Grâce
au succès du service Internet mobile de NTT DoCoMo,
l'i-mode, le Japon s'est imposé comme le pays
des technologies mobiles. Fin mars, 62,5 millions de
japonais étaient abonnés à l'un des trois services Internet
mobile proposés sur le marché. Fait unique au monde,
la moitié de la population d'un pays se connecte au
Web depuis son téléphone portable.
Le
marché japonais de l'Internet mobile est toujours largement
dominé par NTT DoCoMo et son service i-mode. Ce service
comptait 37,7 millions d'abonnés fin mars, soit plus
de 60 % de part de marché. Le reste des abonnés
Internet mobile se partage entre EZweb de KDDI (12,5
millions) et J-Sky de J-Phone (12,2 millions). S'ajoutent
à cette population de "surfeurs mobiles",
13,1 millions d'abonnés classiques au téléphone
portable. Autrement dit, 80 % des 75,6 millions
d'abonnés mobiles japonais disposent de l'Internet
nomade.
Dans
ces conditions, on l'imagine aisément, le téléphone
mobile est devenu un élément incontournable
de la vie quotidienne des Japonais. Ce goût pour
la communication mobile n'est pourtant pas nouveau dans
l'Archipel. Au milieu des années 90, les "pagers"
inondaient déjà le pays. Une déferlante
que les opérateurs mobiles vont saisir au rebond
en s'appuyant sur un constat : l'accès à
l'Internet fixe coûte très cher.
Avant
l'i-mode, le "pager"
Offrir
un service de communication mobile, disposant d'une
ouverture sur le Web et sur l'e-mail, s'impose dès
lors comme le nouveau concept nomade. En
février 1999, NTT DoCoMo, la filiale mobile de
l'opérateur historique, lance l'i-mode. Il sera
suivi en avril 1999 par KDDI puis, en décembre
de la même année, par J-Phone.
Quand
le téléphone mobile
devient un consommable...
(Jap'Presse)
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Le
lancement de l'i-mode par NTT DoCoMo sera mené
tambour battant. L'opérateur s'appuie sur une
vaste campagne publicitaire, qui met en avant l'une
des jeunes actrices les plus populaires au Japon, Hirosué
Ryoko (qui est à l'affiche du film français
Wasabi). Slogan de cette campagne : "L'Internet
mobile, c'est facile 'accès pour tout le monde".
Un
message volontairement pédagogique et universel
dont s'inspirera Bouygues Télécom pour
son propre lancement i-mode en France ("L'Internet
de poche, ça marche et c'est accessible à
tous"). Car la formule NTT DoCoMo a fait ses preuves :
six ois après sa commercialisation, l'i-mode
a déjà convaincu un million d'abonnés.
A
chacun son Internet mobile
Face
à ce succès populaire de NTT DoCoMo, les
deux autres opérateurs japonais vont tenter de
distinguer leur propre offre d'Internet mobile. KDDI
va ainsi miser sur les jeunes en proposant des réductions
spéciales pour les étudiants. Dans le
même temps, le deuxième opérateur mobile nippon
va se forger une image volontairement technophile afin
de séduire la population masculine.
KDDI
a choisi de développer son offre d'Internet mobile
sur le standard CDMA (Code Division Multiple Access).
Ce
protocole, développé par l'équipementier américain Qualcomm,
permet d'améliorer la qualité du son et surtout de multiplexer
les signaux voix et données. Cet avantage technologique
permettra à KDDI d'enchaîner les nouveautés
commerciales comme le téléchargement de séquences vidéo
(EZmovie) ou la localisation par satellite (EZnavigation).
J-Phone,
le troisième opérateur mobile japonais, devenu une filiale
de Vodafone en 2001, a choisi pour sa part de s'adresser
à la clientèle féminine, tout en
explorant le marché du divertissement. Une opération
menée en deux temps. Pour le lancement de son
offre J-Sky, J-Phone va déployer une campagne
de communication autour de Fujiwara Norika, une actrice
très populaire au Japon parmi les femmes.
La
vague du camera-phone
En
parallèle, en novembre 2000, l'opérateur
lance un nouveau service qui permet, grâce à
un camera-phone, d'expédier des photos par e-mail
mobile. Le service va végéter pendant
une dizaine de mois avant d'être baptisé
Sha-mail en juin 2001 à grand renfort de communication
(Sha-shin signifie photo en japonais). Sha-mail va dès
lors connaître un énorme succès.
Par la suite, J-Phone creusera encore la voie du diverstissement
en étant le premier opérateur à
intégrer le Java sur ses terminaux afin de développer
le concept du jeu mobile.
Pour
les trois opérateurs mobiles japonais, cette
course à l'extension des services et des fonctionnalités
ne s'est depuis jamais arrêtée. En avril
dernier, NTT DoCoMo a présenté ses terminaux
i-mode 2G. Ces nouveaux téléphones disposent
d'un objectif photo d'une précision de 1 megapixels,
acceptent le format Flash et sont équipés
d'un port pour carte mémoire et d'un port infra rouge.
KDDI planche de son côté sur un téléphone
multi-usage, capable de servir de porte-monnaie, de
carte de crédit, de clé ou encore de billet
de concert.
Autant
d'innovations que les opérateurs mobiles du monde
entier observent avec la plus grande attention. L'essor
du SMS et du MMS aux quatre coins de la planète
a permis au marché des télécoms
de comprendre une chose : le succès de l'Internet
mobile n'est en rien spécifiquement japonais.
Il est même exportable. La communication sans
fil est un marché universel.
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