Exclusif : ALittleMarket va fermer ALittleEpicerie

Exclusif : ALittleMarket va fermer ALittleEpicerie Plutôt que de développer la maîtrise logistique nécessaire sur le segment de l'alimentaire, la start-up préfère miser sur le potentiel de ses deux autres sites.

ALittleMarket, marketplace d'objets faits main lancée en 2009 sur le modèle de l'Américain Esty (qui l'a racheté cette année), s'était diversifiée en ouvrant ALittleMercerie en 2011 puis, il y a un peu plus d'un an, ALittleEpicerie. L'idée des fondateurs Nicolas Cohen, Nicolas d'Audiffret et Loïc Duvernay : appliquer aux producteurs alimentaires locaux le modèle qui marchait si bien pour les créateurs. "Comme les créateurs, les petits producteurs peinent à trouver des débouchés sur un marché déséquilibré, dans leur cas par la grande distribution, souligne Nicolas Cohen. D'où l'idée de leur offrir la même solution de mise en relation directe avec les consommateurs. Sauf que les résultats n'ont pas été au rendez-vous." La plateforme a eu beau séduire un millier de ces producteurs locaux, les ventes n'ont jamais décollé.

"La logistique n'est pas notre métier, nous avons trop à faire par ailleurs"

La fermeture d'ALittleEpicerie était initialement prévue pour le 17 décembre. Les clients d'ALittleMarket se risquent en effet moins à commander après cette date-là, car ils entrent dans la "zone rouge" des incertitudes sur la livraison avant Noël. Mais comme les achats alimentaires des fêtes de fin d'année s'étalent jusqu'au Nouvel An, ce ne sera finalement qu'à partir du 2 ou 3 janvier qu'on ne pourra plus acheter sur ALittleEpicerie. "Le site restera en ligne le temps que les dernières commandes soient expédiées, puis sera débranché courant janvier", précise Nicolas Cohen.

Pourquoi le modèle d'ALittleMarket n'a-t-il pas fonctionné sur l'alimentaire ? "Nous nous sommes rendu compte que l'épicerie posait des défis logistiques bien plus complexes que l'expédition d'un article de mode ou d'un sachet de perles", explique Nicolas Cohen. Sur l'épicerie sèche, expédier à l'unité des foies gras, conserves ou bouteilles de vin n'était pas intéressant pour les producteurs. Et sur les produits frais, qui constituent le gros du marché, les solutions de La Poste ou des points de retrait ne sont pas appropriées. "Nous voyons bien maintenant ce qu'il faudrait faire : maîtriser la logistique en installant des hubs où les producteurs déposeraient leurs produits et en prenant un sous-traitant pour le stockage et l'expédition. Mais ce n'est pas notre métier. D'autres comme LaRucheQuiDitOui le font très bien et nous avons déjà beaucoup à faire sur ALittleMarket et ALittleMercerie, dont la croissance est supérieure à 50% et dont le potentiel reste énorme."

Une feuille de route particulièrement riche

En effet, si ALittleMarket compte pas moins de 100 000 boutiques de créateurs aujourd'hui, la plateforme continue d'en ouvrir une centaine tous les jours. Les 40 collaborateurs que compte la société ne resteront donc pas les bras croisés. Leur premier grand chantier réside dans le mobile. "Nous observons un mouvement de trafic important vers le mobile, précise Nicolas Cohen. Mieux nous y adapter est presque une course contre la montre." Doté d'une application iOS et d'un site mobile non responsive, ALittleMarket travaille actuellement sur une nouvelle version de l'appli iOS, sur des applis Android et iPad ainsi que sur un site en responsive.

Mobile, international, système d'information et expérience utilisateur

Il est également prévu de moderniser la charte graphique de la plateforme et de mieux adapter le fonctionnement d'ALittleMercerie à son segment. "Nous avons fait un copier-coller d'ALittleMarket, mais les modes de consommation ne sont pas les mêmes, remarque Nicolas Cohen. Si vous achetez une pelote de laine, c'est que vous tricotez et en aurez sans doute besoin d'autres. Tandis que si vous nous achetez un collier cela sera peut-être le seul dans l'année. Nous voulons donc mieux prendre en compte la récurrence des achats et par ailleurs améliorer nos algorithmes de recherche."
La société compte également continuer à se développer en Italie, où ALittleMarket a ouvert il y a un an et demi. Satisfaite du nombre de créateurs recrutés, elle entend désormais s'adresser davantage aux cyberacheteurs en améliorant l'expérience utilisateur et en insistant sur les éléments de réassurance, très importants sur ce marché moins mature que la France.

Enfin, un chantier invisible pour les clients mais fondamental pour l'entreprise va arriver à son terme en tout début d'année : le basculement du framework vers Symfony2. "Cela améliorera la sécurité du site, la scalabilité du code et cela nous permettra de mettre en place des tests unitaires, se réjouit Nicolas Cohen. Nous allons beaucoup gagner en fiabilité et en réactivité. Jusqu'à notre rachat par Etsy en juin 2014, nous étions une start-up. En upgradant notre système d'information et en bénéficiant des bonnes pratiques d'Etsy, qui nous apporte de judicieux conseils sans jamais nous les imposer, nous passons à la vitesse supérieure." D'ici peu, ALittleMarket sera équipé pour tourner à plein régime pendant plusieurs années.

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