9 |
Msn.com |
7 935
|
30,07 %
|
10 |
Rakuten.co.jp |
7 127
|
27,01 %
|
Mais
le marché "pur" du commerce en ligne
grand public est dominé par un autre secteur,
celui du contenu numérique (musique, vidéo,
sonneries, logos...). Un secteur qui, ne necessitant
pas de logistique et de stockage de marchandises, séduit
bon nombre d'acteurs de l'Internet.
Cet
essor du contenu numérique est surtout porté
par le marché du m-commerce (mobile commerce).
Tout comme en Europe, le m-business est largement dominé
par les contenus de personnalisation des terminaux,
tels le téléchargement de sonneries ou les fonds d'écran.
En 2001, le marché du m-commerce a dépassé
le milliard d'euros. 71 % du volume d'affaires
étaient réalisés à partir
des contenus divertissants et 10 % grâce
aux offres de voyages.
D'ici
2006, le secteur de la vente de services (billetterie,
voyages, divertissements...) pourrait représenter 64 %
des transactions sur mobile. A cet horizon, le marché
total du m-commerce devrait atteindre les 24,7 millions
d'euros. De quoi faire réfléchir les opérateurs
européens et américains.
Le
cas Rakuten
|
Comme
dans la plupart des secteurs d'activité,
l'e-commerce japonais fait la part belle aux acteurs
locaux. Après le retrait d'eBay du Japon en février
2002, seul Amazon.com continue de se maintenir
dans l'Archipel grâce à sa réputation mondiale.
Parmi
les sites marchands locaux, la plus belle réussite
revient sans nul doute à Rakuten-ichiba,
la première galerie marchande en ligne. Fondé
en 1997 par Mikitani Hiroshi (devenu le deuxième
contribuable du Japon en 2001), Rakuten s'est
aujourd'hui imposé comme la référence du
e-commerce japonais grâce à ses nombreuses petites
boutiques regroupées dans sa galerie marchande.
Chacune
de ces petites boutiques est tenue par un acteur
différent. Les produits et services proposés
dans cette galerie virtuelle sont de toutes sortes.
On y trouve aussi bien des articles de mode, des
spécialités régionales, des offres immobilières
que de l'assurance. Ces deux dernières
années, Rakuten a accueilli 2 000
nouvelles boutiques sur son portail. Aujourd'hui,
la galerie compte plus de 10 300 partenaires
et réalise un chiffre d'affaires annuel
de 186 millions d'euros.
Pour
s'imposer, Rakuten a choisi de casser les prix
sur le référencement des e-commerçants désireux
de s'installer dans sa galerie marchande. Le site
a abaissé à 387 euros par mois son
ticket d'entrée. Un tarif dix à
vingt fois moins cher que les offres des autres
galeries virtuelles. Autre coup marketing :
Rakuten
ne capte aucune commission sur le chiffre d'affaires
réalisé par ses partenaires. Au
contraire, le portail les assiste en leur proposant
des services
de mailing publicitaire ou des applications simplifiées
de back-office.
Afin
de poursuivre son expansion, Rakuten envisage
de construire des offres thématiques. La
société planche ainsi sur un portail
centré sur les offres de voyages (Rakuten
Travel) et sur une place de marché dédiée
à l'emploi (Rakuten Business).
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